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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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s’était refait une virginité…
    Gilles se pencha un peu plus et ses lèvres touchèrent celles de la jeune fille. Elles étaient fraîches et elles sentaient la pomme. Un instant, il les sentit vivre, répondre à son baiser, se livrer. Mais quand il voulut refermer ses bras sur la mince silhouette, il eut soudain l’impression d’embrasser un buisson d’épines. Gunilla se débattit comme un chat sauvage, s’arracha de lui et, à toute volée, lui appliqua une gifle retentissante.
    — Goujat ! cria-t-elle. Pour qui me prenez-vous ? Je ne suis pas votre Indienne, moi ! Et pas davantage un pis-aller…
    Elle avait frappé de toutes ses forces. La joue brûlante, Gilles esquissa un geste vers elle mais elle avait déjà quitté la tente et courait dans la neige comme un lapin poursuivi. Gilles haussa les épaules.
    — Dommage ! marmotta-t-il, faussement désinvolte. En réalité il était furieux et, pour se calmer, s’en alla finir la nuit chez sa fermière rousse qui s’épuisa à satisfaire un amant qu’elle n’avait jamais connu aussi grincheux.
    Détestant s’avouer vaincu, Gilles essaya de revoir Gunilla mais n’y réussit pas. Quand, par hasard, au village il apercevait la jeune fille, elle s’enfuyait du plus loin qu’elle pouvait le voir… et le pot de confitures n’eut pas de second.
    D’ailleurs, il l’oublia bientôt. Le mois de janvier fut affreux. Il y eut des révoltes dans les troupes de Pennsylvanie. Les soldats mal vêtus, mal nourris et pas payés du tout se rebellèrent par groupes. Washington alors frappa. Il y eut de terribles punitions, des hommes fouettés jusqu’au sang à l’issue des mutineries. Jour après jour, le front du Général en chef s’assombrissait…
    Il y eut pourtant une bonne nouvelle : Sagoyewatha avait pris le sentier de la guerre contre son ancien allié Cornplanter. Les clans se dévoraient entre eux pour une femme et les traces sanglantes qui rougissaient la neige, au sud du lac Ontario et dans la vallée du Mohawk n’étaient pas seulement dues au gibier abattu ou aux loups exterminés. Washington et les rares tribus indiennes qui n’avaient pas pris parti pour les Anglais comme les Cakawangas purent respirer : les Nations Iroquoises avaient mieux à faire qu’à s’occuper d’eux… Ce qui n’empêchait pas Gilles, dévoré par l’envie de tremper son épée dans le sang de l’homme choisi par Sitapanoki, d’harceler ses chefs pour obtenir de chausser les raquettes comme Tim et d’aller, avec lui, « observer » les combats indiens. Mais toujours la permission lui était refusée.
    — Vous êtes au service des États-Unis, lui dit le colonel Hamilton, pas à celui de vos haines personnelles.
    Peut-être eût-il passé outre à la défense si La Fayette, revenant un soir de Philadelphie où il charmait ses loisirs forcés en faisant peindre son portrait, à la demande de Washington, par le peintre Charles Peale, en rapporta une navrante nouvelle : le traître Arnold avait repris la campagne en Virginie. Avec les troupes anglaises il ravageait et brûlait tout ce qui lui tombait sous les griffes sans que l’armée très affaiblie du général Greene, qui avait remplacé Gates dans le Sud, réussisse à l’en empêcher car il imposait là-bas, à ses anciens amis, la forme de combat qui jusqu’à présent leur avait permis de réaliser des miracles : la guérilla de coups de main et d’embuscades. Greene demandait de l’aide, d’autant plus qu’il devait descendre en Caroline pour tenter d’y arrêter Cornwallis.
    La Fayette fut invité à gagner la Virginie sans plus attendre et, le 20 février, il se mettait en route avec 1 200 hommes pour gagner Hampton, sur la rive de la Chesapeake. Le chevalier Destouches devait le rejoindre avec quelques navires pour lui faire franchir l’estuaire immense. Le lieutenant Goëlo partit avec lui, heureux pour la première fois depuis bien longtemps : à défaut de Cornplanter, Arnold était exactement le gibier qu’il lui convenait de chasser.
    La Fayette, pour sa part, n’était qu’à moitié satisfait : certes il était heureux de courir sus au traître mais il craignait par-dessus tout que la grande bataille du printemps qui aurait New York très certainement comme objectif ne se déroulât sans lui. Il fallut que Washington lui jurât de le rappeler à temps pour qu’il consentît à se dérider. Mais il devint presque joyeux quand l’un de ses plus chers amis vint

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