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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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fourneau sur lequel une grande bassine de groseilles mijotait doucement. Elle gisait entre l’écumoire poissée de sucre qui avait échappé de sa main et une lourde poêle à frire qui avait dû servir à l’assommer.
    En dehors de cela, une chaise renversée, une tasse qui achevait de répandre son thé sur la table, une trace de main qui avait raflé quelque chose sur le sucre blanc échappé d’un plat, tout cela disait qu’il s’était passé un petit drame. Mais du jeune Indien point et de Tim pas davantage ! Quant à Rosa, elle brillait par son absence.
    Gilles commença par relever la jeune fille, l’installa dans le grand fauteuil à bascule placé près de la fenêtre et après s’être assuré qu’elle ne présentait aucune blessure, se mit en devoir de la ranimer à l’aide d’un torchon trempé dans un seau d’eau et manié sans trop de douceur.
    En quelques secondes, le traitement vigoureux produisit son effet. Martha ouvrit de grands yeux bleu porcelaine, poussa deux ou trois soupirs et porta une main incertaine vers sa tempe qui bleuissait à vue d’œil. Elle laissa errer sur Gilles qui lui tapait dans les mains un regard incertain.
    — Que m’est-il arrivé ? demanda-t-elle du ton languissant qui convient d’ordinaire à pareille situation.
    — Voilà justement ce que je voudrais savoir. Où est Rosa ? Où sont Tim et l’Indien ?
    Ce dernier mot fut, apparemment, un trait de lumière pour Martha Carpenter. Rétablie comme par miracle, elle vira au rouge brique, bondit sur ses pieds et se mit à parcourir sa cuisine en désordre en poussant des clameurs indignées au milieu desquelles le jeune homme eut quelque peine à démêler ce qui s’était passé.
    Il finit par comprendre qu’à son arrivée avec le jeune Indien celui-ci était si calme, que Tim l’avait déficelé, non sans lui enlever les armes qu’il maniait déjà si bien. Puis il demanda à Martha de lui donner à manger.
    — Je n’étais pas trop contente, s’écria celle-ci, car je trouvais que ce jeune Indien avait mauvaise façon et mauvais regard. Mais Tim y tenait et lui aussi avait faim. Je leur ai servi du bœuf en saumure bouilli, des beignets et de la mousse au sirop d’érable. Dieu me pardonne ! Il fallait voir comme il dévorait, ce jeune sauvage. En même temps, il parlait, de temps en temps, dans sa langue barbare…
    — Il répondait aux questions de Tim ?
    — Oui et sans perdre un coup de dent. Par mon balai, j’aurais dû lui donner de la mort aux rats… Quand il a été bien repu, il a eu l’air de s’endormir alors Tim m’a demandé la permission de l’installer sur des couvertures dans l’appentis tandis qu’il irait lui-même récupérer le canoë que vous avez caché. J’ai dit oui, bien sûr. Tim l’a emporté là-bas, il a fermé la porte à clef et il a mis la clef dans sa poche et moi je me suis mise à mes confitures de groseilles. Rosa est au verger où elle cueille des pêches. J’étais en train de les écumer quand j’ai reçu un grand coup sur la tête… et puis je ne sais plus rien. Mais ça ne peut être que cette petite brute qui m’a fait ça. Il me semble que j’ai une cloche à la place du crâne. Est-ce que vous ne pourriez pas me passer…
    — Excusez-moi, Miss Martha, mais maintenant que vous voilà réveillée il faudra vous soigner vous-même ! Où est l’appentis ?
    — Derrière la maison, à main droite…
    Il était déjà dehors. Un coup d’œil lui suffit pour s’assurer que, si la porte, fermée à clef par Tim était toujours dans le même état, en revanche l’étroite lucarne percée dans le mur à hauteur d’homme béait largement, son cadre de bois treillagé arraché. Le gamin ne devait pas avoir autant sommeil que Tim et Martha l’avaient imaginé et il avait dû trouver un outil à l’intérieur du petit bâtiment pour se livrer à ce travail de menuiserie. Par acquit de conscience, Gilles jeta un coup d’œil à l’intérieur en se hissant à la force du poignet et vit qu’en effet l’appentis était vide. L’Indien avait pris la clef des champs.
    « Ce n’est pourtant pas large, cette ouverture », marmotta-t-il pour lui-même. « C’est une vraie couleuvre que ce moutard. »
    En tout cas, il lui fallait retrouver cette couleuvre le plus vite possible, et Tim aussi par-dessus le marché puisque Rochambeau les attendait. Il hésita un instant sur ce qu’il convenait de faire. Le mieux était peut-être

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