Le grand voyage
qui
jonchaient le sable du rivage.
Il en ramassa une et l’examina. Les quatre épines de la graine
étaient disposées de telle manière qu’un piquant s’enfonçait dans le sol
pendant que les trois autres pointaient en l’air. Perplexe, il jeta la graine
qu’Ayla ramassa avec quelques autres.
— Il faut prendre garde de ne pas poser le pied dessus,
expliqua-t-elle en réponse à son air interrogateur, mais elles sont
comestibles. Une fois sur la terre ferme, Ayla aperçut, à l’ombre près du
rivage, une grande plante familière aux feuilles bleu-vert, et elle se mit à la
recherche de feuilles larges pour se protéger les mains. Il fallait prendre des
précautions pour cueillir les orties brûlantes, mais une fois cuites, elles
étaient délicieuses. Au ras du rivage, poussait de l’oseille aquatique dont
Ayla décida qu’elle ferait cuire les feuilles, qui atteignaient près d’un
mètre. A proximité, il y avait également des pas-d’âne, et plusieurs sortes de
fougères aux racines succulentes. Vraiment, la nourriture abondait dans le
delta.
Au large, Ayla remarqua une île couverte de grands roseaux et
entourée de massettes. Décidément, il était dit que les massettes
constitueraient leur nourriture de base ! Elles proliféraient, et presque
tout y était comestible. Avec les vieilles racines, pilées pour séparer les fibres
de l’amidon, on obtenait de la pâte, ou on épaississait les soupes ; les
racines jeunes se mangeaient cuites ou crues, mélangées aux pédoncules des
fleurs, sans oublier le pollen avec lequel on pouvait aussi confectionner une
sorte de pain. Et tout cela était délicieux. A la floraison, les fleurs
groupées en touffe à l’extrémité des hautes tiges, leur donnant l’aspect d’une
queue de renard, avaient aussi beaucoup de goût.
Le reste de la plante était aussi très utile. Les feuilles
servaient à tisser des paniers ou des tapis, et le duvet des fleurs, après
libération des graines, fournissait une matière absorbante et un excellent
amadou. Grâce à ses pierres à feu, Ayla n’utilisait plus l’amadou, mais elle
savait que roulées dans les paumes, les tiges cotonneuses de l’année précédente
permettaient d’allumer du feu, ou servaient de combustible.
— Jondalar, prenons le bateau et allons faire un tour sur l’île
cueillir des massettes, proposa Ayla. Il y a aussi des tas d’autres bonnes
choses à manger dans la lagune. Tiens, les cosses et les racines des nénuphars,
par exemple ! Et les racines des roseaux ! Bien sûr, il faut plonger
pour les arracher, mais puisque nous sommes déjà mouillés, profitons-en !
Nous chargerons tout dans le bateau.
— Tu n’es jamais venue par ici, comment peux-tu savoir que
ces plantes sont comestibles ? s’étonna Jondalar en détachant le travois.
— Il y avait beaucoup d’endroits semblables près de notre
caverne, sur la péninsule. Ils n’étaient pas aussi étendus mais il y faisait
chaud en été, comme ici. Iza connaissait les plantes et savait où les trouver.
Les autres, c’est Nezzie qui m’en a parlé.
— J’ai l’impression que tu connais toutes les
plantes !
— Oh, j’en connais beaucoup, mais pas toutes. Surtout dans
cette région. J’aimerais tant que quelqu’un me conseille. Tiens, la femme sur l’île,
celle qui s’est enfuie alors qu’elle épluchait les racines. Elle aurait pu m’apprendre
beaucoup de choses. Quel dommage que nous n’ayons pu rester !
Sa déception n’était pas feinte, et Jondalar se rendait compte
qu’elle se languissait de ses semblables. La société des humains lui manquait
aussi, et il aurait bien voulu rester sur l’île.
Ils mirent le bateau à l’eau et embarquèrent. Le courant
semblait faible, mais ils n’en durent pas moins pagayer vigoureusement pour ne
pas se laisser entraîner en aval. Loin du rivage et de la vase que leurs ébats
avaient soulevée, l’eau était si limpide qu’ils pouvaient voir les poissons
agglutinés autour des plantes immergées, certains pointant fugitivement leur
tête hors de l’eau. En voyant leur taille, Ayla se promit d’en pêcher plus
tard.
Une concentration de nénuphars les arrêta, si dense qu’on ne
distinguait plus la surface de la lagune. Quand Ayla se glissa dans l’eau,
Jondalar éprouva d’énormes difficultés à maintenir le bateau en place, qui
avait tendance à tourner sur lui-même s’il essayait de pagayer. Mais Ayla
reprit bientôt pied et elle
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