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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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qu’un souvenir qui la hanterait jusqu’à son dernier jour, elle n’aurait
plus aucune chance de le revoir. Elle devait se décider. Elle croyait avoir
déjà fait ce choix, il y avait bien longtemps, et la vive douleur qu’elle
ressentait ne l’en surprenait que plus. Elle détourna la tête pour que Jondalar
ne vît pas ses larmes, et adressa un dernier salut muet à son fils bien-aimé.
Un immense chagrin l’envahit, un chagrin qui resterait pour toujours dans son
cœur comme une plaie amère, elle le savait.
    Ils tournèrent le dos à la mer et avancèrent dans la steppe
dont l’herbe leur arrivait à la taille, laissant aux chevaux le temps de se
reposer et de brouter. Le soleil était haut dans le ciel, il faisait chaud et
la grande île baignait dans la lumière. La chaleur montait du sol en vagues
miroitantes, embaumant l’air de l’arôme suave de la terre et des plantes.
Abrités sous leur chapeaux de paille, ils avançaient sur l’étroite bande de
terre dénuée d’arbres. L’eau qui s’évaporait des bras de rivière environnants
alourdissait l’air d’humidité, et la sueur perlait sur leur corps recouvert de
poussière. La rare brise marine était la bienvenue, brise intermittente
exhalant les riches senteurs des eaux profondes.
    Ayla s’arrêta pour dénouer la fronde qui ceignait son front, et elle
la glissa sous sa ceinture pour la protéger de l’humidité. Suivant l’exemple de
Jondalar, elle la remplaça par une bande de cuir souple nouée sur la nuque afin
d’absorber la sueur qui ruisselait sur son front.
    Elle reprit sa marche et vit une sauterelle d’un vert terne
sauter comme un ressort, et s’aplatir dans l’herbe, camouflée par sa couleur.
Elle en aperçut une autre, et encore une. Elles jaillissaient de partout, lui
rappelant le gigantesque essaim de criquets. Mais les sauterelles n’étaient qu’une
des multiples variétés d’insectes pullulant dans la steppe. Des papillons
dansaient parmi les épis de fétuques, fiers de leurs couleurs éclatantes, et un
inoffensif faux bourdon, semblable à l’abeille, virevoltait autour d’un bouton
d’or.
    Bien que l’herbe y fût plus courte, la prairie ressemblait aux
steppes arides, mais lorsqu’ils arrivèrent à l’extrémité de l’île, le paysage
marécageux de l’immense delta les frappa par son étrangeté. Au nord, au-delà de
la ligne broussailleuse dessinée par la rivière, ils apercevaient l’arrière-pays,
une prairie d’un vert pâle et doré. Mais au sud et à l’ouest, les marécages du
grand fleuve s’étendaient à perte de vue, et semblaient aussi consistants que
la terre ferme. Ce n’était que buissons de roseaux verts, ondulant au gré du
vent comme une mer houleuse, d’où surgissaient parfois quelques arbres jetant
une ombre fugitive sur la marée verte, et où des cours d’eau se frayaient un
chemin en zigzaguant.
    En descendant la colline à travers bois, Ayla identifia une
grande variété d’oiseaux, dont certains qu’elle n’avait jamais vus. Corneilles,
coucous, passereaux, tourterelles, chacun faisait entendre son cri distinctif.
Une hirondelle, pourchassée par un faucon, plongea soudain dans les roseaux.
Haut dans le ciel, des milans noirs et plus bas des busards guettaient les
poissons crevés ou mourants. Fauvettes et gobe-mouches voletaient d’arbre en
fourré, alors que de minuscules bécasseaux, des rouges-queues et des
pies-grièches sautaient de branche en branche. Des mouettes planaient, portées
par les vents, bougeant à peine une plume, et de lourds pélicans au vol
majestueux déployaient leurs grandes ailes puissantes.
    Ayla et Jondalar débouchèrent sur la rivière, près d’un massif
de saules marseaux [2] où une colonie mixte d’oiseaux des marais avaient élu domicile : hérons
bihoreaux, aigrettes, hérons pourprés, cormorans, et ibis falcinelles [3] ,
tous nichaient ensemble. D’une branche à l’autre du même arbre, on trouvait les
nids d’espèces différentes, certains abritant plusieurs œufs ou oisillons. Les
oiseaux semblaient aussi indifférents aux humains qu’à leurs voisins, mais l’endroit
qui bourdonnait d’une activité incessante était bien trop irrésistible pour que
le jeune louveteau l’ignore.
    Il s’approcha furtivement, mais la pléthore de possibilités
troubla ses intentions. Il se décida enfin, et se rua vers un petit arbuste.
Des cris stridents et des battements d’ailes l’accueillirent et les plus
proches

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