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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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fût d’une grâce surprenante.
    Jondalar, d’un coup de coude, lui désigna une bande de pélicans
qui nageaient en avançant lentement de front. Ayla regarda leur étrange ballet
et lui sourit. Obéissant à un mystérieux signal, les pélicans soigneusement
alignés plongeaient la tête et la ressortaient en chœur, l’eau dégoulinant de
leur long bec. Certains, mais pas tous, avaient réussi à attraper un poisson.
Ils n’en continuaient pas moins à plonger avec une synchronisation parfaite.
    D’autres jeunes pélicans d’une espèce un peu différente, et déjà
presque adultes, nichaient à l’écart de la colonie, mêlés à toutes sortes d’oiseaux
aquatiques qui couvaient ou élevaient leurs poussins : cormorans, grèbes,
nettes rousses, fuligules nyrocas [4] ,
et autres canards. Le marécage grouillait d’oiseaux, nourris par des myriades
de poissons.
    Une abondance exubérante et débridée régnait dans le delta tout
entier. La richesse de la vie s’étalait sans honte, naturelle, intacte,
gouvernée par sa seule loi et soumise à son unique volonté. Et du néant d’où
Elle avait surgi, la Grande Terre Mère se plaisait à créer et à maintenir la
vie dans toute sa diversité prolifique. Mais, pillée par un dominateur avide,
ses ressources violées, détruite par une pollution incontrôlée, souillée par l’abus
et la corruption, Son pouvoir créateur et Sa capacité nourricière risqueraient
d’être anéantis.
    Ayla s’arracha à la contemplation des pélicans et se mit à
ramasser des massettes, objets premiers de leur visite sur l’île. Leur récolte
terminée, ils firent le tour des roseaux flottants en canot. Lorsqu’ils
aperçurent enfin la terre ferme, ils se rendirent compte que leur camp s’était
rapproché. Dès qu’il les vit, Loup leur adressa de longs hurlements de
détresse. De retour de son expédition, il avait suivi leurs traces et avait
facilement retrouvé le campement, mais en ne les voyant pas, il avait pris
peur.
    La jeune femme siffla pour le rassurer. Il courut jusqu’à la
berge, tendit le cou et hurla encore une fois. Ensuite, il renifla le sol en
quête de leurs odeurs, se mit à courir de long en large et finit par plonger et
nager vers le canot. Il allait les rejoindre quand il fit un écart pour se
diriger vers la masse de roseaux qu’il prit pour une île.
    Comme Jondalar et Ayla avant lui, il essaya d’aborder le rivage
inexistant, mais ne put que patauger au milieu des roseaux à la recherche de la
terre ferme. Dépité, il revint au canot. Jondalar et Ayla eurent toutes les
peines du monde à hisser à bord l’animal ruisselant, qui, une fois dans le
canot, transporté de joie, sauta sur Ayla et lui lécha la figure pour lui
témoigner son soulagement. Il fit ensuite de même avec Jondalar. Une fois
calmé, il se campa au milieu de l’embarcation et poussa un long hurlement de
reconnaissance.
    A leur grande surprise, un loup, puis deux, lui répondirent. Et
ils furent bientôt submergés par des hurlements, très proches cette fois-ci.
Nus dans leur canot, Ayla et Jondalar se regardèrent, tremblants en constatant
avec effarement que l’écho des loups ne provenait pas de la terre, mais de la
trompeuse île flottante !
    — Non, c’est impossible que des loups habitent l’île !
s’exclama Jondalar. Ce n’est même pas une île, d’ailleurs. Il n’y a pas de
terre, ni même le moindre banc de sable.
    Et si ce n’était pas des loups ? songea-t-il. Si c’était...
si c’était... Qu’est-ce que ça peut bien être ?...
    Ayla étudia attentivement les roseaux, à l’endroit d’où avait
surgi le dernier hurlement, et elle surprit un éclair de fourrure et deux yeux
jaunes qui la fixaient. Un léger mouvement lui fit lever la tête, et elle
aperçut, perché dans un arbre et à moitié caché par la végétation, un loup qui
les surveillait la langue pendante.
    Pourtant, les loups ne grimpent pas aux arbres ! Du moins n’en
avait-elle jamais vu, et elle connaissait bien leurs habitudes. Elle attira l’attention
de Jondalar qui regarda le loup, interloqué. On aurait dit un vrai loup, mais
comment était-il arrivé là ?
    — Jondalar, allons-nous-en ! implora-t-elle. Je n’aime
pas cette île qui n’en est pas une, ni ces loups qui grimpent aux arbres et
vivent sur une terre qui n’existe pas.
    Jondalar était aussi peu rassuré qu’elle et ils se mirent à
pagayer avec la dernière énergie. Lorsqu’ils

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