Le grand voyage
qui me les a données, poursuivit le garçon.
Elle en ramassait avec Jondalar quand je les ai rencontrés.
Jondalar, qui observait Darvalo, pensa soudain à la mère du
jeune garçon. Le départ inattendu de Serenio l’avait déçu. D’une certaine
façon, il l’avait vraiment aimée, et il se rendait compte combien il avait
espéré la revoir. Attendait-elle un enfant lorsqu’elle était partie ?
Était-ce un enfant de son esprit ? Il demanderait à Roshario. Elle
saurait, elle.
— Portons les mûres à Roshario, décida Dolando en adressant
un signe de remerciement à Ayla. Cela lui fera plaisir. Accompagne-nous,
Jondalar. Je crois qu’elle est réveillée et elle sera contente de te voir.
Viens avec Ayla, je suis sûre qu’elle aimera faire sa connaissance. C’est
pénible pour elle de ne pas pouvoir bouger. Elle qui est si active et toujours
la première à accueillir les visiteurs.
Jondalar traduisit à Ayla qui accepta de bonne grâce. Ils
laissèrent les chevaux paître dans le pré, mais Ayla ordonna à Loup de la
suivre. Les Sharamudoï n’avaient pas peur des chevaux, bien que leur présence
les étonnât, mais elle voyait bien que le carnassier les mettait mal à l’aise.
Le loup était un chasseur dangereux et redouté.
— Jondalar, il vaudrait mieux que Loup reste auprès de moi
pour l’instant. Demande à Dolando s’il accepte qu’il m’accompagne. Dis-lui bien
que Loup a l’habitude d’entrer dans les abris.
Jondalar traduisit la demande d’Ayla, bien que Dolando fût
familiarisé avec le mamutoï. D’ailleurs, Ayla aurait juré à son infime réaction
qu’il avait déjà compris sa question. Elle le nota pour l’avenir.
Ils se dirigèrent vers le surplomb de grès, dépassèrent un foyer
central qui servait certainement de lieu de rencontre, et arrivèrent devant une
construction en bois qui ressemblait à une tente. Intéressée, Ayla en étudia l’architecture.
Une poutre de faîte plantée en terre sur l’arrière était soutenue par une
perche à l’avant. Des planches de chêne pointues à la base et taillées dans la
hauteur d’un immense chêne s’appuyaient sur la poutre. Elles étaient courtes à
l’arrière, et de plus en plus longues en allant vers l’avant. De plus près,
Ayla remarqua que les planches étaient liées entre elles par des brins de saule
enfilés dans des trous percés à cet effet.
Dolando écarta un rideau de cuir souple, et le maintint pendant
que chacun entrait. Il l’attacha ensuite pour laisser le jour éclairer l’intérieur
de la hutte. Par endroits, la lumière filtrait, mais des peaux de bête
tapissaient les murs pour protéger des courants d’air, bien que la niche
creusée dans la montagne fût déjà abritée du vent. Près de l’entrée, on avait
aménagé un petit foyer, et une planche plus courte que les autres formait un
orifice dans le plafond pour l’évacuation de la fumée. Il n’y avait pas de
rabat, mais c’était inutile puisque la saillie de grès protégeait l’habitation
de la neige et de la pluie. Dans le fond de la hutte, une large plate-forme en
bois était fixée au mur et soutenue par des pieds. Rembourrée de cuir et de
fourrure, elle servait de lit. Dans la semi-obscurité, Ayla distinguait à peine
la femme qui y reposait.
Darvalo s’assit près du lit.
— Tiens, Roshario, voilà les mûres que je t’avais promises,
déclara-t-il en présentant le chapeau. Ce n’est pas moi qui les ai cueillies, c’est
Ayla.
La femme ouvrit les yeux. Elle ne dormait pas, essayant
seulement de trouver un moment de repos. On ne l’avait pas prévenue de l’arrivée
des visiteurs et elle n’avait pas saisi le nom que Darvalo avait prononcé.
— Qui les a cueillies, dis-tu ? articula-t-elle d’une
voix faible. Dolando se pencha au-dessus de la couche et posa sa main sur le
front de la femme.
— Roshario, regarde qui est là ! Jondalar est de
retour, dit-il.
— Jondalar ! s’exclama la blessée en regardant l’homme
qui s’était agenouillé à côté de Darvalo.
Jondalar pâlit en voyant la souffrance tordre le visage de
Roshario.
— Jondalar, c’est vraiment toi ? Parfois, je crois
voir mon fils, ou Jetamio, et je m’aperçois ensuite que ce n’est qu’un rêve.
Est-ce bien toi, Jondalar, ou est-ce encore une autre vision ?
— Mais non, Rosh, je t’assure que c’est lui, intervint
Dolando. Et il a amené quelqu’un avec lui. Une femme mamutoï. Elle s’appelle
Ayla,
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