Le grand voyage
planches. Quand j’aurai terminé, j’aimerais que tu
les polisses, Dolando, pour ôter toutes les échardes. Frotte-les avec ce
morceau de grès, dit-elle en ramassant une pierre friable qu’elle avait repérée
près du feu. Ah, oui, j’ai aussi besoin de peaux souples. Tu en as ?
— Tout le monde connaît la qualité de notre cuir, Ayla,
répondit le chef avec un sourire un peu dur. Nous le fabriquons avec des peaux
de chamois et personne ne prépare le cuir aussi bien que les Shamudoï.
Jondalar assistait, fasciné, au dialogue entre Ayla et Dolando.
Chacun parlait dans un charabia approximatif, mais ils se comprenaient fort
bien. Ayla savait que Dolando connaissait des rudiments de mamutoï, et elle
avait déjà assimilé quelques bribes de sharamudoï. Sinon d’où aurait-elle tenu
ces mots « planche » et « grès » ?
— J’irai t’en chercher après avoir parlé avec Roshario,
promit Dolando.
Ils s’approchèrent du lit de la blessée. Jondalar et Dolando lui
expliquèrent qu’Ayla voyageait avec un loup – ils évitèrent de
mentionner les chevaux pour l’instant – et lui transmirent son désir
de le garder auprès d’elle.
— Le loup lui obéit totalement, précisa Dolando. Il ne
mordra personne.
Pour la deuxième fois, Jondalar lui jeta un regard étonné. La
confiance qui s’était instaurée entre Ayla et Dolando dépassait ce qu’il avait
imaginé.
Roshario accepta sans hésitation. Bien que d’un naturel curieux,
elle ne sembla pas surprise que le pouvoir de la jeune femme s’étendît à la
maîtrise d’un loup. Au contraire, cela la rassurait. A l’évidence, Jondalar
avait amené une shamud d’une grande puissance et qui savait qu’elle avait
besoin d’aide, tout comme leur vieux shamud avait su que le frère de Jondalar
avait besoin d’aide lorsqu’un rhinocéros l’avait encorné. Elle ignorait comment
Ceux Qui Servent la Mère devinaient ces choses-là, mais c’était un fait, et
elle s’en contentait.
Ayla sortit appeler Loup.
— Il s’appelle Loup, dit-elle simplement à Roshario.
Étrangement, celle-ci crut lire de la compassion dans le regard
de la superbe créature sauvage. Comme si le loup comprenait sa souffrance et sa
vulnérabilité. Il posa d’abord une patte sur le rebord du lit. Puis, couchant
les oreilles, il avança son museau, sans manifester la moindre menace, et lui
lécha le visage en couinant comme si la souffrance de Roshario le peinait. Ayla
se rappela aussitôt le curieux lien qui s’était établi entre Rydag, l’enfant
malade, et le louveteau. Cette amitié lui avait-elle appris à comprendre les
souffrances des humains ?
Le geste amical de Loup surprit tout le monde. Roshario,
troublée, pensa qu’elle venait d’assister à un miracle, présageant forcément
une issue heureuse.
— Oh, merci, Loup, murmura-t-elle en lui flattant la tête
de son bras valide.
Ayla mesura les planches au bras de Roshario, et les tendit
ensuite à Dolando en lui indiquant la taille dont elle avait besoin. Après son
départ, elle fit asseoir Loup dans un coin de la cabane. Elle vérifia la
chaleur des pierres et, satisfaite, en ôta une du feu à l’aide de bouts de
bois. Jondalar lui apporta alors un outil conçu spécialement pour cet usage,
une sorte de pince en bois assez souple pour saisir les pierres et il lui
montra comment s’en servir. Tout en déposant les pierres brûlantes dans la
boîte en bois pour faire bouillir le datura, Ayla examina le curieux récipient.
Elle n’avait jamais rien vu de pareil. La boîte était constituée
d’une seule planche à laquelle on avait imprimé une forme carrée. On avait
taillé une rainure qui courait sur trois faces, et le quatrième coin était fixé
par des chevilles. Une fois la forme définitive obtenue, on avait creusé une
fente sur un des côtés par laquelle on avait introduit le socle en le faisant
glisser dans la rainure. L’extérieur était gravé, et un couvercle muni d’une
poignée fermait la boîte.
Impressionnée par les nombreux objets en bois qu’elle découvrait
pour la première fois, Ayla était impatiente d’assister à leur fabrication.
Dolando reparut alors, chargé de peaux d’une couleur jaunâtre.
— Cela suffira-t-il ? demanda-t-il en les lui tendant.
— Oh, mais elles sont bien trop belles ! s’exclama
Ayla. Il me faut des peaux souples et absorbantes, mais je ne veux pas vous
gâcher vos meilleures productions.
La réaction
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