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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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tout le corps, les bras, les
épaules, prolongement d’un rythme intérieur dont le sens échappait à Roshario.
Mais elle ne doutait pas que le mystérieux manège d’Ayla fût nécessaire à l’accomplissement
de son devoir de shamud et c’était tout ce qui lui importait. La jeune
étrangère avait accès à des connaissances inconnues du commun des mortels et le
mystère qui entourait sa danse renforçait encore sa crédibilité.
    Ayla ramassa le bol et s’agenouilla près du lit. Elle vérifia
encore une fois la température du liquide, et adressa un sourire à Roshario.
    — Puisse notre Grande Mère à Tous veiller sur toi,
Roshario, déclara Ayla avant de soulever la tête de la blessée pour lui permettre
de boire plus confortablement.
    Elle porta le bol aux lèvres de Roshario. La potion amère et
fétide arracha une grimace à la malheureuse, mais Ayla l’encouragea jusqu’à ce
qu’elle eût avalé la dernière goutte. Ayla reposa ensuite avec douceur la tête
de Roshario et la rassura d’un sourire pendant qu’elle guettait les premiers
signes de l’action anesthésique du breuvage.
    — Préviens-moi quand le sommeil te gagnera, dit Ayla.
    Cela ne ferait que confirmer les symptômes qu’elle notait
déjà : dilatation des pupilles, respiration plus lourde.
    La guérisseuse ne pouvait pas deviner qu’elle venait d’administrer
une drogue qui inhibait le système nerveux parasympathique [11] et paralysait les terminaisons nerveuses, mais elle pouvait en déceler les
effets, et elle avait assez d’expérience pour en connaître l’intensité. Lorsqu’elle
remarqua que les paupières de Roshario s’alourdissaient, elle tâta sa poitrine
et son estomac pour vérifier l’état de relaxation des muscles de l’appareil
digestif, et surveiller la respiration de la blessée pour étudier la réaction
de ses poumons et de ses bronches. Après s’être assurée que Roshario dormait
confortablement, et que sa vie n’était pas en danger, Ayla se releva.
    — Dolando, je préférerais que tu nous laisses, à présent.
Jondalar m’assistera, déclara-t-elle d’une voix douce mais ferme, avec une
assurance qui lui conférait une autorité renforcée par la compétence de chacun
de ses gestes.
    L’Homme Qui Ordonne faillit objecter, mais il se souvint que
Shamud n’autorisait jamais les proches à rester pendant ses interventions, et
qu’il refusait de commencer avant que ceux-ci eussent quitté la pièce. Vaincu
par une exigence commune à tous les sorciers, Dolando jeta un dernier regard à
sa compagne endormie, et sortit.
    Jondalar avait déjà surpris Ayla dans des circonstances
analogues. Elle se concentrait uniquement sur sa tâche, vouée tout entière à la
personne blessée ou malade, inaccessible à tout le reste. Il ne lui venait pas
à l’idée de remettre en cause son devoir de Femme Qui Soigne lorsqu’un malade
requérait son aide, et n’acceptait pas davantage qu’on remît en cause son
autorité.
    — On ne peut pas regarder quelqu’un casser le bras de sa
compagne sans réagir, même si on sait qu’elle est endormie et qu’elle ne sent
rien, expliqua Ayla au géant blond qui l’aimait tant.
    Jondalar approuva, et se demanda si c’était pour cette raison
que Shamud ne l’avait pas autorisé à rester quand Thonolan avait été encorné.
La blessure de son frère, plaie béante et boursouflée, était affreuse et
Jondalar avait failli vomir en la voyant. Certes, il avait exigé d’assister à l’opération
de Shamud, mais il n’aurait sans doute pas eu le cran de regarder. D’ailleurs,
assister Ayla ne l’enthousiasmait pas, mais il n’y avait personne d’autre pour
le faire.
    — Que veux-tu que je fasse ? demanda-t-il d’une voix
mal assurée. Ayla examinait le bras de Roshario et vérifiait comment elle
réagissait à ses manipulations. Roshario marmonna des sons inintelligibles en
remuant la tête, mais son agitation semblait surtout due à des rêves plutôt qu’à
la douleur. Ayla palpa profondément la chair, pétrissant le muscle flasque à la
recherche de la position de l’os. Satisfaite de son examen, elle demanda à
Jondalar d’approcher et aperçut du coin de l’œil Loup qui la surveillait dans
son coin.
    — Je voudrais d’abord que tu maintiennes le bras au niveau
de l’épaule pendant que j’essaierai de le casser là où la fracture s’est
ressoudée, expliqua Ayla. Ensuite, il faudra que je tire sur l’os pour l’allonger
et

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