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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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qu’elle n’avait osé dire, et
rétorqua :
    — Non, ce ne sont pas des bêtes. Ce sont des humains, et
ils parlent. Ils utilisent peu de mots articulés, car leur langage est fait de
signes.
    — Ah, c’est donc ça que je t’ai vue faire avant de m’endormir ?
s’écria Roshario. Je croyais que c’était une sorte de danse.
    — Je m’adressais au monde des esprits, expliqua Ayla en
souriant. J’implorais l’aide de l’esprit de mon totem.
    — Pfft, le monde des esprits ! Parler avec ses
mains ! C’est absurde, oui ! cracha Dolando.
    — Dolando ! gronda Roshario, en lui prenant la main.
    — Ayla dit la vérité, Dolando, intervint Jondalar. Tous
ceux du Camp du Lion ont appris ce langage, et moi aussi. Ayla nous l’a
enseigné pour que nous puissions communiquer avec Rydag. Et j’avoue que tout le
monde a été surpris de constater que l’enfant pouvait parler, même s’il
prononçait mal les mots. Ils ont alors compris qu’ils n’avaient pas affaire à
un animal.
    — Tu parles de l’enfant que Nezzie avait adopté ?
    — L’espèce de monstre d’esprit mêlé que cette folle de
Mamutoï avait recueilli ? Un enfant, ça ? hurla Dolando en s’étouffant
de rage.
    Ayla sentit sa colère monter. Elle redressa fièrement la tête
pour riposter :
    — Rydag était un enfant. Il provenait peut-être d’esprits
mêlés, mais comment oses-tu blâmer un enfant pour ses origines ? Il n’a
pas choisi de naître comme ça. Ne dit-on pas que c’est la Mère qui choisit les
esprits ? Rydag était un enfant de la Mère comme n’importe qui d’entre
nous. De quel droit oses-tu le traiter de monstre ?
    Ayla défiait Dolando du regard. Tous les observaient, ébahis par
la colère d’Ayla, et attendaient avec curiosité la réaction de Dolando, qui n’était
pas le moins surpris.
    — Quant à Nezzie, elle n’est pas folle, reprit Ayla. C’est
une femme sensible et généreuse qui a adopté un orphelin en se moquant pas mal
de ce qu’on dirait. C’est une femme courageuse. Iza, celle qui m’a recueillie
malgré ma différence, quand j’étais seule au monde, était comme elle. Elle m’a
acceptée bien que je sois une Autre.
    — Les Têtes Plates ont tué l’enfant de mon foyer !
hurla Dolando.
    — Peut-être, mais ce n’est pas dans leurs habitudes. Le
Clan préfère éviter les Autres – c’est comme ça qu’ils nous
appellent... Je sais, Dolando, c’est dur de perdre un enfant, poursuivit Ayla
en regardant avec compassion l’homme dont la rancœur ne s’était jamais éteinte.
Mais laisse-moi te parler de quelqu’un que j’ai connu. C’est une femme que j’ai
rencontrée au Rassemblement du Clan, l’équivalent de la Réunion d’Été, sauf que
c’est moins fréquent. Elle collectait des fruits avec d’autres femmes quand des
Autres sont arrivés. L’un d’eux l’a attrapée, et l’a forcée à partager les
Plaisirs.
    La stupeur se lut sur de nombreux visages. Ayla abordait un
sujet qu’on préférait généralement éviter, mais que tous, sauf les plus jeunes,
connaissaient au, moins par ouï-dire. Certaines mères hésitèrent à éloigner
leurs enfants, mais tout le monde voulait rester pour connaître la suite.
    — Les femmes du Clan ont l’habitude de se plier aux
exigences des hommes, il n’est donc pas nécessaire de les forcer, mais l’homme
était impatient. Il n’attendit pas qu’elle ait posé son bébé. Il l’empoigna
avec une telle violence que le bébé tomba. L’homme ne s’en aperçut même pas.
Lorsqu’il autorisa enfin la femme à se relever, elle découvrit que son bébé
avait heurté une pierre en tombant. Il était mort.
    Certains ne purent retenir leurs larmes.
    — Oui, cela arrive parfois, renchérit Jondalar. J’ai
entendu parler de jeunes qui vivent loin vers l’ouest et qui pratiquent ces
jeux avec les Têtes Plates. Ils se mettent à plusieurs pour forcer une femme du
Clan.
    — Cela arrive par ici aussi, admit Chalono.
    Les femmes le dévisagèrent avec étonnement, alors que la plupart
des hommes évitaient de regarder dans sa direction. Pourtant, Rondo le
considérait avec mépris, comme s’il n’était qu’une ignoble vermine.
    — Mais tous les jeunes en parlent ! se justifia
Chalono. C’est vrai que ça ne se pratique plus beaucoup, surtout depuis ce qui
est arrivé à Doral...
    Il s’interrompit brusquement, jeta des regards furtifs à la
ronde, et baissa les yeux, honteux d’en

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