Le grand voyage
grès qu’on
avait creusé et façonné à coups de pierre.
— Les affaires de couchage sont là-bas, dit-il à Jondalar.
Il y a de la graisse pour la lampe dans la boîte près de la porte, mais il faut
que je rallume le feu, il s’est éteint.
— Je m’en occupe, proposa Ayla. Dis-moi où se trouvent l’amadou
et le petit bois.
Il lui remit les instruments qu’elle lui demandait, auxquels il
ajouta une baguette de bois dont une extrémité était noircie et un morceau de
bois plat que des brûlures avaient troué. Mais Ayla ne les utilisa pas et tira
à la place deux pierres de la bourse attachée à sa ceinture. Dolando l’observa
avec curiosité entasser des copeaux bien secs, et frotter les deux pierres l’une
contre l’autre. A sa grande surprise, une large étincelle jaillit et atterrit
sur l’amadou qui s’enfuma immédiatement. Ayla se pencha et souffla sur les
copeaux qui s’enflammèrent.
— Comment as-tu fait ? s’étonna Dolando, légèrement
inquiet. Tout ce qui était nouveau engendrait la peur, et Dolando se demandait
avec anxiété où s’arrêteraient les pouvoirs magiques de la femme shamud.
— C’est grâce à la pierre à feu, expliqua Ayla en rajoutant
des copeaux pour alimenter la flamme.
— Ayla l’a découverte quand elle habitait dans sa vallée,
intervint Jondalar. On en trouvait partout sur les berges rocailleuses, et j’en
ai ramassé beaucoup. Demain, je te montrerai comment s’en servir, et je t’en
donnerai une. Tu en trouveras peut-être dans la région. Comme tu l’as constaté,
le feu démarre beaucoup plus vite avec ces pierres.
— Où as-tu dit que je trouverais la graisse ? demanda
Ayla.
— Dans la boîte, près de l’entrée. Je vais la chercher, je
rapporterai aussi les mèches.
Il déposa un gros morceau de suif – de la graisse
fondue dans l’eau bouillante, et écumée après refroidissement – dans
le bol en grès, y enfonça une fibre de lichen torsadé qu’il alluma avec une
brindille enflammée. La mèche grésilla, et de l’huile coula dans le fond du
bol. L’huile, bientôt absorbée par le lichen, nourrit la flamme qui répandit
une lumière égale dans la hutte en bois.
Ayla fit chauffer des pierres dans le feu, et vérifia le niveau
d’eau dans le récipient en bois. Elle allait sortir le remplir quand Dolando le
lui prit des mains et s’en chargea. Pendant son absence, Jondalar et Ayla
installèrent leur paillasse sur une plate-forme. Ayla choisit ensuite des
sachets d’herbes séchées pour préparer une infusion apaisante, et dans un de
ses bols, elle versa d’autres ingrédients destinés à Roshario si elle se
réveillait. Peu après le retour de Dolando, l’infusion était prête, et elle en
versa un bol à chacun.
Ils s’assirent, et burent en silence le liquide chaud. Dolando
était soulagé. Il n’était pas d’humeur à faire la conversation. Pour Ayla, ce n’était
pas une question d’humeur. Elle ne savait tout simplement pas quoi, dire. N’eût
été la blessure de Roshario, elle ne serait certainement pas restée. La
perspective de passer la nuit dans la hutte d’un homme qui l’avait menacée n’avait
rien de réjouissant, et elle était reconnaissante à Jondalar d’avoir décidé de
rester avec elle. Jondalar attendait avec angoisse que quelqu’un parle le
premier. Mais comme personne ne s’y aventura, ils burent en silence, ce qui,
finalement, était la meilleure solution.
Avec un heureux à-propos, Roshario s’agita et gémit à l’instant
même où ils avaient terminé leur infusion. Ayla saisit la lampe et s’avança à
son chevet. Elle déplaça un vase tressé, rempli de giroflées à l’arôme épicé,
et posa la lampe sur le banc qui faisait office de table. Le bras de Roshario
était enflé et brûlant au toucher, même à travers le bandage serré. L’examen d’Ayla
et la lumière de la lampe réveillèrent la femme. Elle ouvrit un œil vitreux,
reconnut la guérisseuse, et esquissa un pauvre sourire pâle.
— Je suis contente que tu sois réveillée, dit Ayla. Il faut
que je desserre les bandages et les attelles. Tu t’agitais dans ton sommeil et
je préférerais que tu évites de bouger ton bras. Je vais changer ton emplâtre,
cela aidera ton bras à désenfler. Mais d’abord, laisse-moi te préparer quelque
chose contre la douleur. Je peux te laisser un instant ?
— Oui, fais ce que tu as à faire, Dolando restera auprès de
moi, assura Roshario en
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