Le grand voyage
guère.
— Non, je n’ai pas besoin de toi pour l’instant. Mais d’ici
un jour ou deux, il me faudra des bandes d’écorce fraîche. Si tu passes devant
un bouleau de bonne taille, essaie de te souvenir où tu l’as vu pour m’y
emmener plus tard. J’aurai besoin de l’écorce pour maintenir son bras, précisa
Ayla en fixant les attelles.
— Pourquoi voulais-tu me faire remuer les doigts,
Ayla ?
— Eh bien, je voulais simplement vérifier l’état de ton
bras. Avec un peu de chance, tu pourras bientôt t’en servir comme si de rien n’était...
ou presque.
— Voilà une excellente nouvelle, lança Dolando.
Il venait d’entrer. Darvalo l’aidait à porter le séchoir, et l’Homme
Qui Ordonne avait entendu le diagnostic d’Ayla.
— Ça conviendra ? lui demanda-t-il.
— Oui, merci de l’avoir rentré. Certaines plantes doivent
sécher à l’abri de la lumière.
— Carolio me charge de vous prévenir que votre repas est
prêt, déclara le jeune garçon. Elle aimerait savoir si vous préférez manger
dehors. Il fait tellement beau.
— Oh oui, j’aimerais bien... enfin, si tu penses que c’est
raisonnable dit Roshario en interrogeant Ayla.
— Attends que je t’aie remis la bandoulière et tu pourras
marcher, à condition que Dolando te soutienne.
Pour une fois, un large sourire éclaira le visage du chef
taciturne des Shamudoï.
— Si personne n’y voit d’inconvénient, j’aimerais bien
aller nager avant de manger, reprit Ayla.
— Un bateau, ça ? s’exclama Markeno en aidant
Jondalar à appuyer la chose ronde recouverte de peau contre le mur, à côté des
longues perches. Comment fais-tu pour le gouverner ?
— Ah, ce n’est pas aussi facile qu’avec les vôtres, mais
nous l’utilisons surtout pour traverser les cours d’eau et les pagaies sont
largement suffisantes. Et puis, nous amarrons le bateau aux perches et Whinney
nous tire. C’est plus facile, expliqua Jondalar.
De l’autre côté du pré, Ayla étrillait Whinney sous le regard de
Rapide. Elle avait soigné auparavant les yeux des deux chevaux, et maintenant
qu’ils bénéficiaient d’un climat plus frais, que les moucherons avaient
disparu, leur état s’améliorait de jour en jour.
— Ce qui me surprend le plus, ce sont les chevaux, dit
Markeno. Jamais je n’aurais imaginé qu’ils acceptent la compagnie des humains.
Ceux-là ont même l’air de l’apprécier. Pourtant, au début, j’avoue que c’est le
loup qui m’a sidéré.
— Oui, mais tu t’y es habitué. Ayla le garde toujours près
d’elle parce qu’elle pensait qu’il effraierait les gens davantage que les
chevaux.
Ils aperçurent Tholie avec Shamio, et Loup gambadant autour d’elle,
aller rejoindre Ayla.
— Shamio est folle de lui. Regarde-la, dit Markeno. Je
devrais être inquiet, ce monstre n’en ferait qu’une bouchée. Mais, non, il n’est
pas menaçant, il joue avec elle.
— Les chevaux aussi aiment jouer, mais le plus agréable, c’est
de les chevaucher. Tu devrais essayer ! Évidemment, par ici, ça manque d’espace
pour galoper.
— Tant pis ! Je crois que je m’en tiendrai aux
promenades en bateau, dit Markeno. Tiens, voilà Carlono ! ajouta-il en
voyant une tête apparaître au bord de la falaise. Eh bien, Ayla va pouvoir
faire un tour en bateau.
Ils se retrouvèrent tous à hauteur des chevaux, et repartirent
ensemble à l’endroit où le petit cours d’eau se déversait de la falaise dans la
Grande Rivière Mère.
— Crois-tu vraiment qu’elle doive descendre le long de la
falaise ? demanda Jondalar. C’est tellement haut, et ça peut faire peur.
Moi-même je ne suis pas très à l’aise, j’ai perdu l’habitude.
— C’est toi qui voulais qu’elle fasse un tour dans un vrai
bateau, Jondalar. Et elle a peut-être envie de voir notre ponton.
— Oh, ce n’est pas si difficile ! protesta Tholie. On
se tient à la corde et il y a des prises où poser les pieds. Je vais lui
montrer.
— Elle n’est pas obligée de descendre la falaise de cette
façon, intervint Carlono. On peut utiliser le panier. Rappelle-toi, Jondalar, c’est
comme ça qu’on vous avait hissés, ton frère et toi, la première fois.
— Oui, je crois que cela vaut mieux, approuva Jondalar.
— Descends avec moi, nous leur enverrons le panier.
Ayla avait tendu l’oreille tout en contemplant le fleuve, en
bas. Elle examina le sentier précaire qu’on utilisait – celui-là
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