Le grand voyage
dans les montagnes que nous venons de franchir. Un de ces
jours, nous devrons abandonner le bateau et les perches. Mais alors, nous
aurons besoin de paniers qui ne se détrempent pas dès que les chevaux se
mettent à l’eau. Crois-tu pouvoir fabriquer cela ?
Ayla sembla perplexe.
— C’est vrai, ils prennent l’eau facilement, concéda-t-elle
en fronçant les sourcils. Lorsque je les ai tressés, je n’avais que des petites
rivières à traverser. Mais je me souviens qu’au début, je n’utilisais pas de
paniers de charge. La première fois que j’ai voulu faire porter quelque chose à
Whinney, j’ai fabriqué un grand panier peu profond. Je pourrais peut-être en
construire de semblables. Bien sûr, si nous ne montions pas les chevaux, ce
serait plus simple...
Les yeux fermés, elle essayait de visualiser son projet.
— Ah, attends... Si je pouvais fabriquer des paniers qu’on
puisse remonter sur leur dos quand ils nagent, au lieu de les laisser pendre
sur leurs flancs... Non, nous ne pourrions plus rester aussi, à moins que... il
faudrait que je tresse des paniers que les chevaux puissent transporter sur
leur croupe, derrière nous... Oui, je crois que je peux y arriver.
Ils cueillirent des roseaux et des feuilles de massette, des
rejets d’osier, de longues et fines racines d’épicéa, et tous les matériaux qu’Ayla
put trouver pour tresser des paniers ou des cordages. Toute la journée,
Jondalar et Ayla travaillèrent à des modèles qu’ils essayèrent sur le dos de
Whinney. Vers la fin de l’après-midi, ils avaient réalisé une sorte de
porte-paniers suffisamment grand pour contenir l’attirail d’Ayla, et que
Whinney porterait sur sa croupe. Ils en firent immédiatement un autre pour
Rapide, en beaucoup moins de temps, car ils en maîtrisaient déjà la technique.
Vers le soir, le vent nordit et balaya avec force les nuages
vers le sud. A la nuit, le ciel était complètement dégagé, mais il faisait
beaucoup plus froid. Ils envisageaient de partir à l’aube, et décidèrent de
faire l’inventaire des affaires à abandonner, les nouveaux porte-paniers étant
plus petits que leurs anciens paniers. Ils avaient essayé sans succès toutes
les solutions possibles, et ils durent avec regret s’alléger. Ils disposèrent
donc toutes leurs affaires par terre, afin de les trier.
— On n’a plus besoin de ça, dit Ayla en désignant le bloc d’ivoire
sur lequel Talut avait tracé la carte des premières étapes de leur voyage. Le
pays de Talut est loin derrière nous, reprit-elle avec une pointe de tristesse.
— Oui, tu as raison, admit Jondalar avec une grimace amère.
Pourtant, cela me chagrine de le jeter. Pourquoi ne pas le garder, ne serait-ce
que pour montrer le genre de carte que gravent les Mamutoï ? Et aussi en
souvenir de Talut.
— Bon, si tu as de la place, prends-le, consentit Ayla,
comprenant la nostalgie de son compagnon. Mais ce n’est pas un objet
indispensable. Jondalar examina l’étalage des affaires d’Ayla, et ramassa le
mystérieux paquet qu’il avait déjà remarqué.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il.
— Oh, rien. Une chose que j’ai faite l’hiver dernier,
répondit Ayla en rougissant.
Elle lui prit vivement le paquet des mains et l’enfouit sous une
pile d’affaires qu’elle rassemblait.
— Je laisse mes vêtements d’été. De toute façon, ils sont
usés et pleins de taches. D’ailleurs, je ne porterai que ceux d’hiver,
reprit-elle. Cela fera de la place.
Jondalar lui jeta un regard aigu, mais s’abstint de tout
commentaire.
Au matin, ils se réveillèrent dans le froid et une fine buée
sortait de leur bouche à chaque respiration. Ayla et Jondalar s’habillèrent à
la hâte, et emballèrent leur affaires, pressés de partir. Mais une fois dehors,
ils restèrent interdits.
Un fin manteau de givre avait transformé les collines
environnantes. Tout scintillait dans le soleil matinal avec une intensité
inhabituelle. En fondant, le givre libérait des particules d’eau qui formaient
autant de prismes reflétant chacun un morceau d’arc-en-ciel. Des éclats de lumière
dansaient, du rouge, du vert, du bleu à l’or à mesure que les voyageurs se
déplaçaient, recevant le spectre lumineux sous un angle à chaque fois
différent. La beauté des diamants éphémères du givre rappelait que la saison
chaude n’était qu’une touche de couleur passagère dans un univers régi par l’hiver,
et confirmaient
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