Le grand voyage
comme des stores.
Ils bouchèrent les trous avec les nattes qu’ils attachèrent avec
les longues feuilles filandreuses des massettes. Ils connurent quelques
difficultés avec deux fuites que même Jondalar, pourtant de haute taille, eut
du mal à atteindre. Ils renoncèrent à escalader le toit de crainte qu’il ne pût
supporter leur poids. Ils rentrèrent dans la cabane pour réfléchir, et
décidèrent de disposer des récipients sous les fuites pour récolter de l’eau
potable. Jondalar réussit ensuite à atteindre un des deux trous et décida de l’obstruer
de l’intérieur.
Après avoir fermé l’entrée avec la housse en peau de mammouth,
Ayla examina la pièce, éclairée par la seule lueur du feu. Ils étaient enfin à
l’abri de la pluie, dans un endroit sec et chaud, qui commençait toutefois à s’emplir
de vapeur à mesure que les vêtements séchaient. En outre, il n’y avait pas de
cheminée. Les anciens occupants laissaient la fumée s’échapper par les nombreux
jours des murs et du toit, ou par les portes souvent relevées à cause du climat
estival. Mais les chaumes s’étaient gonflés avec l’humidité, empêchant ainsi la
fumée de s’échapper facilement, et elle se condensa bientôt autour de la poutre
centrale du plafond.
Les chevaux s’adaptaient aux intempéries, mais Whinney et
Rapide, élevés parmi les humains, étaient habitués à partager leurs
habitations, même sombres et enfumées. Ils restèrent donc près de l’entrée, à
la place qu’Ayla leur avait désignée, à l’abri du déluge. Ayla déposa des
pierres dans le feu, et elle aida ensuite Jondalar à frictionner les animaux
pour que leur fourrure sèche plus vite.
Ils ouvrirent tous les paquets pour vérifier l’étendue des
dégâts, trouvèrent des vêtements secs qu’ils enfilèrent aussitôt, et s’assirent
près du feu pour boire une infusion chaude pendant que la soupe, préparée avec
les galettes pressées, cuisait lentement. Quand la fumée commença à envahir
tout le plafond, ils pratiquèrent au sommet des chaumes des trous qui servirent
de cheminée et laissèrent entrer un peu de lumière.
Comme c’était bon de se détendre ! Ils ne s’étaient pas
rendu compte à quel point ils étaient fatigués, et avant qu’il fasse nuit, ils
se glissèrent dans leurs fourrures de couchage encore légèrement humides.
Pourtant, Jondalar ne trouvait pas le sommeil. Les souvenirs de son dernier
affrontement avec la rivière pleine de traîtrise qu’on appelait la Sœur lui
revinrent en mémoire, et dans l’obscurité de la cabane il frémit de terreur à
la perspective de la dangereuse traversée qui les attendait, lui et la femme qu’il
aimait.
21
Ayla et Jondalar restèrent encore le lendemain dans le camp d’été
abandonné, et le jour d’après. Au petit matin du troisième jour, la pluie
tombait moins violemment. Dans l’après-midi, le soleil réussit enfin à percer
la grisaille monotone, et des nuages floconneux défilèrent bientôt dans le ciel
bleu. Un vent frais soufflait de timides rafales, tantôt dans une direction,
tantôt dans une autre, comme s’il hésitait avant de s’engager définitivement.
La plupart de leurs vêtements étaient secs, mais ils relevèrent
les extrémités de la cabane afin d’aérer leurs affaires et de laisser le vent
sécher les fourrures les plus épaisses. Certains cuirs s’étaient raidis et
auraient besoin d’être travaillés et étirés, bien que le simple usage pût les
assouplir, mais ils n’avaient souffert aucun autre dommage. On ne pouvait pas
en dire autant de leurs paniers tressés, déformés, effilochés et moisis.
Ramollis par l’eau, affaissés sous le poids de leur contenu, les fibres
déchirées, ils étaient tous percés.
Ayla décida d’en fabriquer de nouveaux, même si les matériaux
disponibles, brûlés par le soleil estival, n’étaient pas d’une extrême
robustesse. Elle fit part de sa décision à Jondalar qui souleva alors un autre
problème.
— De toute façon, je ne trouve pas ces paniers très
pratiques, déclara-t-il. Chaque fois que les chevaux doivent traverser une
rivière à la nage, les paniers se mouillent si on ne prend pas la peine de les
ôter. Avec le bateau et les chevaux, ça va encore tant que nous sommes en
plaine. Il y a surtout des steppes devant nous, c’est vrai, mais nous devrons
aussi traverser des bois et des terrains accidentés, et nous aurons les mêmes
difficultés que
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