Le grand voyage
attachés, l’air tranquille.
Arrivé au bord de l’eau, il hésita puis décida finalement de
descendre la rivière. Il inspecta la berge, fouillant les amas de bois morts et
de débris. Il trouva une quantité de cadavres d’animaux, vit autant de
carnassiers que de charognards, ailés ou quadrupèdes, faisant festin des
carcasses déposées par les eaux. Il vit même une bande de loups, mais aucun ne
ressemblait à celui d’Ayla.
Finalement, il fit demi-tour. Il pensa remonter un peu la Sœur,
mais commençait à douter du résultat de ses recherches. Il ne s’attendait pas
vraiment à retrouver le loup, et s’aperçut que cela l’attristait. Loup l’agaçait
souvent mais il s’était pris d’une réelle affection pour l’intelligent animal.
Loup lui manquerait sincèrement et Ayla serait inconsolable.
Il atteignit la rive caillouteuse où il avait trouvé Ayla,
marcha le long de la grève, hésitant à poursuivre, surtout que les eaux
montaient encore. Il décida de déplacer la tente un peu plus haut dès qu’Ayla
pourrait marcher. Inquiet pour sa compagne, il faillit retourner près d’elle
afin de s’assurer qu’elle n’avait besoin de rien, mais choisit malgré tout de
remonter la rivière un court instant. Ayla lui demanderait sûrement s’il l’avait
fait.
Il avançait en se frayant un chemin parmi un monceau de troncs
et de branchages, quand il aperçut la silhouette majestueuse d’un aigle
impérial planant au-dessus de lui. Il s’arrêta et admira le rapace. Soudain, il
le vit plier ses ailes et piquer comme une pierre vers la berge, puis remonter,
un gros souslik emprisonné dans ses serres.
Un peu plus haut, là où l’oiseau avait trouvé son repas, un bel
affluent, qui s’élargissait en une sorte de delta, ajoutait sa part aux eaux
tumultueuses de la Sœur. Il crut voir un objet familier sur la plage, et sourit
en le reconnaissant. C’était le bateau. Mais en regardant de plus près, il
fronça les sourcils et se mit à courir. A côté du bateau, Ayla était assise et
tenait la tête de Loup sur ses genoux. Un filet de sang s’écoulait d’une plaie
au-dessus de son œil gauche.
— Ayla ! Qu’est-ce que tu fais ici ? Comment
es-tu venue ? rugit-il, rongé d’inquiétude.
— Il vit, Jondalar, s’écria-t-elle, tremblant de froid et
sanglotant si fort qu’elle pouvait à peine articuler. Il est blessé, mais il
est vivant.
Après avoir sauté dans la rivière, Loup avait nagé vers Ayla,
mais en atteignant le travois, il s’était reposé en appuyant ses pattes sur les
perches attachées au bateau. Il se laissait traîner tranquillement quand le
nœud s’était dénoué, libérant perches et canoë qui commencèrent à donner
sérieusement de la bande. Ballotté par les flots, et alors qu’il était presque
arrivé sur l’autre rive, le canoë fut soudain projeté contre un lourd tronc d’arbre
flottant entre deux eaux. Emporté par son élan, il ricocha sur la plage de
sable, entraînant à moitié hors de l’eau une partie des perches sur lesquelles
Loup gisait de tout son long. Le choc l’avait étourdi, et rester à demi immergé
dans l’eau glacée lui faisait courir un danger encore plus grand. Même les
loups étaient sujets à l’hypothermie, et risquaient d’en mourir.
— Viens, Ayla, tu trembles de froid. Viens rentrons.
Pourquoi es-tu sortie ? Je t’avais dit que je le chercherais. Allez,
viens, je porterai Loup. Il souleva l’animal et aida Ayla à se relever.
Il comprit que le retour serait difficile. Ayla pouvait à peine
marcher et Loup, alourdi par sa fourrure imbibée d’eau, représentait une charge
trop importante. Jondalar ne pouvait pas porter Ayla et son loup, et il savait
que sa compagne l’empêcherait de laisser Loup, même s’il revenait le chercher
plus tard. Ah, s’il pouvait siffler les chevaux comme elle !... Mais
pourquoi ne pas essayer ? Il s’était exercé à siffler mais n’avait pas
encore eu l’occasion de vérifier si Rapide comprenait son signal. Quand Ayla
sifflait Whinney, l’étalon accourait toujours avec sa mère.
Que risquait-il ? Whinney répondrait peut-être à son appel.
Il imita le sifflement d’Ayla, espérant être assez près des chevaux pour qu’ils
l’entendent, mais déterminé à poursuivre sa marche dans le cas contraire. Loup
dans ses bras, il essayait de soutenir Ayla de son mieux.
Ils n’avaient pas encore atteint le tas de bois échoué que
Jondalar était
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