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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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nécessaire à leur existence – la
viande, la graisse, le cuir, la laine pour les cordages, l’ivoire pour les
outils et les sculptures, les os pour les charpentes d’habitation et même pour
le combustible –, il était sacré. La chasse au mammouth revêtait pour eux
un sens spirituel profond.
    Bien qu’elle l’eût quitté, elle avait le sentiment d’appartenir
encore plus qu’avant au peuple des Mamutoï. La rencontre avec le troupeau de
mammouths ne pouvait être un simple hasard. Elle était persuadée qu’il s’agissait
d’un signe, et elle se demandait si Mut, la Grande Terre Mère, ou encore son
totem, n’essayaient pas de lui délivrer un message. Ces derniers temps, elle
pensait souvent à l’esprit du Grand Lion des Cavernes, le totem que Creb avait
choisi pour elle, et elle s’interrogeait : la protégeait-il toujours, même
si elle n’appartenait plus au Clan ? L’esprit d’un totem du Clan
trouverait-il sa place dans sa nouvelle vie avec Jondalar ?
    Le mur d’herbes hautes s’éclaircit enfin, et ils se
rapprochèrent de la rivière, à la recherche d’un lieu propice pour camper. Le
soleil déclinait à l’ouest, et Jondalar décida qu’il était trop tard pour
chasser. Il ne regrettait pas leur halte auprès des mammouths, mais il avait
espéré trouver de la viande pour leur repas du soir, et les jours suivants. L’idée
d’entamer leur réserve de viande séchée lui déplaisait, il préférait l’épargner
pour les cas d’extrême nécessité. Il leur faudrait chasser le lendemain, avant
de lever le camp.
    Les riches terres alluviales qui bordaient la rivière avaient
changé l’aspect de la vallée et de sa végétation. A mesure que les berges s’élevaient,
la nature de l’herbe se modifiait, arrivant à peine au ventre des chevaux, au
grand soulagement de Jondalar. Il préférait voir où ils allaient. Comme ils
approchaient du sommet d’une côte, le paysage leur sembla familier. Ils n’étaient
jamais venus dans cette région, mais elle ressemblait à celle qui abritait le
Camp du Lion, avec ses hautes berges escarpées creusées de ravines qui menaient
à la rivière.
    Ils gravirent une pente douce et Jondalar s’aperçut que la
rivière obliquait vers la gauche, en direction de l’est. Il était grand temps
de quitter cette artère de vie, qui après quelques méandres vers le sud,
traversait l’ouest du pays. Il s’arrêta pour consulter la carte que Talut avait
gravée sur un morceau d’ivoire. En levant la tête, il vit Ayla, descendue de
cheval et postée sur la berge, qui regardait au-delà de la rivière. A son
maintien, il devina qu’elle était soucieuse ou malheureuse.
    Il se laissa glisser de sa monture, la rejoignit et découvrit ce
qui la captivait. Sur l’autre rive, saillant d’un terre-plein à flanc de côte,
on distinguait un large monticule planté d’herbe. Il aurait pu s’agir d’une
éminence naturelle si une ouverture en arc, fermée par une lourde peau de
mammouth, n’avait dévoilé sa vraie nature. C’était en fait un abri, semblable à
celui du Camp du Lion où ils avaient séjourné l’hiver dernier.
    L’habitation semi-souterraine creusée dans le lœss et aux
dimensions spacieuses était bâtie pour durer plusieurs années. Les murs enduits
d’argile et le toit circulaire semé d’herbe étaient soutenus par une armature d’os
de mammouth pesant plus d’une tonne. Entre le toit et le plafond composé de
bois de cerf entremêlés et enduit d’argile, s’intercalait une couche épaisse de
chaume et de roseaux. Adossés au mur, des bancs de terre faisaient office de
lit, et des fosses creusées dans le permafrost servaient de réfrigérateurs
naturels. Deux défenses de mammouth, posées en vis-à-vis sur le sol, pointes en
l’air, formaient la voûte d’entrée. Loin d’être une construction provisoire, c’était
plutôt un foyer permanent, assez spacieux pour abriter plusieurs familles. Ayla
en conclut que ses occupants reviendraient y passer l’hiver, comme le faisaient
ceux du Camp du Lion.
    — Je me demande qui habite ce Camp, remarqua Ayla.
    — C’est peut-être le foyer du Camp des Fougères, avança
Jondalar.
    — Oui, peut-être, admit Ayla dont le regard se perdit
au-delà du cours d’eau. Il a l’air vide. Tu sais, je ne pensais pas que je ne
reverrais jamais le Camp du Lion. Quand je suis partie pour la Réunion d’Été, j’ai
laissé au camp beaucoup de choses qui

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