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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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étaient gonflées et
à mi-chemin entre ses yeux et ses oreilles, un liquide visqueux ruisselait en
traînées noires sur l’épaisse fourrure rousse de ses joues. Il bavait
abondamment et projetait de temps en temps des jets d’urine d’une odeur âcre,
qui recouvraient la fourrure de ses pattes postérieures et du fourreau de son
membre d’une écume verdâtre. Ayla se demanda s’il était malade.
    Non, aucun de ces symptômes n’était dû à une quelconque maladie.
Chez les mammouths laineux, les femelles n’étaient pas seules à avoir un cycle
œstral. Chaque année, les mâles adultes avaient une période de rut et donc d’intense
activité sexuelle. Bien qu’un mammouth mâle atteignît la puberté vers l’âge de
douze ans, il n’entrait pas en rut avant une trentaine d’années, et encore
celui-ci ne durait-il alors qu’une semaine ou deux. Vers quarante ans, dans son
âge mûr, un mâle en bonne santé pouvait être en rut jusqu’à trois ou quatre
mois par an. Bien qu’il suffit qu’un mâle fût pubère pour s’accoupler à une
femelle en chaleur, la copulation avait plus de chance d’aboutir si le mâle
était en rut.
    Le grand mâle roux n’était pas seulement un mâle dominant, il
était en plein rut, et il était venu s’accoupler en réponse à l’appel de la
femelle en chaleur.
    De près, les mâles, comme la plupart des quadrupèdes, savaient que
les femelles étaient en état de concevoir à l’odeur qu’elles dégageaient. Mais
les mammouths se déplaçaient sur de telles distances qu’ils avaient développé
un autre moyen de faire savoir qu’ils étaient prêts pour l’accouplement.
Lorsque le cycle œstral de la femelle commençait, ou que le mâle était en rut,
le ton de leur voix baissait. Les tons graves voyagent plus loin que les aigus,
et les barrissements signalant la période féconde traversaient ainsi les
plaines sur des kilomètres.
    Jondalar et Ayla entendaient clairement l’appel de la femelle en
chaleur, mais la réponse du mâle en rut était si grave qu’elle leur était à
peine audible. Même en temps ordinaire, les mammouths communiquaient à travers
la steppe par des barrissements inaudibles à l’oreille humaine. Là, le mammouth
en rut barrissait avec une puissance extrême, et la femelle davantage encore,
mais si quelques humains étaient capables de détecter les vibrations de sons
graves, la plupart des composantes sonores émises par les mammouths échappaient
à l’ouïe humaine.
    La femelle noisette tenait à distance le groupe de jeunes mâles
intéressés, eux aussi, par ses odeurs et par ses barrissements. Mais, pour
engendrer, elle préférait un mâle dominant dont l’âge mûr prouvait la bonne
santé et l’instinct de survie, un mâle assez puissant pour faire un bon
géniteur. Un mâle en rut ! Elle ne le savait pas, mais son corps, lui,
savait.
    Maintenant, elle était prête pour le mâle. Ses longs poils
battant ses flancs à chaque pas, la femelle noisette courut vers le mâle
majestueux. Elle barrissait avec force et agitait ses petites oreilles
touffues. Elle urina à grand bruit, puis, allongeant sa trompe vers l’imposant
organe en forme de S du futur géniteur, elle renifla et goûta son urine. Dans
un grondement de tonnerre, tête haute, elle pivota pour lui présenter son
arrière-train.
    Le grand mâle caressa le dos de la femelle avec sa trompe pour
la calmer, et son immense organe touchait presque le sol. Il se dressa ensuite
sur ses pattes postérieures et allongea ses pattes antérieures loin sur le dos
de sa compagne pour la couvrir. Il était deux fois plus grand qu’elle, et si
lourd qu’on aurait pu croire qu’il allait l’écraser, mais tout son poids
reposait sur ses pattes arrière. Du bout de son organe merveilleusement mobile,
il trouva la vulve qu’il pénétra profondément en poussant un grondement
interminable.
    Bien qu’il fût assourdi comme s’il était lointain, Jondalar l’entendit
et en frémit d’émotion. Ayla ne le perçut guère plus fort, mais elle trembla de
frissons violents. La femelle noisette et le mâle roux gardèrent longtemps la
position. Les longues mèches de la toison du mammouth battaient ses flancs avec
énergie bien que le mouvement fût léger. Il descendit enfin du dos de la
femelle, lâchant un jet d’urine en se retirant. Elle fit quelques pas en avant
et poussa un barrissement long et grave qui résonna dans la moelle épinière d’Ayla
et lui donna la

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