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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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dans les peaux qui ne lui appartenaient pas, ne montrait aucune peur.
Regardez-le ! Quelle arrogance !
    Fier et sûr de lui, il avait osé la critiquer en public, devant
les hommes enfermés dans l’Enclos. Il refusait de l’implorer, de s’humilier, de
chercher à lui plaire, comme tous les autres. Elle se jura de l’y forcer. Elle
était fermement décidée à le faire plier. Elle leur montrerait comment
maîtriser ce genre de mâle ! Ensuite... il mourrait !
    Avant de le briser, je vais m’amuser avec lui, se dit-elle. Il
est fort, et s’il lui prend l’envie de résister, il sera difficile à soumettre.
Pour l’instant, il se méfie, je dois d’abord lui faire baisser sa garde. Il
faut l’affaiblir. S’Armuna connaît certainement un moyen. Attaroa fit signe à
la chamane et lui murmura quelques mots à l’oreille. Elle regarda ensuite
Jondalar en souriant. Et ce sourire contenait tant de perfidie que Jondalar
frémit.
    Jondalar ne menaçait pas seulement le pouvoir d’Attaroa. C’était
le monde fragile que son esprit malade avait eu tant de mal à créer qui
risquait de s’écrouler. L’homme avait ébranlé ses propres certitudes, déjà
chancelantes ces derniers temps.
    — Suis-moi, ordonna S’Armuna. Jondalar obtempéra.
    — Où allons-nous ? demanda-t-il, alors que deux femmes
armées de sagaies lui emboîtaient le pas.
    — Attaroa veut que je soigne ta blessure.
    Elle conduisit Jondalar à une habitation semi-souterraine à l’autre
bout du Camp, semblable à celle devant laquelle trônait Attaroa, mais de taille
plus petite avec un dôme plus prononcé. Une entrée étroite et basse ouvrait sur
un couloir menant à une autre porte. Jondalar se baissa et avança courbé, puis
descendit trois marches. Seul un enfant aurait pénétré aisément dans cet abri
mais, une fois à l’intérieur, Jondalar put se redresser et sa tête était loin d’atteindre
le plafond. Les deux femmes qui les avaient accompagnés restèrent dehors.
    Une fois ses yeux habitués à la pénombre, Jondalar remarqua
contre le mur du fond une plate-forme où une couche était installée. Une
fourrure blanche la recouvrait... les animaux à poils blancs étaient rares et
son peuple, comme la plupart de ceux qu’il avait rencontrés au cours de son
long Voyage, les tenait pour sacrés. Des herbes séchées pendaient du plafond,
et remplissaient des paniers et des jattes qui encombraient les étagères
accrochées aux murs. N’importe quel zelandoni ou mamut se serait senti chez
lui, avec une seule réserve. Chez presque tous les peuples, la caverne de Ceux
Qui Servent la Mère était un lieu de cérémonie, ou adjacent à celui-ci. C’était
aussi l’habitation la plus grande du Camp, celle où on recevait les visiteurs
et les hôtes. Celle de S’Armuna était petite et presque secrète. Jondalar
devina que la chamane vivait seule et recevait rarement.
    Il la regarda ranimer le feu, ajouter des excréments séchés,
quelques morceaux de bois, et verser de l’eau dans une sorte de poche noircie,
faite d’un estomac de bête et attachée à un éperon en os. Elle prit ensuite une
poignée d’herbes séchées dans un des paniers, la jeta dans l’outre, et quand l’eau
commença à suinter, elle la plaça au-dessus des flammes. Tant qu’elle contenait
du liquide, même bouillant, l’outre ne pouvait prendre feu.
    Jondalar ignorait quelle recette elle préparait, mais l’odeur
lui parut familière. Il se sentait chez lui. Et soudain, il comprit pourquoi. C’était
exactement l’odeur qui émanait du feu d’une zelandoni. Elle utilisait la même
décoction pour soigner les plaies et les blessures.
    — Tu parles bien notre langue, remarqua Jondalar. As-tu
vécu longtemps chez les Zelandonii  ?
    S’Armuna le regarda et parut réfléchir.
    — Plusieurs années, répondit-elle enfin.
    — Alors tu connais l’hospitalité des Zelandonii. Je ne
comprends pas ton peuple. Qu’ai-je fait pour mériter un tel traitement ? Toi
qui as vécu chez les Zelandonii, pourquoi n’expliques-tu pas aux tiens les
droits de passage, et le respect de la courtoisie ? C’est plus que de la
simple courtoisie, d’ailleurs, c’est un devoir.
    Pour toute réponse, S’Armuna lui lança un regard narquois.
Jondalar se rendait compte qu’il s’y prenait mal, mais ses récentes
mésaventures l’avaient tellement abasourdi qu’il éprouvait le besoin infantile
d’expliquer comment les choses devraient être,

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