Le grand voyage
plusieurs années.
Zelandoni m’a dit que la Mère l’avait honorée de ma future naissance quand l’Union
a été célébrée, ce qui aurait dû lui porter chance, mais ils ont rompu le lien
quand j’avais deux ou trois ans, et Dalanar a décidé de partir. Je n’ai jamais
su ce qui s’était passé, mais de nombreuses histoires courent toujours sur leur
Union malheureuse. Cela gênait ma mère.
Sa curiosité éveillée, Ayla l’incita à poursuivre, ce qui fit l’affaire
de S’Armuna, visiblement aussi intéressée que la jeune femme.
— Elle s’est de nouveau unie, et a eu d’autres enfants, n’est-ce
pas ? demanda la chamane. Je sais que tu as un autre frère.
Jondalar continua son récit en s’adressant à S’Armuna.
— Mon frère Thonolan est né dans le foyer de Willomar, ma
sœur Folara aussi. Je crois que cette Union a été bénéfique pour ma mère. Elle
est heureuse et Willomar a toujours été bon pour moi. Autrefois, il voyageait
beaucoup, il partait faire du troc pour le compte de ma mère. Parfois, il m’emmenait.
Il a aussi emmené Thonolan quand il a été assez grand. J’ai longtemps cru que
Willomar était l’homme de mon foyer, jusqu’à ce que j’aille vivre avec Dalanar
et que j’apprenne à mieux le connaître. Je me sens toujours aussi proche de
Willomar. Dalanar me traitait bien, lui aussi, et j’ai appris à l’aimer. Mais
tout le monde aime Dalanar. Il a découvert une mine de silex, et puis il a
rencontré Jerika et il a fondé sa propre Caverne. Ils ont eu une fille,
Joplaya, ma proche-cousine.
Ayla comprit soudain que si l’homme était responsable de la
nouvelle vie qui poussait dans le ventre de la femme, autant que la femme
elle-même, alors celle que Jondalar appelait « cousine » était en
réalité sa sœur. Tout autant que celle qu’il nommait Folara. Proche-cousine,
avait-il dit ? Cela signifiait-il que ces liens étaient plus étroits que
ceux unissant deux enfants dont les mères sont sœurs ? Ou dont la mère de
l’un est la compagne de l’oncle de l’autre ? Jondalar en arrivait à sa
conclusion, qu’Ayla en était encore à méditer sur ses liens familiaux.
— ... Alors ma mère a remis le pouvoir entre les mains de
Joharran qui a insisté pour qu’elle reste afin de le conseiller, disait
Jondalar. Mais dis-moi, comment as-tu rencontré ma mère ?
Le regard fixe, S’Armuna semblait comme éblouie par une vision
surgissant de son passé.
— J’étais encore une enfant quand on m’a emmenée là-bas,
commença-t-elle lentement. Le frère de ma mère était l’Homme Qui Ordonne de ce
Camp, et j’étais sa préférée, la seule fille née de ses sœurs. Il avait
entrepris le Voyage dans sa jeunesse et il avait eu vent de la renommée des
zelandonia. Lorsqu’on s’est aperçu que j’avais des dons pour servir la Mère, il
a voulu que je reçoive le meilleur enseignement, et il m’a conduite à la
Neuvième Caverne dont le zelandoni était à l’époque le Premier de Ceux Qui
Servent la Mère.
— On dirait que c’est une tradition de la Neuvième Caverne.
A mon départ, notre zelandoni venait d’être choisie comme Première.
— Connais-tu son ancien nom ? s’enquit S’Armuna avec
curiosité. Le sourire désabusé de Jondalar n’échappa pas à Ayla qui crut
deviner la cause de son désenchantement.
— Oui, quand je l’ai comme elle s’appelait encore Zolena,
répondit Jondalar.
— Zolena ? N’est-elle pas trop jeune pour être
Première ? Elle n’était encore qu’une charmante petite fille quand je suis
partie.
— Elle est jeune, c’est vrai, mais dévouée.
S’Armuna approuva d’un signe de tête, et reprit le fil de son
histoire.
— Marthona et moi étions à peu près du même âge, et le
foyer de sa mère bénéficiait d’un statut élevé. Mon oncle s’est entendu avec ta
grand-mère, Jondalar, pour que j’habite avec elle. Il a veillé à mon
installation et il est reparti. Marthona et moi étions comme deux sœurs,
dit-elle avec un sourire lointain. Mieux même, deux jumelles. Nous avions les
mêmes goûts et nous partagions tout. Elle a même décidé d’apprendre l’enseignement
des zelandonia avec moi.
— Ah, je l’ignorais, fit Jondalar. C’est peut-être là qu’elle
a acquis ses qualités de Femme Qui Ordonne.
— Peut-être, mais nous ne pensions pas à commander à cet
âge. Nous étions inséparables, et nous avions les mêmes attirances... c’est
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