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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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d’ailleurs
ce qui a tout gâché, avoua S’Armuna qui se tut, gênée.
    — Tout gâché ? Être trop proche gâcherait donc une
amitié ? s’étonna Ayla pour l’inciter à continuer.
    Elle repensait soudain à Deegie, au plaisir de l’avoir eue comme
amie, ne fût-ce que quelque temps. Ah, comme elle aurait aimé avoir eu une amie
pareille quand elle était enfant ! Uba avait été une sœur pour elle, mais
bien qu’elle l’eût beaucoup aimée, Uba était du Clan. Elles avaient beau être
très proches, trop de choses les séparaient, comme la curiosité innée d’Ayla,
ou la mémoire ancestrale d’Uba.
    — Oui, affirma S’Armuna qui venait à nouveau de remarquer l’accent
étrange d’Ayla. Le sort a voulu que nous aimions le même homme. Je crois que
Joconan nous aimait toutes les deux. Il a même envisagé une double Union, et
Marthona et moi aurions accepté. Mais à la mort du vieux Zelandoni, Joconan a
demandé conseil au nouveau qui lui a recommandé de choisir Marthona. A l’époque,
j’ai cru que c’était à cause de la beauté de Marthona. Elle n’avait pas le
visage déformé, elle. Mais à présent, je pense que mon oncle avait dû leur dire
qu’il tenait à mon retour. Je ne suis pas restée pour leur Cérémonie d’Union, j’étais
trop révoltée, trop amère. Je suis partie dès qu’ils m’ont eu fait part de leur
projet.
    — Tu es revenue ici toute seule ? s’étonna Jondalar.
Tu as traversé le glacier ?
    — Oui.
    — Peu de femmes entreprennent un si long Voyage, surtout en
solitaire. C’était dangereux, quel courage ! fit Jondalar, admiratif.
    — C’était dangereux, oui. J’ai même failli tomber dans une
crevasse, mais je ne suis pas sûre qu’on puisse parler de courage. La colère me
donnait des forces. Mais une fois de retour, j’ai trouvé le Camp changé. J’étais
restée absente des années. Ma mère et ma tante étaient parties dans le nord, où
vivent de nombreux S’Armunaï, avec mes frères et mes cousins. Ma mère mourut
là-bas. Mon oncle aussi était mort, et il y avait un nouveau chef, un étranger
qui s’appelait Brugar. Je n’ai jamais su d’où il venait. Il n’était pas beau,
mais il avait du charme, et il pouvait être séduisant à sa manière un peu rude.
Mais il était surtout cruel.
    — Brugar... Brugar, hésita Jondalar, cherchant à se
rappeler ou il avait entendu ce nom-là. N’était-ce pas le compagnon d’Attaroa ?
S’Armuna se leva, soudain très agitée.
    — Voulez-vous encore un peu d’infusion ?
demanda-t-elle.
    Ayla et Jondalar acceptèrent. Elle leur apporta des coupes d’infusion
chaude et retourna se servir.
    — Vous êtes les premiers à qui je me confie, déclara-elle
en reprenant sa place.
    — Pourquoi nous avoir choisis ? demanda Ayla.
    — Pour que vous puissiez comprendre. C’est exact, confirma
ensuite S’Armuna, Brugar était le compagnon d’Attaroa. Il semble qu’il ait
procédé à des changements peu après qu’il fut devenu Homme Qui Ordonne, et qu’il
ait instauré la domination des hommes sur les femmes. C’étaient des détails au
début. Les femmes devaient s’asseoir et attendre qu’on leur accorde la parole.
Elles n’avaient plus le droit de toucher aux armes. Ça ne semblait pas grave,
et les hommes s’amusaient de leur nouveau pouvoir, mais après que la première
femme eut été battue à mort, pour avoir osé parler avec franchise, les choses
se sont gâtées. Mais personne ne comprenait comment on en était arrivé là, ni
comment revenir en arrière. Brugar faisait ressortir les pires défauts chez
chacun. Il était entouré d’une bande de fidèles, et les autres avaient trop
peur pour se rebeller.
    — Où a-t-il bien pu trouver des idées pareilles ? s’étonna
Jondalar.
    — A quoi ressemblait ce Brugar ? demanda Ayla, prise d’une
inspiration subite.
    — Il avait les traits épais et rudes, mais il savait être
séduisant quand il le fallait.
    — Y a-t-il beaucoup de Têtes Plates, dans cette
région ? demanda alors Ayla.
    — Il y en a eu, mais il en reste peu. Plus à l’ouest, on en
trouve davantage. Pourquoi ?
    — Et comment sont-ils acceptés par les S’Armunaï ? En
particulier ceux qui sont nés d’esprits mêlés.
    — Eh bien, à l’inverse des Zelandonii  nous ne les
considérons pas comme des monstres. Certains hommes ont choisi des Têtes Plates
pour compagnes et leurs descendants sont tolérés, mais ils n’ont

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