Le grand voyage
chassions pas de chevaux, se défendit Epadoa.
— Je sais. Vous chassez Ayla et Jondalar.
Son apparition soudaine et la façon étrange dont elle parlait le
s’armunaï donnaient l’impression qu’Ayla venait d’un pays lointain, peut-être
même d’un autre monde. Effarées, les deux Louves ne songeaient qu’à s’enfuir
loin de cette femme dont les qualités dépassaient par trop celles des humains.
— Ces deux chasseresses devraient rejoindre leur Camp, ou
elles risquent de manquer le grand festin de ce soir.
La voix venue des bois avait prononcé ces mots en mamutoï,
langage que les deux femmes comprenaient, et elles reconnurent l’accent de
Jondalar. Elles se retournèrent et virent le géant, nonchalamment appuyé contre
un gros bouleau blanc, une sagaie engagée dans son propulseur.
— Oui, tu as raison. Nous ne devons pas manquer le festin,
acquiesça Epadoa, et poussant sa compagne muette d’émotion, elle se hâta de
décamper.
Lorsqu’elles eurent disparu, Jondalar ne put réprimer un large
sourire.
Le soleil déclinait à l’horizon quand Jondalar et Ayla,
juchés sur leurs montures, revinrent dans le Camp des S’Armunaï. Ils avaient
changé la cachette de Loup, qui était à présent beaucoup plus près des habitations.
Comme il allait bientôt faire nuit, et que les gens ne se hasardaient pas dans
l’obscurité loin de la sécurité du feu, Ayla, bien qu’inquiète, l’avait
autorisé à rester plus près d’elle.
S’Armuna allait quitter son logis quand les deux cavaliers descendirent
de cheval à l’entrée du pré. Elle poussa un soupir de soulagement en les
voyant. Malgré leur promesse, elle s’était demandée s’ils reviendraient.
Pourquoi des étrangers mettraient-ils leur vie en danger pour aider des gens qu’ils
ne connaissaient pas ? Leurs propres parents ne s’étaient-ils pas
désintéressés de leur sort ? il faut dire que parents et amis avaient été
fort mal accueillis lors de leurs dernières visites.
Jondalar ôta le harnais de Rapide pour qu’il pût fuir sans
entrave le cas échéant. Ils donnèrent chacun une tape amicale sur la croupe de
leurs montures pour les inciter à s’éloigner du Camp. S’Armuna s’avança à leur
rencontre.
— Nous terminons les préparatifs pour la Cérémonie du Feu
de demain, expliqua-t-elle. Nous allumons toujours un feu la veille pour
chauffer le four, voulez-vous venir en profiter ?
— Pfft ! Il fait froid ! s’exclama Jondalar.
En compagnie de S’Armuna, ils se dirigèrent vers l’autre
extrémité du Camp.
— J’ai découvert un moyen de réchauffer les mets que tu as
préparés, Ayla. Ça sent bon, déclara la vieille femme avec un sourire gourmand.
— Comment peux-tu faire chauffer un brouet aussi épais dans
des paniers ? demanda Ayla, surprise.
— Je te montrerai, dit la chamane qui pénétra en se
baissant dans l’antichambre de la petite construction.
Ayla la suivit, précédant Jondalar. Le feu n’était pas allumé
dans la petite pièce dont la température était pourtant très douce. S’Armuna se
dirigea directement vers la deuxième pièce et déplaça l’omoplate de mammouth
qui en fermait l’accès. A l’intérieur, l’air était brûlant, suffisamment pour
faire cuire de la nourriture, remarqua Ayla. Elle jeta un coup d’œil. Un feu
avait été allumé dans la chambre, et à quelques pas du feu, on avait déposé ses
deux jattes.
— Hmm ! Ça sent bon ! fit Jondalar.
— Vous ne pouvez pas imaginer combien de personnes m’ont
questionnée pour savoir quand la fête commencerait, assura S’Armuna. On sent le
fumet depuis l’Enclos. Ardemun est venu me trouver et m’a demandé s’il était
vrai que les hommes auraient leur part. Et ce n’est pas tout. Attaroa a ordonné
aux femmes de préparer assez de viande pour tout le monde, hommes compris. Je n’arrive
pas à me souvenir quand a eu lieu notre dernière fête... il est vrai que nous n’avons
pas eu d’événement à célébrer. Je me demande d’ailleurs ce que nous fêtons ce
soir.
— Mais, des hôtes, dit Ayla. Vous honorez des hôtes.
— Oui, c’est cela, des hôtes, bougonna la vieille femme. N’oubliez
pas que c’est le prétexte qu’a trouvé Attaroa pour vous faire revenir. Je dois vous
mettre en garde. Ne buvez ni ne mangez rien qu’elle n’ait goûté avant vous.
Attaroa connaît de nombreux poisons qu’on peut camoufler en mets succulents. S’il
le faut, ne mangez
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