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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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d’infusion chaude à celles qui ne prenaient pas de
sève. Depuis son expérience précédente chez les Mamutoï, Ayla avait remarqué
que ce breuvage lui obscurcissait l’esprit, et ce soir, elle avait besoin de
toute sa tête.
    Tout compte fait, c’est un bien maigre festin, constata Ayla. C’était
un repas de fin d’hiver, quand tous les vivres étaient épuisés. Quelques
fourrures avaient été disposées autour du siège surélevé d’Attaroa, près du
grand feu. Les autres femmes avaient apporté les leurs.
    S’Armuna conduisit Ayla et Jondalar au pied du trône et ils
attendirent qu’Attaroa gagne sa place. Elle avait revêtu ses plus belles peaux
fourrées, et portait des colliers de dents, d’os, d’ivoire et de coquillages,
décorés de plumes et de touffes de fourrure. Mais Ayla remarqua surtout le
bâton qu’elle tenait, sculpté dans une défense de mammouth.
    Attaroa fit commencer le service, et avec un regard appuyé en
direction d’Ayla ordonna qu’on apportât la part des hommes dans l’Enclos, sans
oublier le mets qu’Ayla et Jondalar avaient offert. Elle s’installa ensuite sur
son trône, ce que chacun comprit comme l’autorisation de s’asseoir. Ayla
observait la Femme Qui Ordonne qui, de sa place, dominait tout le monde. Ayla
se souvint qu’on se perchait ainsi sur des souches ou sur des rochers lorsqu’on
voulait haranguer un groupe de personnes. Mais jamais personne n’avait choisi
systématiquement cette position.
    Attaroa avait astucieusement renforcé son pouvoir. Ayla s’en
aperçut en observant les gestes et les attitudes inconscientes des femmes.
Chacune adoptait envers Attaroa la posture déférente d’une femme du Clan lorsqu’elle
s’asseyait en silence aux pieds d’un homme, attendant qu’il lui touchât l’épaule
pour l’autoriser à exposer ses pensées. Il y avait toutefois une différence,
difficile à définir. Dans le Clan, Ayla n’avait jamais noté chez les femmes l’amertume
qu’elle discernait ici, ni un manque de respect de la part des hommes. C’était
simplement comme cela que les choses se passaient, un comportement naturel, qui
présentait l’avantage d’assurer à chacune des parties l’attention de l’autre
puisque les gestes composaient l’essentiel du langage du Clan.
    En attendant d’être servie, Ayla examina attentivement le bâton
de la Femme Qui Ordonne. Il ressemblait au Bâton Qui Parle qu’utilisait Talut
au Camp du Lion, mais les sculptures en étaient très différentes, bien que
vaguement familières. Ayla se souvint que Talut employait son Bâton Qui Parle à
l’occasion de cérémonies, mais surtout au cours de débats et s’il y avait
dispute.
    Le Bâton Qui Parle investissait celui qui le tenait du droit de
parole, et permettait à chacun d’exprimer son point de vue sans être
interrompu. Celui ou celle qui désirait faire un commentaire sur ce qu’avait
dit l’orateur devait demander le bâton. En principe, seul celui qui tenait le
Bâton Qui Parle avait le droit de s’exprimer, mais au Camp du Lion, on n’attendait
pas toujours sagement son tour. Toutefois avec quelques rappels à l’ordre,
Talut s’arrangeait finalement pour donner à chacun une chance de s’exprimer.
    — Ton Bâton Qui Parle est très beau et très exceptionnel,
observa Ayla. Puis-je le voir ?
    Attaroa sourit en entendant la traduction de S’Armuna. Elle
tendit le bâton pour qu’Ayla l’examine à la lueur du feu, tout en se gardant de
le lui confier. Il était évident qu’elle n’avait nulle intention de s’en
séparer, et Ayla devina qu’elle utilisait le Bâton Qui Parle pour asseoir
davantage son pouvoir. Tant qu’Attaroa le conservait, quiconque voulait prendre
la parole devait lui en demander l’autorisation. Et cela avait fini par s’étendre
aux autres actions – à quel moment servir, quand commencer à manger,
par exemple. Comme le trône, c’était un nouveau moyen de dominer et d’assujettir
chacun à son pouvoir. Toutes ces observations incitèrent Ayla à la réflexion.
    Le dessin gravé dans la défense de mammouth était une
représentation abstraite de la Grande Terre Mère. Des cercles concentriques
figuraient les lourdes mamelles, le ventre rond et les larges hanches. Le
cercle symbolisait le tout, le monde connu et les mondes obscurs, et la Grande
Mère de Toutes les Créatures. Les cercles concentriques qui suggéraient les
attributs de la fécondité renforçaient le symbolisme.
    La

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