Le grand voyage
vivement dans
son logis, sans demander son reste.
Des murmures incrédules s’élevèrent de toutes parts quand la
jeune femme blonde et le géant aux cheveux encore plus clairs enfourchèrent
leur monture et disparurent au galop. Nombreux furent ceux qui rêvaient de
décamper aussi facilement, et beaucoup se demandaient s’ils reverraient un jour
les deux étrangers.
— Si seulement nous pouvions continuer notre route ! s’exclama
Jondalar, après qu’ils eurent ralenti l’allure.
— Oui, cela me soulagerait, avoua Ayla. Ce qui se passe
dans ce Camp est insoutenable, c’est révoltant. Je plains S’Armuna et je
comprends ses remords, mais je lui en veux d’avoir toléré cette situation si
longtemps. Comment allons-nous agir ?
— Il faudra décider d’un plan avec S’Armuna. Il est évident
que la majorité des femmes en ont assez, et qu’elles seraient prêtes à nous
aider. S’Armuna doit savoir sur qui nous pouvons compter.
Ils avaient rejoint les sous-bois, et chevauchaient à l’abri des
arbres parfois clairsemés. Ils descendirent jusqu’à la rivière, et remontèrent
à l’endroit où ils avaient laissé Loup. En approchant, Ayla émit un petit
sifflement et le loup déboula pour les accueillir en frétillant joyeusement. Il
était resté sagement où Ayla lui avait ordonné, et ils le félicitèrent tous
deux pour sa patience. Ayla remarqua pourtant les restes d’une proie, ce qui
supposait qu’il avait quitté sa cachette pour chasser et elle s’en inquiéta. Si
près du Camp, elle craignait qu’il ne tombât entre les mains d’Attaroa et de
ses Louves, mais elle n’osa pas le gronder. Sa détermination à quitter au plus
vite un Camp où on mangeait de la chair de loup s’en trouva renforcée.
Ils menèrent sans bruit les chevaux près de la rivière, à
hauteur du buisson où ils avaient caché leurs affaires. Ayla sortit une de
leurs dernières galettes, la cassa en deux, et offrit le plus gros morceau à
Jondalar. Ils s’assirent au milieu des broussailles, contents de respirer un
air différent de celui du Camp des S’Armunaï.
Un brusque grondement de Loup fit sursauter Ayla.
— Quelqu’un vient, murmura Jondalar, alarmé.
Tous leurs sens en éveil, ils scrutèrent les environs, confiants
dans les capacités de Loup à détecter le danger. Ayla, cherchant dans la
direction où Loup reniflait, aperçut deux femmes approcher dans les
broussailles. Elle aurait juré que l’une d’elles était Epadoa. Elle tapota le
bras de Jondalar et lui désigna les intruses. Il acquiesça en silence.
— Toi attends, calme chevaux, recommanda-t-elle en
utilisant le langage gestuel du Clan. Moi cache Loup. Moi éloigne femmes.
— Non, moi, répondit Jondalar dans la même langue.
— Femmes écoutent mieux femmes, rétorqua Ayla. Jondalar
accepta à contrecœur.
— Moi reste ici avec propulseur, signala-t-il. Toi, prends
propulseur.
— Fronde aussi, ajouta-t-elle d’un geste.
Sans un bruit, Ayla se faufila dans les broussailles et décrivit
un arc de cercle pour couper la route des deux femmes. Elle les entendit
approcher.
— Je suis sûre qu’ils sont venus ici en quittant leur
campement hier soir, Unavoa, disait celle qui commandait aux Louves.
— Oui, mais pourquoi les chercher au même endroit ?
— Ils reviendront peut-être. Et sinon, nous trouverons bien
une piste.
— Certaines prétendent qu’ils disparaissent, ou qu’ils se
changent en oiseaux, ou en chevaux, avança la plus jeune.
— Ne sois pas stupide, fit Epadoa. Nous avons trouvé leur
campement, non ? Pourquoi installeraient-ils un campement s’ils se
changeaient en animaux ?
Elle raisonne bien, pensa Ayla. Au moins se sert-elle de sa
tête, et elle n’est pas si mauvaise à la traque. Elle chasse sûrement bien.
Dommage qu’elle soit si proche d’Attaroa.
Cachée derrière un buisson d’arbrisseaux au feuillage clairsemé,
tapie dans les herbes jaunâtres qui lui montaient aux genoux, Ayla regardait
les deux femmes approcher. Lorsqu’elles furent à sa hauteur, elle se releva d’un
bond, le propulseur armé à la main.
Epadoa sursauta et Unavoa laissa échapper un cri de terreur en
reculant d’un pas.
— Vous me cherchez ? demanda Ayla en s’armunaï. Me
voici !
Unavoa était prête à décamper, et Epadoa n’en menait pas large.
— Nous... nous chassions, bredouilla-t-elle.
— Ici, pas chevaux pour pousser dans ravin, dit Ayla.
— Nous ne
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