Le grand voyage
malheureux d’être éloigné de nous. Au
cas où votre Losaduna, ou votre Caverne, ne supporterait pas sa présence, nous
planterions notre tente dehors.
Laduni parlementa encore avec les siens, et revint trouver les
visiteurs.
— Ils veulent que vous vous installiez à l’intérieur, mais
les mères sont inquiètes pour leurs enfants.
— Je comprends leur inquiétude, admit Ayla. Je te promets
que Loup ne fera de mal à personne, mais si cela ne suffit pas, nous resterons
dehors.
Nouveau conciliabule.
— Ils disent que vous pouvez entrer, déclara ensuite
Laduni. Laduni accompagna Ayla et Jondalar à l’endroit où ils avaient laissé
les chevaux, très ému de faire connaissance avec Whinney et Rapide. Il avait
souvent chassé des chevaux, mais n’avait jamais eu l’occasion d’en toucher un
vivant, sauf par hasard et en pleine course. Devant son air émerveillé, Ayla
décida de lui proposer plus tard un tour sur le dos de Whinney.
Comme ils revenaient à la caverne en tirant le canot chargé de
toutes leurs affaires, Laduni demanda des nouvelles de Thonolan. Il devina la
tragédie sur le visage de Jondalar.
— Thonolan est mort. Il a été tué par un lion des cavernes.
— Je suis navré de l’apprendre. J’aimais bien ton frère.
— Oui, tout le monde l’aimait.
— Il voulait tant suivre la Grande Rivière Mère jusqu’au
bout. Y est-il parvenu ?
— Oui, il a vu la fin de la Grande Mère avant de mourir,
mais il n’avait plus le cœur à l’apprécier. Il était épris d’une femme et s’était
uni à elle. Mais elle est morte en couches. Ensuite, il n’a plus été le même.
Il avait perdu le goût de vivre.
— Comme c’est triste, s’apitoya Laduni. Lui qui était si
plein de vie. Filonia a longtemps pensé à lui après votre départ. Elle espérait
qu’il reviendrait.
— Oh, Filonia ! Comment va-t-elle ? demanda
Jondalar, qui n’avait pas oublié la jolie jeune fille du foyer de Laduni.
— Elle est unie à présent, et Duna lui sourit. Elle a deux
enfants. Peu après votre départ, elle a découvert qu’elle était enceinte, et
tous les Losadunaï en âge de s’unir ont soudain trouvé de multiples prétextes
pour nous rendre visite.
— Je les comprends, assura Jondalar. Dans mon souvenir, c’était
une très jolie femme. Elle avait entrepris le Voyage, si je ne me trompe ?
— Oui, avec un cousin plus âgé qu’elle.
— Et tu dis qu’elle a deux enfants ?
— Oui, confirma Laduni, l’œil pétillant de joie. Une fille
de sa première bénédiction, Thonolia – Filonia était persuadée qu’elle
était la fille de l’esprit de ton frère – et elle a eu un fils il y a
peu. Elle vit dans la Caverne de son compagnon. Ils y ont plus de place, et ce
n’est pas trop loin. Nous voyons souvent ses enfants, précisa-t-il avec un brin
de fierté dans la voix.
— Je serais très heureux si Thonolia était l’enfant de l’esprit
de Thonolan, dit Jondalar. La pensée qu’une parcelle de son esprit vit toujours
dans ce monde atténuerait ma peine.
Était-il possible que cela fût arrivé si vite ? s’interrogeait-il.
Thonolan n’avait passé qu’une seule nuit avec Filonia. Son esprit était-il si
puissant ? Ou alors, si Ayla avait raison, Thonolan aurait donc fait
naître une nouvelle vie dans le ventre de Filonia grâce à l’essence de sa
virilité pendant la nuit que nous avons passée chez eux ? Il se souvint
alors de la femme avec qui il avait partagé les Plaisirs.
— Et Lanalia ? demanda-t-il.
— Elle va bien. Elle est allée rendre visite à des parents
d’une autre Caverne. Ils essaient de lui arranger une Union. Un homme a perdu
sa compagne et se retrouve seul avec trois jeunes enfants de son foyer. Lanalia
n’a pas eu la chance d’être bénie, et elle aurait pourtant aimé avoir des
enfants. Si l’homme lui convient, ils s’uniront et elle adoptera les trois
enfants de son foyer. Ce sera un arrangement heureux et elle était très
impatiente de le rencontrer.
— Je suis content pour elle, et je lui souhaite beaucoup de
bonheur, dit Jondalar en cachant sa déception.
Il avait espéré qu’elle serait devenue enceinte après avoir
partagé les Plaisirs avec lui. Que ce soit son esprit ou l’essence de sa
virilité, Thonolan a démontré sa puissance, se disait Jondalar. Mais moi ?
Mon essence, ou mon esprit, manqueraient-ils de force ?
En entrant, Ayla examina la caverne avec intérêt. Elle
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