Le grand voyage
loup vous a suivis. Et il a eu l’audace de s’avancer à
découvert.
— Non ! hurla Ayla, en s’interposant entre le loup et
la sagaie.
— Ce loup voyage avec nous. Ne le tue pas ! s’exclama
Jondalar en se précipitant pour protéger Ayla.
Ayla se laissa tomber près du loup et l’enlaça. Elle le maintint
fermement, à la fois pour le protéger et pour l’empêcher d’attaquer l’homme à
la sagaie. Les poils du fauve se hérissaient, ses babines retroussées
dévoilaient des crocs menaçants tandis qu’il grondait sauvagement.
Laduni se figea. Il avait agi dans l’intérêt des visiteurs, et
ils se comportaient comme s’il songeait à les blesser. Il jeta à Jondalar un
regard interrogateur.
— Baisse ta sagaie, Laduni, je t’en prie ! dit
Jondalar. Le loup est notre compagnon, tout comme les chevaux. Il nous a sauvé
la vie. Je te promets qu’il ne fera de mal à personne tant qu’on ne le menacera
pas, ou qu’on n’attaquera pas la femme. Cela paraît étrange, je le sais, mais
si tu me laisses le temps de t’expliquer, tu comprendras.
Laduni abaissa lentement sa sagaie sans quitter le loup des
yeux. La menace éloignée, Ayla calma le fauve, se releva et s’approcha de
Jondalar et de Laduni en faisant signe à Loup de rester près d’elle.
— Pardonne Loup, fit Ayla. Il aime beaucoup les humains
auxquels il est habitué, mais nous venons de rencontrer des gens dangereux à l’est
d’ici, et il est devenu méfiant. Maintenant il nous protège de tous les gens qu’il
ne connaît pas.
Laduni remarqua qu’elle parlait parfaitement Zelandonii, avec
toutefois une pointe d’accent étranger. Il nota aussi... non, il n’en était pas
sûr. Il avait déjà vu beaucoup de femmes blondes aux yeux bleus, mais le dessin
de ses pommettes, la forme du visage... quelque chose en elle dénotait l’étrangère.
Elle n’en était pas moins d’une beauté surprenante, ce qui ne faisait qu’ajouter
au mystère.
Il adressa un sourire complice à Jondalar. Au souvenir de sa
visite précédente, il n’était pas surpris que le géant blond revînt de son long
Voyage accompagné d’une beauté exotique, mais qui aurait imaginé qu’il ramènerait
des souvenirs en chair et en os comme ces chevaux et ce loup ? Il était
impatient de l’entendre raconter ses aventures.
Le regard appréciateur de Laduni n’avait pas échappé à Jondalar
et en le voyant sourire, il se détendit.
— Voilà celle que je voulais te présenter, dit-il. Laduni,
chasseur des Losadunaï, voici Ayla du Camp du Lion des Mamutoï, Élue par le
Lion des Cavernes, Protégée par l’Ours des Cavernes, et Fille du Foyer du
Mammouth.
Dès que Jondalar avait commencé les formules de politesse, Ayla
avait tendu ses mains, paumes ouvertes, dans le geste traditionnel d’amitié.
— Je te salue, Laduni, Maître de Chasse des Losadunaï,
déclara-t-elle.
Laduni se demanda comment elle avait deviné qu’il était le chef
de chasse de son peuple, puisque Jondalar ne l’avait pas mentionné. Peut-être
lui en avait-il parlé avant, mais elle venait de faire preuve d’une finesse
évidente. Ce qui ne l’étonna pas. A entendre ses titres et filiations, il ne
doutait pas qu’elle tînt un rang élevé parmi son peuple. Laduni n’était pas
surpris que Jondalar ramenât une telle femme, sachant que sa mère et l’homme de
son foyer avaient tous deux assuré les plus hautes responsabilités. Le sang de
la mère et l’esprit de l’homme ne sauraient mentir.
Laduni saisit les mains qu’Ayla lui tendait.
— Au nom de Duna, la Grande Terre Mère, tu es la bienvenue,
Ayla du Camp du Lion des Mamutoï, Élue par le Lion, Protégée par le Puissant
Ours, et Fille du Foyer du Mammouth.
— Je te remercie de ton accueil, déclara Ayla selon la
tradition. Et si tu me le permets, j’aimerais te présenter Loup, pour qu’il
sache que tu es un ami.
Laduni fit la grimace. Il n’était pas si sûr de vouloir faire
connaissance avec le loup, mais il n’avait hélas ! pas le choix.
— Loup, voici Laduni des Losadunaï, dit Ayla en prenant la
main de l’homme qu’elle fit sentir à l’animal. Laduni est un ami.
Après avoir reniflé la main de l’inconnu, mêlée à l’odeur d’Ayla,
Loup parut comprendre que l’homme devait être accepté. En signe d’amitié, il
renifla les parties intimes de Laduni, au grand dam de ce dernier.
— Suffit, Loup, gronda Ayla en lui faisant signe de
reculer. Il sait
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