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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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avait
déjà vu beaucoup d’habitations des Autres : abris mobiles utilisés en été,
ou structures plus solides capables de résister aux rigueurs de l’hiver.
Certaines étaient bâties avec des os de mammouth et recouvertes de gazon et d’argile,
d’autres en bois sous un surplomb de la roche ou sur un ponton flottant, mais
elle n’avait jamais vu de caverne comme celle-là depuis qu’elle avait quitté le
Clan. La large entrée ouvrait au sud-est, et l’intérieur était spacieux. Brun s’y
serait plu, songea-t-elle.
    Lorsque ses yeux se furent habitués à l’obscurité, Ayla fut
surprise par l’agencement qu’elle découvrit. Elle s’était attendue à voir
plusieurs foyers, un foyer par famille, en somme. Or, il y avait bien plusieurs
foyers, mais chacun d’eux était à l’entrée d’une sorte de tente faite de peaux
tendues sur des pieux verticaux et sans toiture. Il est vrai que la caverne
suffisait à protéger des intempéries. Elle comprit que les peaux formaient un
écran contre les regards. Elle se souvint alors de l’interdit du Clan : on
ne devait pas porter les yeux à l’intérieur des espaces définis par des pierres
qui délimitaient chaque foyer. C’était une question de tradition et de contrôle
sur soi, mais le but était le même : garantir une certaine intimité.
    Laduni les conduisit à l’un des foyers.
    — Dites-moi, les gens dangereux dont vous parliez n’appartenaient-ils
pas à une bande de vauriens, par hasard ? demanda-t-il.
    — Non, pourquoi ? Vous avez eu des ennuis ? fit
Jondalar. Autrefois, tu m’avais parlé d’un jeune homme à la tête d’une petite
bande. Ils s’amusaient à chasser le Cl... les Têtes Plates.
    Il jeta un coup d’œil à Ayla, mais savait que Laduni ne pouvait
pas comprendre le mot « Clan ».
    — Ils tourmentaient les hommes, et volaient les Plaisirs
aux femmes, reprit-il. De jeunes excités qui créaient des ennuis à tout le
monde. En entendant parler de « Têtes Plates », Ayla tendit l’oreille,
curieuse de savoir si ceux du Clan habitaient dans la région.
    — Oui, ce sont les mêmes, avoua Laduni. C’est Charoli et sa
bande. C’étaient peut-être de jeunes excités au début, mais ils ont été trop
loin.
    — J’aurais cru qu’ils seraient devenus raisonnables avec l’âge,
fit Jondalar.
    — C’est la faute de Charoli. Les autres, individuellement,
ne sont pas de mauvais bougres, mais c’est lui qui les pousse. Losaduna dit qu’il
veut prouver son courage, montrer qu’il est un homme, parce que justement il n’y
avait pas d’homme dans son foyer.
    — Nombreuses sont les femmes qui ont élevé seules leurs
garçons, et ils sont pourtant devenus des hommes de valeur, objecta Jondalar.
Dans le feu de la discussion, ils s’étaient arrêtés et se tenaient au milieu de
la caverne. Un attroupement se forma.
    — Oui, c’est juste. Mais le compagnon de sa mère a disparu
quand il n’était qu’un bébé et elle n’en a pas repris d’autre. Au lieu de cela,
elle a reporté toute son affection sur lui et l’a choyé au-delà de l’âge
nécessaire, plutôt que de lui laisser apprendre à travailler et accomplir ses
devoirs d’adulte. Et maintenant, nous devons mettre un terme à ses égarements.
    — Que s’est-il passé ? demanda Jondalar.
    — Une fille de notre Caverne était descendue à la rivière
poser des pièges. Elle était femme depuis quelques lunes, et elle n’avait pas
encore connu les Rites des Premiers Plaisirs. Elle était impatiente de
participer à la cérémonie lors de la prochaine Réunion. Charoli et sa bande ont
découvert qu’elle était seule, et ils l’ont tous prise...
    — Tous ? Ils l’ont prise de force ? s’indigna
Jondalar. Avant les Premiers Rites ? Je n’arrive pas à y croire !
    — Oui, tous, confirma Laduni, dont la colère froide était
plus impressionnante qu’un accès de rage. Nous ne pouvons pas l’accepter !
J’ignore s’ils se sont lassés des Têtes Plates, ou l’excuse qu’ils se sont
trouvée, mais ils ont dépassé les limites. Ils l’ont blessée, elle est revenue
en sang. Et maintenant, elle refuse qu’un homme la touche. Elle a même refusé
de subir les Rites de la Féminité.
    — C’est terrible, mais on ne peut pas lui en vouloir, fit
Jondalar. Ce n’est pas la meilleure manière pour une jeune fille d’être initiée
au Don de Doni.
    — Sa mère craint que si elle s’abstient d’honorer la Mère
en

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