Le grand voyage
neige.
— Il y a des sources d’eau chaude par là-bas. C’est le
souffle de Doni Elle-même qui réchauffe l’eau. Certains humains ont peur de s’y
aventurer, mais le peuple que je veux visiter habite près d’un de ces puits
chauds. Les puits chauds sont sacrés pour eux, même si certains sentent très
mauvais. On dit que l’eau de ces puits guérit les maladies.
— Quand arriverons-nous chez eux ? demanda Ayla,
impatiente d’enrichir sa culture médicale.
De plus, les réserves de nourriture déclinaient, et ils ne
voulaient pas perdre de temps à chasser. Ils s’étaient même couchés plusieurs
fois le ventre vide.
Après un dernier à-plat, la pente s’accentua brusquement. Ils
étaient encerclés par de hauts plateaux que dominaient les pics glacés. Plus
ils avançaient vers l’ouest, plus le manteau de glace s’épaississait. Au
sud-ouest, deux pics se dressaient au-dessus des montagnes et faisaient penser
à un couple surveillant sa nichée d’enfants.
Le terrain s’aplanit. Jondalar s’éloigna de la rivière et
bifurqua vers le sud, en direction d’un nuage de vapeur qui flottait dans le
lointain. Arrivés en haut d’une crête, les voyageurs embrassèrent du regard une
prairie enneigée qui les séparait d’un bassin d’eau fumante, près d’une
caverne.
Plusieurs personnes les avaient vus approcher et regardaient
dans leur direction d’un air effaré. Ils étaient tous pétrifiés, sauf un qui
pointait sa sagaie vers eux.
35
— Descendons de cheval et continuons à pied, suggéra
Jondalar en voyant approcher à pas prudents des hommes et des femmes armés de
sagaies. J’aurais dû me souvenir de l’effet de terreur que nous produisons. Il
aurait mieux valu laisser les chevaux hors de vue des Losadunaï, et repartir
les chercher après avoir démontré que nous n’étions pas des esprits
malfaisants.
Ils mirent pied à terre et Jondalar eut la vision soudaine et
poignante de son « petit frère », Thonolan, confiant et le sourire
aux lèvres, allant vers une Caverne ou un Camp d’étrangers. Cette vision lui
parut un heureux présage. Il sourit et fit de grands signes amicaux puis il ôta
la capuche de sa pelisse pour qu’on le reconnût, et s’avança les deux mains
tendues, paumes vers le haut, pour prouver ses intentions pacifiques.
— Je cherche Laduni des Losadunaï ! clama-t-il. C’est
moi, Jondalar des Zelandonii ! Mon frère et moi sommes passés par ici il y a
quelques années, et Laduni m’avait proposé de le visiter à mon retour.
— Je suis Laduni, dit un homme en Zelandonii avec un léger
accent. Il marcha au-devant des deux voyageurs, la sagaie pointée sur eux, et
examina attentivement l’étranger.
— Alors tu prétends être Jondalar ? Jondalar des Zelandonii
? C’est vrai, tu ressembles à l’homme que j’ai connu.
— Parce que c’est moi ! répliqua Jondalar d’un ton
enjoué. Ah, je suis content de te voir, Laduni ! Je craignais de m’être
trompé de chemin. Je suis allé au bout de la Grande Rivière Mère, et même
au-delà, et voilà que si près de chez moi, je n’étais plus sûr de trouver ta
Caverne. Ce sont les vapeurs des puits chauds qui m’ont guidé. J’ai avec moi
quelqu’un que j’aimerais te présenter.
Le vieil homme dévisagea Jondalar avec circonspection. Était-ce
bien là l’homme qu’il avait connu ? Pourquoi réapparaissait-il en si
étrange compagnie ? Il avait l’air plus âgé, ce qui était normal, et
ressemblait davantage qu’autrefois à Dalanar. Il avait revu le vieux tailleur
de silex quelques années plus tôt lorsqu’il était venu faire du troc, et aussi,
du moins Laduni le pensait-il, pour découvrir ce qu’il était advenu du fils de
son foyer et de son frère. Dalanar serait heureux de la savoir en vie. Laduni s’approcha
de Jondalar en tenant sa sagaie d’un geste moins menaçant, mais prête malgré
tout, en cas de nécessité. Il jeta un coup d’œil aux chevaux, dont l’étonnante
docilité le stupéfiait, et vit seulement la jeune femme.
— Ces chevaux ne ressemblent pas à ceux qu’on voit par ici,
fit Laduni. Les chevaux de l’est seraient-ils plus dociles ? On doit les
chasser plus facilement, alors.
Soudain l’homme se crispa, et leva sa sagaie en visant Ayla.
— Jondalar, ne bouge surtout pas ! s’écria-t-il.
Tout s’était passé si vite que Jondalar n’avait pas eu le temps
de réagir.
— Laduni ! Que fais-tu ?
— Un
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