Le grand voyage
qu’un
homme promis à un bel avenir. Je crois que c’est ce que Madenia craint le plus.
— Ah, je comprends maintenant pourquoi Verdegia disait qu’elle
était abîmée ! fit Ayla, soucieuse. Crois-tu que les Losadunaï se
satisferont de sa purification rituelle ? Tu sais bien qu’une fois
ouverte, elle ne redeviendra plus jamais comme avant.
— Je crois que le rituel suffira. Ce n’est pas comme si
elle n’avait pas fait preuve d’assez de retenue. Elle a été forcée, ne l’oublie
pas. Et tout le monde en veut à Charoli. Même si certains émettent des
réserves, elle trouvera des défenseurs.
— Comme les humains sont compliqués ! s’exclama Ayla
après une longue réflexion. Les choses ne sont jamais telles qu’on les imagine.
— Je crois que ça ira, Laduni, assura Jondalar. Oui, ça
ira ! Laisse-moi récapituler. Nous mettrons l’herbe séchée dans le canot,
avec assez de pierres qui brûlent pour faire fondre la glace, des pierres pour
y construire le feu, et aussi la peau de mammouth sur laquelle on posera les
pierres pour éviter qu’elles ne traversent la glace en chauffant. Nous
transporterons notre nourriture, et celle de Loup, dans des paniers de selle et
dans les sacs.
— Cela risque d’être lourd, dit Laduni. Ne fais pas
bouillir l’eau, tu économiseras des pierres qui brûlent. Tu n’as qu’à faire
fondre la glace juste assez pour que les chevaux puissent boire, et vous aussi,
elle n’a pas besoin d’être chaude. Mais prends garde qu’elle ne soit trop
froide. Et buvez beaucoup, ne ménagez pas l’eau. Si vous êtes bien couverts,
que vous vous reposez, et que vous buvez suffisamment d’eau, vous résisterez au
froid.
— Ils devraient faire un essai, pour voir exactement de
quoi ils ont besoin, suggéra Laronia.
— Oui, c’est une bonne idée, approuva Ayla.
— Mais Laduni a raison, vous risquez d’être trop chargés,
poursuivit Laronia.
— Alors, il faut trier le matériel et n’emporter que le
strict nécessaire, dit Jondalar. Nous n’avons pas besoin de grand-chose. De l’autre
côté du glacier, nous serons tout près du Camp de Dalanar.
Ils s’étaient déjà débarrassés du superflu, que pouvaient-ils
encore abandonner ? s’interrogea Ayla. Elle se dirigeait vers le foyer où
leurs affaires étaient rangées quand Madenia se glissa à ses côtés. Déjà éprise
de Jondalar, la femme-fille considérait Ayla comme son modèle, ce qui la
mettait mal à l’aise. Mais elle avait de l’affection pour Madenia, et elle lui
proposa de rester pendant qu’elle trierait ses affaires.
Comme elle défaisait ses paquets et en étalait le contenu, elle
compta toutes les fois où elle s’était livrée à cette opération pendant le
Voyage. Les choix allaient s’avérer délicats. Tout ce qu’elle conservait encore
lui était précieux, mais s’ils devaient traverser le glacier gigantesque qui
préoccupait Jondalar depuis leur départ, il faudrait éliminer le maximum de
chargement possible.
Le premier paquet renfermait le magnifique ensemble en peau de
chamois que Roshario lui avait offert. Bras tendus, elle l’examina.
— Oh ! Quelle merveille ! s’exclama Madenia, qui
ne résista pas à l’envie de le toucher. Oh, comme c’est doux ! Je n’ai
jamais touché une peau si douce.
— C’est une femme des Sharamudoï qui m’en a fait cadeau,
dit Ayla. Ils vivent à l’autre bout de la Grande Rivière Mère, là où elle est
vraiment digne de son nom. Tu n’imagines pas comme la Grande Mère est immense.
Les Sharamudoï sont en réalité deux peuples. Il y a les Shamudoï, qui vivent
sur terre et chassent le chamois. As-tu déjà vu un chamois ? C’est un
animal qu’on trouve dans les montagnes, comme le bouquetin, mais plus petit.
— Ah, oui ! J’en ai déjà vu, mais nous leur donnons un
autre nom, fit Madenia.
— Il y a ensuite les Ramudoï, qui habitent sur le fleuve et
chassent le grand esturgeon, un poisson géant. Ensemble, ils préparent des
peaux de chamois grâce à un procédé secret qui les rend douces et souples comme
celle-ci.
Ayla considéra la tunique brodée et repensa aux Sharamudoï. Cela
semblait si loin ! Elle regrettait toujours de n’être pas restée avec eux,
d’autant qu’elle était sûre de ne jamais les revoir. L’idée d’abandonner le
cadeau de Roshario lui coûtait, mais elle vit le regard brillant de convoitise
de Madenia et se décida vite.
— Tu le voudrais,
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