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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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dans les failles de la
roche qu’elles firent exploser en gelant. Dans ces dépressions ainsi créées en
haut des montagnes, les légers flocons de neige, dentelle de givre, s’étaient
amoncelés. Le poids du volume d’eau gelée avait fini par briser les délicats
flocons qui s’étaient compressés en petites boules de glace : les névés.
    Le névé se formait en profondeur. Dans les cirques, et à chaque
nouvelle chute de neige, les boules de glace compactes étaient poussées vers la
surface et basculaient par-dessus la barre du cirque. En tombant, les boules de
glace se choquaient les unes contre les autres avec tant de force que la
friction libérait de la chaleur. Pendant une fraction de seconde, la glace
fondait aux multiples points de contact et regelait aussitôt, formant ainsi un
amalgame. Plus les couches de glace s’épaississaient, plus la pression
augmentait et transformait la structure des molécules en glace cristalline,
mais avec une caractéristique essentielle : la glace s’écoulait.
    La glace des glaciers, créée par des pressions colossales, était
d’une densité supérieure. Pourtant, à la base, la gigantesque masse de glace
compacte s’écoulait comme une rivière. Devant les obstacles tels que les pics
montagneux, elle se séparait et de rejoignait de l’autre côté, en emportant
souvent une partie de la roche, et en laissant derrière elle des îles de roches
déchiquetés. La glace épousait les contours au soi, le broyant et le remodelant
au passage.
    Le fleuve de glace possédait ses courants, ses tourbillons, ses
eaux stagnantes et ses centres impétueux, mais il se déplaçait à son rythme,
avec une lenteur solennelle digne de sa masse gigantesque. Il ne couvrait
parfois que quelques centimètres en plusieurs années, mais qu’importe ! Le
glacier avait tout son temps. Tant que la température moyenne restait en deçà
du seuil critique, le glacier prospérait.
    Les cirques des montagnes n’étaient pas les uniques matrices
pour les glaciers. Ils se formaient aussi sur terrain plat et dès qu’ils
recouvraient une surface importante, le refroidissement créait un entonnoir
anticyclonique centré au milieu du glacier et par où s’engouffraient les
précipitations qui s’étendaient ensuite jusqu’à sa bordure. L’épaisseur de la
glace restait la même partout.
    Les glaciers n’étaient jamais complètement secs. Les pressions
colossales faisaient fondre l’eau qui suintait en permanence. Elle comblait les
fentes et les fissures et se dilatait en regelant. De son point de départ, le
glacier avançait dans toutes les directions et sa vitesse dépendait de l’inclinaison
de sa surface, et non de la pente du sol sur lequel il s’écoulait. Plus l’inclinaison
était forte, plus vite l’eau du glacier se précipitait dans les fissures de la
glace et étendait le glacier en regelant. Les glaciers grandissaient plus vite
quand ils étaient jeunes, près des océans et des mers, dans les montagnes où
les hautes cimes leur garantissaient des chutes de neige abondantes. Ils
ralentissaient en vieillissant, leur surface immense éloignait les rayons du
soleil par réflexion, et au-dessus du centre, l’air devenait plus sec et plus
froid, et la neige moins abondante.
    Partis du massif méridional, les glaciers avaient rempli les
vallées et s’étaient déversés par les cols des hautes montagnes. Au cours de la
période glaciaire précédente, ils avaient comblé la tranchée profonde de la
ligne de faille qui séparait la jeune montagne de l’ancien massif. Ils
recouvraient les hauts plateaux et s’étaient étendus jusqu’aux vieux sommets
érodés de la chaîne septentrionale. La glace avait reculé pendant la période de
réchauffement – qui touchait à sa fin et l’eau avait inondé la vallée
de faille, créant une vaste rivière et une longue moraine, mais le plateau de glace
qu’elles franchissaient perdura.
    Comme ils ne pouvaient installer leur feu directement sur la
glace, ils avaient d’abord pensé utiliser le canot comme socle et y installer
les rocs qu’ils avaient transportés pour construire le foyer. Mais il leur fallait
vider le canot des pierres qui brûlent. Ayla ôta donc la peau de mammouth qui
recouvrait le canot et eut l’idée d’en protéger la glace pour bâtir le foyer.
Elle risquait d’être légèrement roussie, mais cela n’avait pas d’importance.
Elle se félicita de l’avoir conservée. Tout le monde, y

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