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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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a-t-il ? s’inquiéta Jondalar.
    — Il y a... il y a que j’ai trouvé ! s’écria-t-elle.
Oh, Jondalar, je viens de m’en souvenir.
    Jondalar ne comprenait pas le comportement étrange de sa
compagne.
    — Tu viens de te souvenir de quoi ?
    A l’évidence, la perspective de perdre les deux chevaux la
perturbe, se désola Jondalar.
    Ayla tira brusquement la lourde peau de mammouth du feu,
renversant une pierre brûlante sur le cuir.
    — Donne-moi un couteau, Jondalar. Ton couteau le mieux
aiguisé.
    — Mon couteau ?
    — Oui, je vais fabriquer des bottes pour les chevaux.
    — Des quoi ?
    — Je vais faire des bottes pour les chevaux, et aussi pour
Loup. Regarde, avec cette peau de mammouth !
    — Des bottes pour chevaux ?
    — Voilà, je découpe des cercles dans le cuir, je perce des
trous sur les bords, j’enfile des tendons que j’attacherai aux paturons des
chevaux. Puisque la peau de mammouth protège nos pieds des coupures de la
glace, elle protégera aussi les sabots de Whinney et de Rapide, expliqua Ayla.
    Jondalar se taisait, essayant de visualiser l’objet qu’Ayla
venait de décrire. Son visage s’éclaira.
    — Oui, je crois que ça peut marcher. Par la Grande Terre
Mère, ça marchera ! Quelle idée fantastique ! Comment y as-tu
pensé ?
    — C’est comme cela qu’Iza fabriquait mes bottes. C’est
comme cela que le peuple du Clan fabrique ses protège-pieds et ses
protège-mains. Comment étaient ceux que portaient Guban et Yorga ? Ah, c’est
difficile à dire parce qu’après un certain temps, le cuir se moule exactement
aux pieds.
    — Cette peau suffira-t-elle ?
    — Oui, je crois. Je vais terminer la préparation de la
potion pour les coupures pendant que le feu est encore chaud, et je ferai aussi
une infusion pour nous. Nous n’en avons pas bu depuis deux jours, et nous n’aurons
certainement pas l’occasion d’en prendre avant d’être sortis de ce glacier. Il
va falloir économiser les pierres qui brûlent, mais une bonne infusion sera la
bienvenue.
    — Allons-y pour l’infusion ! approuva Jondalar qui
avait retrouvé sa bonne humeur.
    Ayla examina les sabots des chevaux, nettoya les plaies,
appliqua sa potion, et enveloppa ensuite les paturons des deux montures dans
des morceaux de la peau de mammouth. Ils essayèrent d’abord de se débarrasser
des étranges protège-pieds, mais le cuir était solidement attaché et ils s’y
habituèrent vite. Elle recommença l’opération avec Loup. Il mâchonna et rongea
le cuir qui le dérangeait, mais finit pas se lasser, lui aussi.
    Ainsi, le lendemain matin, la charge des chevaux fut allégée. Des
pierres qui brûlent avaient disparu dans le feu, et la lourde peau de mammouth
entourait maintenant leurs pieds. De surcroît. Ayla les déchargea à chaque
arrêt, et prit une partie du fardeau sur son dos, bien qu’avec la meilleure
volonté du monde, elle ne pût les soulager que d’un poids insignifiant. Mais
malgré la marche, leurs blessures se cicatrisèrent. Loup semblait être déjà
guéri, au grand soulagement d’Ayla et de Jondalar. Avantage inattendu, les
bottes, comme les raquettes, empêchaient les chevaux de s’enfoncer dans la
neige épaisse.
    Le rythme du premier jour se maintint, avec quelques variantes.
Ils parcouraient les plus grandes distances le matin, car l’après-midi
apportait la neige et le vent. Parfois, ils reprenaient la route après la
tempête, mais ils étaient souvent obligés de camper là où le blizzard les
surprenait. Pourtant, ils n’eurent plus à affronter des vents aussi violents
que le premier jour.
    Le glacier n’était pas aussi plat et lisse qu’il leur avait
paru. Ils pataugeaient dans des monticules de neige poudreuse détrempée
amoncelée par des tempêtes locales, trébuchaient sur des amas de glace
coupante, glissaient dans des fossés, se prenaient les pieds dans des fissures,
se tordaient les chevilles sur la surface inégale. De brusques bourrasques
soufflaient sans crier gare, les vents féroces ne faiblissaient presque jamais,
et les deux voyageurs vivaient dans la hantise d’une crevasse invisible
recouverte d’un pont trop fragile ou d’une corniche de neige friable.
    Ils contournaient les crevasses béantes, particulièrement
nombreuses vers le centre du glacier où l’air sec ne permettait pas d’importantes
chutes de neige qui les eussent recouvertes. Le froid intense, âpre, mordant,
polaire ne s’adoucissait jamais. Leur

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