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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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vent n’était pas réellement
chaud, il était seulement moins froid, mais il soufflait du sud.
    — Dépêchons-nous, Ayla ! Dépêchons-nous, cria-t-il en
courant presque.
    Ayla ne se le fit pas dire deux fois. A la mi-journée, le ciel
était limpide et la brise était si douce qu’elle semblait presque tiède. Elle
souffla avec une violence accrue, ralentissant les voyageurs qui avançaient
péniblement, courbés en deux. Le souffle réchauffait la glace comme une caresse
mortelle. Les congères poudreuses devinrent humides et compactes, et tournèrent
vite en neige fondue. Des mares se formèrent dans les creux, grandirent, et
scintillèrent. Le centre du glacier resplendit alors d’une vive couleur
bleutée, mais les voyageurs n’avaient ni le temps ni l’envie d’admirer la
beauté du paysage. Les chevaux pouvaient enfin se désaltérer, mais Jondalar se
serait volontiers passé de cette satisfaction.
    Un léger brouillard se leva, et resta accroché à la surface. Le
vent du sud l’emporta avant qu’il ne pût s’élever dans les airs. Jondalar
tâtait la glace avec une longue sagaie, mais il courait presque et Ayla avait
toutes les peines à le suivre. Elle aurait bien voulu sauter sur le dos de
Whinney et galoper le plus vite possible, mais des crevasses s’ouvraient devant
leurs pas à chaque instant. Jondalar aurait juré que l’horizon se rapprochait,
mais le brouillard rampant déformait la perception des distances.
    Des petits ruisselets commencèrent à couler sur la glace,
reliant les flaques entre elles, et les voyageurs avaient du mal à garder l’équilibre.
Soudain, devant eux à quelques pas, une énorme plaque de glace s’effondra,
dévoilant un gouffre béant. Loup hurla et les chevaux effarouchés poussèrent
des hennissements stridents. Jondalar suivit le bord du gouffre à la recherche
d’un chemin.
    — Jondalar, je n’en peux plus. Je suis épuisée, il faut que
je m’arrête, gémit Ayla qui s’effondra en sanglots. Nous n’y arriverons jamais.
Jondalar revint sur ses pas et la consola.
    — Nous y sommes presque, Ayla. Regarde, tu vois bien que le
glacier s’arrête bientôt.
    — Mais nous avons failli tomber dans une crevasse,
Jondalar, et ces flaques se transforment en trous bleus immenses où les
ruisseaux disparaissent.
    — Tu préfères rester ici ?
    — Non. Oh, non ! Je ne sais pas ce que j’ai à pleurer
comme ça. Si nous restons ici, nous mourrons, c’est sûr.
    Jondalar réussit à se frayer un passage autour du cratère, mais
lorsqu’ils obliquèrent vers le sud, le vent souffla avec autant de violence que
les blizzards précédents. Les rus grossirent et tissèrent un réseau entremêlé
de ruisseaux qui devinrent bientôt des rivières. Les voyageurs contournèrent
deux nouvelles crevasses et virent enfin le bout de leur cauchemar. Ils
franchirent les derniers mètres au pas de course, et se penchèrent au-dessus du
vide.
    Ils avaient franchi le glacier.
    Une cascade d’eau laiteuse, le lait du glacier, jaillissait sous
leurs pieds, de la base du glacier. Ils apercevaient au loin, au-delà de la
coulée de neige, un fin tapis de verdure.
    — Veux-tu que nous nous arrêtions un peu ici, pour que tu
te reposes ? proposa Jondalar, le front soucieux.
    — Non, je veux en finir avec cette glace. Nous nous
reposerons dans cette prairie, là-bas.
    — C’est plus loin qu’on le croit, tu sais. Pas de
précipitation, restons prudents. Nous allons nous encorder, et tu descendras la
première. Si tu dérapes, je te retiendrai. Choisis bien ton chemin. Nous
guiderons les chevaux par la longe.
    — Non, il ne vaut mieux pas. Ôtons-leur les harnais et
déchargeons-les, détachons le travois, et laissons-les descendre tout seuls.
    — Tu as peut-être raison, mais il faudra abandonner les
paniers de charge... à moins que...
    Ayla devina ses pensées.
    — Oui, chargeons tout dans le bateau ! fit-elle. Nous
le laisserons glisser jusqu’à la prairie.
    — C’est ça, mais gardons un panier où nous entasserons l’essentiel,
ajouta-t-il, fier de sa trouvaille.
    — Si nous attachons bien le chargement et que nous
regardons de quel côté il glisse, nous le retrouverons.
    — Et si ça casse ?
    — Tu crois qu’il va se casser ?
    — L’armature peut se briser, mais la peau restera entière
et maintiendra les affaires.
    — Et le contenu restera en bon état, n’est-ce pas ?
    — Oui, assura Jondalar. Le contenu devrait

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