Le grand voyage
résister. L’idée
du canot est excellente.
Ils chargèrent l’embarcation et Jondalar installa le panier d’objets
de première nécessité sur son dos. En prenant garde de ne pas glisser, ils
longèrent le bord du glacier à la recherche d’une descente propice. Comme pour
compenser tant de retard et de mésaventures, ils trouvèrent tout de suite la
pente douce d’une moraine qui prolongeait une coulée de glace plus abrupte. Ils
tirèrent le canot jusqu’à la coulée glissante. Ayla détacha le travois, ils
débarrassèrent les chevaux de leur harnais mais leur laissèrent les
protège-sabots de cuir. Ayla s’assura qu’ils étaient bien fixés, mais le cuir
avait épousé la forme du sabot et s’ajustait confortablement aux paturons. Ils
conduisirent ensuite les chevaux en haut de la moraine.
Affolée, Whinney hennit. Ayla l’apaisa en lui parlant dans la
langue de signes, de mots, et de sons, qu’elle avait inventée pour communiquer
avec sa jument.
— Whinney, il faut que tu descendes toute seule. Tu
trouveras plus facilement ton chemin que si j’étais avec toi.
Jondalar rassura à son tour le jeune étalon. La descente était
dangereuse et tout pouvait arriver, mais au moins avait-il amené les chevaux de
l’autre côté du glacier. C’était maintenant à eux de jouer. Loup courait de
long en large sur le rebord du glacier, comme lorsqu’il avait peur de traverser
une rivière.
Encouragées par Ayla, Whinney se lança la première, posant ses
sabots avec précaution. Rapide lui emboîta le pas et la distança bientôt. Ils
parvinrent à un endroit glissant, dérapèrent, prirent de la vitesse et durent
galoper pour garder l’équilibre. Ils seraient en sécurité avant qu’Ayla et
Jondalar atteignissent la prairie... à moins que...
En haut, Loup couinait, la queue entre les pattes, affichant sa
peur sans honte en voyant les chevaux dévaler la pente.
— Poussons le canot et mettons-nous en route, fit Jondalar.
La descente est longue et ce ne sera pas facile.
Comme ils poussaient le bateau près de la crête du glacier, Loup
sauta dedans.
— Il croit que nous allons traverser une rivière, remarqua
Ayla. Ah, si nous pouvions flotter sur la glace !
Leurs regards se croisèrent et un sourire se dessina sur leurs
lèvres.
— Qu’en penses-tu ? demanda Jondalar.
— Pourquoi pas ? Tu disais que la peau résisterait.
— Et nous ?
— Nous verrons bien !
Ils déblayèrent le terrain et grimpèrent dans le canot en forme
de coquille de noix où Loup les attendait. Jondalar adressa une prière à la
Mère, et en s’aidant d’une des perches, les propulsa dans la pente.
— Cramponne-toi bien ! cria Jondalar.
Le canot prit bientôt de la vitesse et fonça tout droit, mais il
heurta un obstacle, fit un bond et tournoya. Il fit une embardée, arriva en
haut d’un petit raidillon et décolla. Ayla et Jondalar poussèrent des cris de
peur et d’excitation. Ils atterrirent dans une violente secousse qui les
propulsa en l’air. Ils s’agrippèrent à la coque qui tourniqua, alors que Loup s’aplatissait
dans le fond tout en pointant son museau par-dessus bord.
Ayla et Jondalar se cramponnaient de toutes leurs forces, ils ne
pouvaient rien faire d’autre. Le canot échappait à leur contrôle et dévalait la
pente du glacier. Il zigzaguait, tantôt à droite, tantôt à gauche, tournoyait,
bondissait, comme ivre de joie. Heureusement, il était trop chargé pour
culbuter. La descente vertigineuse arrachait des cris à Ayla comme à Jondalar,
qui souriaient malgré tout. Jamais ils n’avaient connu une telle ivresse, mais
la descente n’était pas terminée.
Ils ne s’étaient pas demandé comment s’arrêterait leur
embarcation, mais comme ils approchaient du bas, Jondalar se souvint qu’une
crevasse séparait le pied du glacier de la terre ferme. Un arrêt brutal sur du
gravier pourrait les jeter par-dessus bord, les blesser, ou pire encore.
Jondalar ne comprit pas tout de suite ce qui se passait, mais quand ils
atterrirent dans une grande secousse et une gerbe d’éclaboussures au milieu de
nuages d’eau, il comprit que le canot les avait conduits au bas de la cascade
qu’ils avaient aperçue d’en haut.
La cascade les entraîna dans une autre chute, et après un
nouveau choc et de nouvelles éclaboussures, ils flottèrent bientôt sur les eaux
de fonte paisibles d’un petit lac. Loup était si heureux qu’il ne savait plus
où donner de la
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