Le grand voyage
dons de savoir et de compréhension qui lui
ont été accordés. Cette femme est aussi reconnaissante pour l’homme que l’Esprit
de son puissant totem a guidé vers elle, et qui ramène cette femme chez lui. L’homme
ne connaît pas les Esprits du Clan, et il ne comprend pas qu’il a été aussi
choisi par l’Esprit du Puissant Lion des Cavernes, mais cette femme est
reconnaissante qu’il ait été jugé digne de considération.
Elle allait rouvrir les yeux quand elle se ravisa.
— Puissant Esprit du Lion des Cavernes, reprit-elle dans le
même langage du Clan, Mog-ur a dit à cette femme que les esprits des totems ont
besoin d’une demeure accueillante où ils puissent demeurer. Ce Voyage aura une
fin, mais le peuple de l’homme ne connaît pas les esprits des totems du Clan.
Le nouveau foyer de cette femme sera différent, mais l’homme honore l’esprit de
tous les animaux et le peuple de l’homme connaît certainement et honore l’Esprit
du Lion des Cavernes. Cette femme promet au Puissant Esprit du Lion des
Cavernes qu’il sera toujours le bienvenu partout où cette femme sera
accueillie. Quand Ayla ouvrit les yeux, elle vit que Jondalar l’observait.
— Tu semblais... très absorbée, je n’ai pas voulu te
déranger, hasarda-t-il.
— Je... je pensais au Lion des Cavernes, mon totem,
expliqua-t-elle. Et aussi à ton peuple. J’aimerais qu’il soit bien accueilli...
là-bas.
— Les esprits des animaux sont les bienvenus auprès de
Doni. C’est la Grande Terre Mère qui les a créés. Toutes les légendes en
parlent.
— Les légendes ? Les histoires des anciens
temps ?
— Oui, on peut les appeler comme ça, mais on les raconte
dans un style particulier.
— Le Clan aussi avait ses légendes. J’adorais que Dorv les
raconte. Mog-ur a appelé mon fils d’après le héros d’une de mes histoires
préférées : la légende de Durc, annonça-t-elle avec fierté.
Jondalar parut surpris. Il n’arrivait pas à croire que ceux du
Clan, les Têtes Plates, eussent leurs légendes. Il éprouvait certaines
difficultés à se débarrasser des idées préconçues avec lesquelles il avait
grandi, bien qu’il eût été obligé de se rendre à l’évidence que ce peuple était
plus évolué qu’il ne paraissait. En fait, pourquoi n’auraient-ils pas leurs
légendes ?
— Connais-tu des légendes de la Terre Mère ? demanda
Ayla.
— Oui, je me souviens de bribes. On les récite d’une façon
spéciale pour se les rappeler plus facilement, mais seuls certains zelandoni
les connaissent toutes.
Il se concentra quelques instants avant d’entonner un chant
mélodieux :
De son ventre, des eaux jaillirent, emplissant mers et
ruisseaux,
Inondant les terres où surgirent des arbrisseaux.
De chaque goutte une herbe, une feuille, naquit,
Et bientôt, de verdure la terre se recouvrit.
— Oh, comme c’est beau ! s’écria Ayla, ravie. J’aime
la mélodie. On dirait les rythmes des chansons mamutoï. On doit s’en souvenir
facilement.
— On chante souvent celle-là. Chaque peuple la chante à sa
manière, mais les paroles restent les mêmes. Il y a des personnes capables de
chanter l’histoire entière, et toutes les légendes qui s’y rapportent.
— En connais-tu d’autres ?
— Quelques-unes. Je les ai toutes entendues, et je connais
le fil de l’histoire, mais les vers sont longs, il y en a trop à retenir. Le
début raconte la solitude de Doni et comment Elle donne naissance au soleil,
Bali, « la grande joie de la Mère », un fils magnifique et très
brillant. Ensuite, Elle le perd et Elle se retrouve encore seule. La lune,
Lumi, est son amant, et c’est aussi Elle qui l’a créé. Cette partie est une
légende qui s’adresse aux femmes, elle parle des périodes lunaires et raconte
comment on devient femme. D’autres légendes expliquent comment Elle a donné
naissance à l’esprit des animaux, à l’esprit de l’homme et de la femme, et à tous
les Enfants de la Terre.
Loup jappa, un jappement de jeune chiot qui a envie qu’on s’occupe
de lui et qu’il avait déjà utilisé avec succès, ce qui l’incitait à s’en servir
encore bien qu’il en eût passé l’âge. Jondalar et Ayla se retournèrent et
comprirent la cause de son agitation. Plus bas, dans la verte vallée alluviale,
un petit troupeau d’aurochs venait de se montrer. Les bœufs sauvages étaient
énormes, leurs cornes ramassées et leur toison épaisse, d’un
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