Le grand voyage
toutes ensemble à la collecte et à l’accumulation
des vivres pour l’hiver.
Il écarta la peau accrochée aux défenses de mammouth et pénétra
dais l’habitation en se baissant. Derrière lui, Ayla retint la lourde tenture
pour laisser entrer la lumière.
— Qu’en dis-tu, Ayla ? Crois-tu que des Mamutoï
habitent ici ?
— Oui, peut-être. Comment en être sûre ? Tu te
souviens du Camp sungaea où nous nous sommes arrêtés sur le chemin de la
Réunion d’Été ? On aurait dit un Camp de Mamutoï. Ses habitants avaient
sans doute des coutumes un peu différentes, mais tout prouvait que c’étaient
des Chasseurs de Mammouths. Mamut prétendait que même leurs rites funéraires
étaient très proches. Il pensait qu’ils étaient de lointains parents des
Mamutoï. J’avais pourtant remarqué que leurs dessins étaient différents,
dit-elle en essayant de se souvenir. Et aussi leurs habits... je pense en
particulier au beau châle en laine de mammouth qui recouvrait le corps de la
jeune fille morte. Mais c’est vrai, chez les Mamutoï, on trouve aussi plusieurs
motifs. A la décoration de sa tunique, Nezzie savait à quel Camp tel Mamutoï
appartenait. Alors que moi, je voyais à peine une différence.
Le jour pénétrait suffisamment pour laisser voir que la
construction ne possédait pas de structure en bois, à l’exception de quelques
perches en bouleau disposées à certains endroits stratégiques. La charpente
était faite d’os de mammouth. Les os de ces énormes bêtes fournissaient le
matériau le plus robuste et le plus abondant des steppes dépourvues d’arbre.
Beaucoup de ces ossements provenaient d’animaux ayant succombé à
une mort naturelle. On les ramassait quand on découvrait une carcasse dans la
steppe, mais le plus souvent ils étaient charriés par les rivières en crue et s’entassaient
comme les arbres morts au creux d’un méandre ou contre un barrage naturel.
Parfois, on construisait des abris au bord des rivières, près de ces
amoncellements d’os et de défenses, précisément.
Il fallait se mettre à plusieurs pour soulever un seul os et on
préférait éviter de transporter de telles charges. La charpente en os de
mammouth d’une petite caverne pesait plus d’une tonne. Un tel travail n’était
pas l’œuvre d’une seule famille, mais l’effort d’une communauté tout entière
dirigée par un homme expérimenté, et organisée par un chef capable de se faire
obéir.
Ce qu’on appelait un Camp était en fait un village, et ses
habitants n’étaient pas des nomades de passage. C’étaient des sédentaires
vivant de chasse et de cueillette. On abandonnait parfois le Camp en été, pour
aller chasser ou collecter des provisions qu’on entassait ensuite dans des
fosses. Il arrivait que les habitants d’un Camp aillent en visite dans d’autres
villages, afin d’échanger des nouvelles ou des marchandises.
— Non, ce n’est pas le Foyer du Mammouth, fit Jondalar en
laissant retomber le rideau qui souleva un nuage de poussière.
Ayla redressa la petite figurine dont les pieds avaient été à
peine esquissés pour qu’on pût la planter dans le sol afin qu’elle garde l’entrée,
et accompagna Jondalar au foyer suivant.
— Celui-ci est sûrement le foyer du chef ou du mamut, ou
des deux à la fois, déclara Jondalar.
Ayla nota que la construction était plus vaste et la statuette
gardant l’entrée plus élaborée.
— Si ce sont des Mamutoï, c’est bien là qu’habite le mamut,
confirma-t-elle. Le foyer de Ceux Qui Ordonnent du Camp du Lion était plus
petit que celui de Mamut, qui recevait les visiteurs et servait de lieu de
réunion.
Debout à l’entrée, ils maintinrent le rideau ouvert le temps de
s’habituer à l’obscurité. C’est alors qu’ils virent briller deux points
minuscules. Loup gronda et Ayla renifla une présence qui la rendit nerveuse.
— Jondalar, n’avance pas ! Loup, ici !
— Qu’y a-t-il ? s’inquiéta Jondalar.
— Tu ne sens rien ? Un animal se cache ici, un
blaireau, je crois. Si on l’effraye, il va répandre une puanteur qui ne s’en
ira pas facilement, et on ne pourra pas utiliser ce foyer. Ceux qui vivent ici
auront eux aussi du mal à se débarrasser de l’odeur. Laisse le rideau ouvert,
Jondalar, il partira peut-être de lui-même. Ces bestioles vivent dans des
terriers et n’aiment pas la lumière, même s’il leur arrive de chasser pendant
la journée.
Loup s’était
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