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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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comment l’intendant a été tué, à quelle heure son corps a été découvert et dans quelles circonstances ?
    Personne ne répondit. Tous semblaient retenus par d’obscures craintes.
    — Vous savez, reprit-il, que je sers les missionnaires de l’empereur qui sont actuellement à Auxerre, enquêtent sur le meurtre de Wadalde et vont commencer leurs investigations sur celui de Malier, qui vient de se produire ici. Je ne soupçonne évidemment aucun d’entre vous. Mais vous devez apporter vos témoignages. Que préférez-vous ? Si vous ne témoignez pas ici devant moi, je serai contraint de demander qu’on envoie la garde de la mission pour ramener bon nombre d’entre vous à Auxerre, où ils seront bien obligés de dire ce qu’ils ont vu, entendu et constaté !
    Julien, poussé et encouragé par les autres, se présenta devant le moine. Il se nomma et se dit prêt à répondre aux questions qui lui seraient posées.
    — Approche encore, mon fils, lui ordonna le frère Antoine en lui tendant sa gourde. Bois un bon coup de cet excellent vin pour t’éclaircir la voix, et venons au fait !
    Julien ne se fit pas prier. Il but et fit claquer sa langue pour marquer sa satisfaction. Il remercia puis déclara :
    — Tu te demandes pourquoi personne n’a osé ouvrir le bec, n’est-ce pas, mon père ?…
    Le moine acquiesça.
    — C’est à cause de ce meurtre épouvantable au Gué du diable, puis de ce qui vient de se produire près de cette cressonnière… Qui peut savoir, hein ? Des fois que le Malin rôderait encore par-ci, par-là, lui ou un de ces esprits malfaisants qui le servent et… des fois qu’il y en aurait un qui espionnerait ici…
    Le frère Antoine, après avoir lancé des exorcismes spectaculaires, s’écria :
    — Ne suis-je pas venu à vous avec, aux lèvres, la parole du Tout-Puissant et, au côté, le glaive de la foi ? Alors que chacun se rassure… Déjà les esprits malfaisants se sont enfuis…
    — Grâce à Dieu, murmura la foule.
    — Et toi, mon fils, si tu commençais par le commencement ?
    Julien relata alors l’arrivée à Diges de Malier, sa demande concernant l’acheminement d’un message, faisant au passage l’éloge de son fils, le départ de l’intendant, toujours à pied, pour le ru de la cressonnière, la découverte par Arminia du cadavre et ce qui s’était ensuivi, ajoutant :
    — Puis vous avez fendu la foule qui s’était assemblée pour voir une dernière fois notre intendant. Le reste t’est connu.
    — Tu as très bien expliqué tout cela, apprécia le frère Antoine. Résumons : à l’aube Malier arrive au bourg, il te rencontre, ton fils part pour Auxerre, l’intendant se dirige vers la cressonnière. Cela mène vers la deuxième heure, non ?
    — Si, mon père, à peu près.
    — Et quand Arminia vous a-t-elle… – comment dire ? – alertés ? Dirais-tu vers la troisième heure ? Julien approuva.
    — Donc Malier a été assassiné entre ces deux heures-là.
    — Il faut le croire.
    — Autre question : quelqu’un a-t-il repéré vers la troisième heure, ou un peu plus tard, un homme, à pied ou à cheval, qui quittait les parages ?
    Un doigt se leva.
    — Moi, seigneur ! dit une femme âgée, revêtue d’une tunique rapiécée.
    — Mon père suffira, rectifia le Pansu.
    — Moi, mon père. J’allais placer ma chèvre au piquet à l’orée du bois, juste là-derrière. Alors, j’ai vu au loin un cavalier qui partait dans cette direction-là… on aurait dit une ombre sur une ombre de cheval… C’était comme si on voyait au travers. J’ai filé !…
    — Cette direction-là est celle de la résidence Frébald, expliqua Julien. Il faut te dire, mon père, que, ces temps-ci, nous travaillons sur des champs qui sont situés assez loin d’ici. Pour que cette sorte de cavalier ait été aperçue par Laetitia, il a fallu cette chèvre à mettre au piquet.
    Le moine se tourna vers la foule et, après avoir remercié les témoins, s’écria :
    — Vous tous, ici, écoutez ! Pour que soient chassés définitivement de ces lieux les spectres et esprits infernaux, pour qu’ils soient rejetés dans les ténèbres, tous, implorons le Seigneur ! Qu’il bénisse vos foyers, qu’il bénisse votre labeur ! O Tout-Puissant, regarde Tes fils et Tes filles qui Te sont tout dévoués et accorde-leur Ton secours, prends-les sous Ta protection !
    — Amen ! répondit l’assistance.
    — Maintenant, tous

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