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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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surpris, vers les arrivants. Puis, les ayant mieux observés, il leur dit :
    — Je vous attendais.
    Le Grec, en descendant de cheval, précisa, en montrant le Pansu qui mettait pied à terre avec une aisance que sa corpulence ne laissait pas prévoir :
    — Voici le frère Antoine.
    Puis il dit au moine :
    — Et voici Bernard, fils aîné du seigneur Frébald.
    Timothée désigna le mort sur la charrette.
    — Malier ?
    Bernard hocha la tête affirmativement.
    — Comment a-t-il trouvé la mort et pourquoi ?
    Le fils de Frébald prit un air gêné.
    — Vous me voyez dans l’embarras, déclara-t-il. Tout ce qui constitue violation du ban impérial, comme l’est déjà le meurtre de Wadalde, ressortit à la compétence du comte d’Auxerre. La mort de Malier – tous vous diront ici qu’il s’agit à l’évidence d’un assassinat – tombe également sous sa juridiction. C’est à lui que je dois d’abord mon témoignage et ceux que j’ai recueillis. Je vais accompagner le corps de notre malheureux intendant jusqu’à notre résidence. De là j’enverrai un messager avertir le comte Ermenold.
    Cette mise au point posait un problème épineux. Les deux assistants se consultèrent discrètement. Timothée souligna qu’il ne leur était pas possible de dévoiler le dessaisissement du comte d’Auxerre sans qu’ils en eussent reçu permission des missi.
    — Certes, certes, bougonna le Pansu. Mais il faut aussi, et tout de suite, recueillir les témoignages de tous ceux-ci avant que les imaginations n’aient commencé à broder ! Comment l’intendant a-t-il été tué ? Nous-mêmes, nos maîtres surtout pourront-ils se contenter de ce que l’on nous en dira ? En la matière, rien ne peut remplacer nos oreilles et nos yeux !
    Ils décidèrent que le Grec, afin d’examiner le corps de Malier, et aussi d’observer les attitudes des uns et des autres, se joindrait au convoi ramenant la victime à Escamps. Le frère Antoine de son côté, après une courte enquête sur place, regagnerait Auxerre pour y tenir les missi au courant. Timothée informa le fils aîné de Frébald des dispositions arrêtées avec son collègue. Bernard renâcla. Il ne voyait pas en quoi l’assassinat de Malier regardait directement les missionnaires du souverain. S’ils devaient être tenus au courant, il appartenait au comte Ermenold de le faire.
    — Par deux fois, répliqua le Grec, les missi dominici avaient fait convoquer votre intendant. Par deux fois, pour expliquer son absence, on allégua qu’il était au loin ; l’entrevue devait être reportée… Or, ce matin, le frère Antoine et moi, alertés par un mystérieux message affirmant que nous pourrions enfin le rencontrer à cette fontaine, nous accourons en ce lieu, sur mandat du comte Childebrand, et c’est pour le trouver, privé de toute vie et déjà étendu à même la paille d’une charrette sur laquelle tu t’apprêtes à le faire transporter jusqu’à ta résidence ! Peux-tu imaginer comment nous accueilleraient nos seigneurs si nous rentrions à Auxerre pour leur dire : « Voici ce que nous avons entraperçu, mais nous ne pouvons vous en dire plus parce que nous n’avons pas cherché à nous renseigner davantage » ? En tout état de cause, nous nous devons de les informer et de la manière la plus complète. Nous allons donc nous y employer. Aurais-tu l’intention de t’y opposer ?
    — Évidemment non, grommela Bernard.
    — Voilà qui est sage… et d’autant plus avisé que l’affaire est des plus délicates.
    Le convoi mortuaire s’engagea dans le couloir ouvert par la foule. En tête chevauchait Bernard. Puis venait, tirée par un cheval que guidait un conducteur à pied, la charrette mortuaire encadrée par les deux hommes d’armes qui avaient escorté le fils de Frébald. Le Grec, sur sa monture, suivait à faible distance. Le cortège funèbre s’éloigna lentement.
    Avant que les villageois ne se dispersent, le frère Antoine s’adressa à ceux qui étaient le plus près de lui, qui avaient entendu les propos échangés avec Bernard et qui l’observaient avec un mélange de respect et d’étonnement, car cet assistant des missi dominici, moine massif et pansu, à la physionomie joviale mais au regard singulièrement pénétrant, avec son glaive au côté, ses couteaux à la ceinture et sa gourde à portée de main, piquait leur curiosité.
    — Quelqu’un d’entre vous, lança-t-il, peut-il me dire

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