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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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enfant.
    — C’était un étranger, s’obstina-t-elle. Je le sais.
    D’un geste nerveux, il s’essuya le visage.
    — Venez, maître Daniel, nous faire tremper ne nous aidera en rien.
    Il reprenait le chemin de sa maison quand une main s’agrippa à sa manche. Il se dégagea sans peine, mais à nouveau on tirait sur son vêtement. Deux enfants en haillons se tenaient à côté de lui, bien décidés à attirer son attention.
    — Maître Antoni, dit le plus grand, il y a un mort sur la grève.
    — Voilà exactement ce dont j’avais besoin, grommela Antoni. Le cousin d’un excellent client vient à mourir alors qu’il s’est placé sous la protection de ma maison.
    — Vous ne pouvez être tenu responsable, maître Antoni, dit Daniel.
    — Vous voulez qu’on vous montre ? proposa le gamin.
    — Oui, petit. Je te remercie de m’avoir prévenu. Tiens, cette pièce sera pour toi si tu nous emmènes là où tu l’as trouvé, et vite. Qui sait, il n’est peut-être pas trop tard.
    Antoni, Daniel et, bien qu’il plût toujours à torrents, deux ou trois badauds prirent le chemin de la grève. Des rafales s’abattaient sur la côte et le vent ne cessait de grossir.
    — Bien, où est donc ce mort ? demanda Antoni.
    — Par là, señor, répondit l’aîné. Juste à côté des roches grises.
    Courbés en deux, tête dans les épaules comme pour mieux se protéger, ils avançaient.
    — Alors ? fit Antoni une fois arrivé devant le premier rocher.
    — Là, señor, dit l’enfant le doigt tendu.
    Mais la plage était déserte.
    — Il était juste là, señor.
    — Le corps aura été emporté par la mer, suggéra l’un des curieux, un pêcheur. Elle peut monter très vite, vous savez.
    En hochant la tête, il contempla le sable déserté par les flots. D’étranges formes y avaient été sculptées, que le crépitement de la pluie aplanissait mais que la vague suivante faisait resurgir.
    — Non, dit l’enfant en élevant la voix pour se faire entendre malgré le vent et la pluie. On l’a mis à sec pour que ça n’arrive pas. Regardez, c’est là qu’on l’a transporté.
    Le sable gorgé d’eau présentait une sorte de dépression. Elle était entourée d’empreintes aussi nombreuses que floues, comme si les deux enfants avaient lutté pour tirer le corps avant de se sauver.
    — Dites-moi, leur demanda Antoni en se penchant pour se mettre à hauteur de leurs oreilles, est-ce qu’il aurait pu être parent avec mon client ? Un jeune garçon, de taille moyenne, plus grand que vous mais pas autant que moi. Avec des cheveux roux clair qui lui tombent presque jusqu’aux épaules. Et aussi…
    — Non, señor, dit l’aîné. Il avait des bras et des jambes très longs et aussi des cheveux noirs. Et il avait l’air bien plus vieux que moi.
    — Tu en es sûr, petit ?
    — Oui, j’en suis certain.
    Antoni chercha sa bourse dont il sortit deux pièces.
    — Tenez, c’est pour vous, les enfants. Rentrez vous mettre à l’abri. Nul n’a plus rien à craindre.
    — Il n’y a pas ici la moindre trace de mort ou de qui que ce soit, dit l’un des voisins. Moi, je retourne chez moi, voilà ce que je vais faire. Vous n’avez pas remarqué qu’il pleut des cordes ?
    — Vous avez raison, répondit Antoni. Nous ne résoudrons pas ces énigmes dans la tempête.
     
    — Vous non plus vous n’avez rien trouvé ? demanda Antoni après que Daniel et lui eurent passé des vêtements secs.
    Une fois de plus, ils étaient réunis autour de la table, et le feu vif qui flambait dans l’âtre les réchauffait tout en repoussant l’obscurité.
    — Nous l’avons cherché partout, maître Antoni. D’autres personnes m’ont bien dit l’avoir vu courir dans la rue, mais elles pensaient tellement à leur sécurité que personne ne pourrait le jurer.
    — Il fallait s’y attendre, dit Antoni en terminant son assiette de soupe chaude. Pour ma part, je dirais qu’il n’est pas mort. Il n’a certainement rien de commun avec le cadavre découvert sur la grève, si cadavre il y eut un jour.
    — J’y ai aperçu quelque chose alors que je me trouvais sur le toit. On aurait dit une personne. Et quelqu’un se penchait sur elle. Est-ce que Rubèn se serait enfui pour avoir vu la même chose que ces gamins ? Un corps gisant sur la grève ?
    — Je ne le pense pas. Je n’aurais pas reconnu mon propre père à une telle distance, encore moins un étranger couché dans le sable. En

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