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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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un peu plus tard.
    — Si notre Joan Cristià avait raison dans ses conjectures, dit Isaac, son ami savait déjà qu’il ne reviendrait pas.
    — Cela me semble probable. Le sergent a également appris de l’aubergiste que le jeune homme avait subtilisé une bonne partie de l’or contenu dans la bourse du mort. De plus, les vêtements de celui-ci avaient trempé dans l’eau de mer. J’ai posé la question aux serviteurs qui s’occupaient de Cristià et ils m’ont répondu que sa tunique était raide et décolorée comme après un passage dans la saumure.
    — Il a dit avoir été jeté à la mer.
    — Cela expliquerait tout, fit le secrétaire. Selon le sergent, tout le monde a décrit le mort avec précision, mais personne n’a vraiment remarqué son compagnon, à l’exception de l’aubergiste, qui lui a trouvé l’air d’un ange, et du cousin du potier, qui a décrit ses cheveux pâles, jaunes ou roux, l’on ne sait.
    — Un ange ! s’écria Berenguer. Et vous pensez que cela suffit pour le retrouver ? La région est pleine de « petits anges », à en croire leurs parents. Et puis, sait-on vraiment à quoi ressemble un ange ? Si c’est là l’unique description dont nous disposons… Non, ce qui me soucie davantage, ce sont les paroles du mourant telles que les a répétées maître Isaac et que les a recopiées votre scribe, Bernat.
    — Pourrais-je les entendre à nouveau, Votre Excellence ? dit Isaac. Cela me rafraîchirait la mémoire.
    — Certainement, dit Bernat qui adressa un signe de tête à son scribe.
    Celui-ci lut la transcription d’une voix tout à fait neutre.
    — Merci, cela m’a été très utile.
    — Utile ? s’étonna Berenguer. Mais en quoi ?
    — Je doutais de certains détails, j’ai à présent une idée plus précise de ce qu’il a dit.
    — Vous avez bien de la chance, fit l’évêque. Mais puisqu’il en est ainsi, maître Isaac, révélez-moi le sens de ces propos, s’il existe, naturellement.
    — Je pense que, tandis qu’il parlait, il ne cessait de passer de la vérité à une fable innocente qu’il inventait pour l’occasion.
    — Et quelle était donc cette fable ?
    — Qu’il avait payé pour s’embarquer sur un honnête vaisseau faisant route vers Barcelone. Le bateau frappé par la foudre menaçait de couler et de braves marins, faisant preuve d’une remarquable abnégation, l’ont mis dans un canot pour qu’il regagne la terre ferme.
    — Cela m’a paru très clair, dit Bernat.
    — Non, parce qu’il souffrait par intermittence du poison qu’on lui avait administré. Chaque fois, son langage se faisait plus saccadé, mais je crois aussi, plus honnête. C’est pendant l’une de ces crises qu’il a déclaré être monté sur un bateau dont le capitaine avait été grassement payé par son maître pour le prendre à son bord mais, au lieu de le conduire à destination, comme prévu, ils l’ont jeté à la mer.
    — C’est là le geste d’hommes manquant de tout principe, dit Bernat d’un ton guindé.
    — Des pirates, ajouta l’évêque.
    — C’est également mon avis, Votre Excellence, dit Isaac avant de poursuivre son raisonnement. Je crois aussi que le garçon angélique et l’apprenti auquel il a tout appris ne font qu’une seule et même personne.
    — Quel est donc ce personnage que nous avons tenté de secourir ? demanda Berenguer.
    — Un expert en poisons, Votre Excellence. Il savait précisément ce qu’on lui avait donné et il m’a demandé de lui préparer un mélange de plantes et de simples qui l’aurait aidé s’il l’avait ingurgité plus tôt. J’imagine que cette connaissance le rendait précieux aux yeux de son seigneur, quel qu’il fût.
    — Arborea ? suggéra Berenguer. Bernat, ne m’avez-vous pas dit qu’il avait mentionné le juge ? Et Sa Majesté est toujours en Sardaigne…
    — Nous ne savons pas s’il était au service du juge. Il parlait de lui avec le plus grand mépris, mais pas comme s’il était son maître. Cependant, le diocèse étant désormais en possession de ses affaires, y compris cette somme en or, j’ai pris la liberté, tandis que Votre Excellence était souffrante, d’écrire aux Arborea pour savoir s’ils connaissent cet homme. Nous n’avons pas encore reçu de réponse de leur part.
    — C’est très bien, Bernat. Mais je dois réfléchir attentivement à ce que l’on peut entreprendre d’autre. Une accusation aussi terrible à

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