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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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remis.
    — Je puis vous assurer qu’il s’était rétabli au mieux, vu ses blessures, mais qu’il souffrait toujours, dit lentement Isaac. Il se plaignait aussi du dos.
    — Il n’était pas homme à gémir.
    — Il faisait preuve de beaucoup de force de caractère. Un habile rebouteux s’est occupé de sa jambe, qui a guéri pour de bon sans présenter la moindre putréfaction, mais rien ne va jamais aussi bien après un accident qu’avant. Il marchait en boitillant et la douleur était quasi constante.
    — Ne pouvait-on rien faire ?
    — Si, Votre Excellence. J’ai remarqué que les personnes blessées, dotées d’un caractère impatient, qui refusent d’obéir à leur médecin lorsque celui-ci leur conseille de se reposer, souffrent davantage au début mais guérissent plus vite. En revanche, celles qui attendent docilement ne recouvrent jamais le plein usage de leurs membres.
    — C’est tout à fait exact, reconnut l’évêque. Je pense à plusieurs cas, certains soldats, en particulier, qui ne supportent pas l’inactivité.
    — Pour cette raison, Votre Excellence, quand les os se furent ressoudés, je l’encourageai à faire toutes sortes d’exercices bien qu’en petite quantité au début. Il a suivi mes conseils, me semblait-il, même si cela réveillait la douleur. Sa santé s’améliorait, puis c’est moi qui suis tombé malade. Ensuite, je l’ai fort peu vu. La dernière fois, j’ai constaté qu’il était sur la voie de la guérison. C’était il y a deux semaines.
    — Donc, pour vous, sa condition n’est pas à l’origine de sa mort ?
    — En aucun cas, affirma Isaac. Au cours de cette nuit, j’ai eu l’occasion de m’entretenir longuement avec ceux qui le côtoyaient. Je suis persuadé qu’on l’a empoisonné, et même si je dois mettre en jeu ma vie et ma réputation, j’affirme que ses serviteurs ne sont en rien coupables.
    — Vous croyez donc que les remèdes de maître Lucà y sont pour quelque chose ?
    — J’ignore qui a fabriqué la drogue qu’il a prise, Votre Excellence, mais je suis quasiment sûr qu’elle est la cause de sa mort. Il n’est pas question ici d’une dose trop forte d’un quelconque médicament. Les patients qui meurent ainsi connaissent une fin toute différente. Non, cette drogue a été conçue pour tuer celui qui la boirait.
    — Vous ne pouvez savoir à quel point notre nouvel herboriste s’est montré actif au cours de ces derniers jours. Le Call était trop bien protégé pour permettre aux nouvelles et aux commérages de circuler.
    — Bien au contraire, Votre Excellence. Yusuf, pour qui murs et portes closes n’existent pas, n’a cessé de faire le va-et-vient entre la ville et le Call. Il me rapporte fidèlement tout ce qui se dit – à propos de ce qui l’intéresse, cela va de soi.
    — Qu’a-t-il entendu ?
    — Chacun raconte que le jeune maître Lucà poursuit de ses assiduités la fille de Romeu.
    — Il n’est donc pas si cupide. Il y a en ville des femmes célibataires autrement plus fortunées.
    — Il semble qu’il vivait de la charité de Romeu jusqu’à ce que l’on dît qu’il avait guéri Regina, sa fille, de sa maladie.
    — Quelle était-elle ?
    — La mélancolie, Votre Excellence.
    — Pauvre enfant, je comprends qu’elle soit mélancolique, mais je pensais que le temps ferait son œuvre.
    — Il y est certainement pour quelque chose. De même que le doux remède que Lucà lui a concocté. Quand j’ai essayé de l’aider, j’ai remarqué avec tristesse qu’elle avait peu d’amis, depuis qu’elle avait perdu son excellente mère et son amoureux. Il lui aurait fallu des moments de distraction pour permettre à son cœur de guérir. Au lieu de ça, elle ne cessait de se renfermer sur elle-même.
    — Vous voulez dire que cette trop longue solitude est à l’origine de sa mélancolie ?
    — Je crois que c’est possible, Votre Excellence. Et toutes les femmes racontent que Lucà n’est pas seulement beau, il est également courtois et attentionné. S’il s’est conduit ainsi avec elle, Regina a pu y trouver du secours.
    — Tout va donc pour le mieux si ses intentions sont sincères. Elle n’a pas besoin d’avoir le cœur brisé une fois encore. Mais ce ne sont pas ses aventures amoureuses qui m’intéressent. Que savez-vous de ses remèdes ?
    — Yusuf m’a expliqué ce qui constitue le médicament donné à la fille de Romeu. Je ne crois pas qu’il puisse

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