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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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donné un autre mercredi.
    — Vous lui rendiez visite quotidiennement ?
    — Jusqu’à mercredi, Votre Excellence. Ensuite, j’ai eu trop de patients à satisfaire pour aller le voir. Je lui ai dit ce jour-là que je ne reviendrais que le surlendemain, mais qu’il pouvait tout de même m’appeler en cas de problème.
    — Dans ce cas, pourquoi lui avoir envoyé un messager jeudi matin ?
    — Un messager ? Mais non, Votre Excellence, je n’ai eu recours à aucun messager, ni jeudi ni un autre jour, que ce soit pour maître Narcís ou pour quiconque.
    À nouveau, il se sentit mal à l’aise. Il regarda Berenguer droit dans les yeux avant de baisser la tête, comme pris de honte.
    — Je n’ai pas confiance en ces gamins, Votre Excellence. Je sais quel enfant turbulent et inconscient j’étais, et je souffre de devoir donner mon argent à un garnement qui ne fera même pas l’effort de porter mon message.
    — Donc il n’y a pas eu de messager ? insista l’évêque. Dans ce cas, comment lui avez-vous donné le second médicament ?
    — Le second flacon, voulez-vous dire ? Je l’avais sur moi mercredi, persuadé que maître Narcís en aurait besoin le lendemain.
    — Je parle du second médicament, insista Berenguer.
    — Il n’y en a jamais eu.
    Lucà était en sueur et sa voix montait dans les aigus sous l’effet de la panique.
    — Ce que j’ai donné à maître Narcís était totalement inoffensif. Au pire, cela l’aurait fait dormir contre son gré. Maître Narcís s’est montré bon envers moi, comment aurais-je pu lui nuire ?
    — Bon ? Qu’entendez-vous par là au juste ?
    — Il m’a accueilli dans sa maison comme si j’étais son égal, expliqua l’herboriste, les yeux pleins de larmes. Et il a vanté la qualité de mes soins à ses amis, de sorte que j’ai aujourd’hui davantage de clients. Pourquoi aurais-je voulu lui faire tort ?
    — Voilà une excellente question, jeune maître Lucà, oui, une excellente question.
     
    Lundi 13 avril
     
    La première chose qu’Isaac fit en ce lundi matin où le Call rouvrait ses portes et permettait à nouveau les échanges entre les deux communautés fut de rendre visite à son patient et bienfaiteur, l’évêque de Gérone.
    — Je ne vous prendrai pas beaucoup de temps, Votre Excellence, dit-il, mais je souhaitais m’assurer de votre santé et de votre bien-être.
    — Si j’étais tombé malade, Isaac, je vous aurais fait appeler, soyez-en certain.
    — Certes, mais Votre Excellence n’est pas homme à se plaindre de petits maux – ni même de grands, parfois. Avez-vous appris quelque chose à propos de la mort de Narcís Bellfont ?
    — Seulement ceci : le sentiment populaire se partage entre ceux qui prennent l’herboriste pour un magicien et ceux qui ne voient en lui qu’un vulgaire assassin. J’ai ordonné au notaire de ne rien divulguer du testament, mais je crains des indélicatesses.
    — Votre Excellence a-t-elle sondé maître Lucà ?
    — Oui. Il nie l’existence du poison. Il nie également avoir cherché à nuire à ce pauvre Narcís.
    — Alors que sa potion est de toute évidence responsable ?
    — Il nie aussi l’existence d’un second médicament, intervint Bernat. Il prétend n’en avoir donné qu’un seul, et ce trois jours avant la mort de maître Narcís. Pas la veille de son trépas, en tout cas.
    — Il fut porté par un messager, reprit Berenguer. Un garçon que nous n’avons pu retrouver. Le menuisier déclare que nul n’est venu chez lui chercher un paquet et ajoute que Lucà n’est pas sorti cette nuit-là. Ce seul témoignage nous empêche de le faire arrêter.
    — Il a pu y avoir mise en scène, réfléchit Bernat.
    — J’ai imaginé un stratagème destiné à connaître la composition de ce prétendu médicament, dit Isaac. Jusque-là, il vaudrait mieux éviter que le jeune Lucà fût jeté en prison. Je veux qu’il rende visite à des patients.
    — Combien de temps cela prendra-t-il ? demanda Berenguer.
    — Moins d’une semaine, Votre Excellence, je puis vous l’assurer.
    Isaac se rendit directement du palais épiscopal à la belle demeure de maître Mordecai.
    — Je ne voudrais pas insister, maître Mordecai, lui dit Isaac, mais l’un des patients du jeune Lucà est mort après avoir absorbé un remède spécial contre la douleur.
    — J’ai entendu dire cela, Isaac, mon ami. C’est évidemment une solution aux problèmes, mais elle a des

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