Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
Vom Netzwerk:
lui faire du mal. En revanche, il en vend un autre très cher à ceux qui peuvent y mettre le prix. D’après ce que j’ai entendu dire, il est d’une puissance inhabituelle – je n’en donnerais qu’à un patient dont les souffrances sont insupportables –, mais Lucà le mélangerait à des plantes plus douces, du vin et du miel.
    — Qu’a-t-il donc de si dangereux ?
    — Rien, Votre Excellence, sauf lorsqu’on le prend en grande quantité ou à intervalles trop rapprochés.
    — Alors ?
    — Alors cela vous tue, Votre Excellence. Mais dès que le Call sera rouvert au monde, j’enquêterai sur ce médicament miracle que concocte maître Lucà.
    — Comment vous y prendrez-vous ?
    — J’ai conçu un plan avec l’aide d’un patient mécontent.
    Bernat frappa brièvement à la porte du cabinet et entra.
    — Je suis accompagné du capitaine, Votre Excellence.
    — Alors, capitaine, qu’avez-vous découvert ? lui demanda Berenguer.
    — Ses domestiques m’ont dit que maître Narcís était tombé malade le jour du Vendredi saint et qu’il n’avait pu contacter maître Isaac.
    — C’est regrettable, murmura l’évêque.
    — Le dimanche de Pâques, la servante est allée à la messe et a entendu parler de maîtresse Regina et de la potion de maître Lucà, laquelle, racontait-on, l’avait ramenée à la vie. Elle rapporta ces propos à son maître et celui-ci fit venir l’herboriste. Le lundi, il trottait comme un lapin et le mercredi, il faisait appeler son notaire. Mais hier, l’herboriste a envoyé à maître Narcís un flacon d’une nouvelle drogue.
    — Et il l’a bue ?
    — Oui, Votre Excellence, la nuit dernière.
    — Merci. Ah, capitaine, avant que vous partiez, peut-être pourriez-vous me dire si l’on en sait plus sur ce voleur qui agit dans les environs. Je suis attendu par une délégation de fermiers mécontents.
    — Si vous n’avez plus besoin de moi, Votre Excellence, dit Isaac, je vous demanderai la permission de me retirer . Je dois rentrer au Call si je ne veux pas rester en ville jusqu’à lundi matin.
    — Vous ne pouvez rien me dire de plus à propos de sa mort ?
    — Rien sinon que la seule chose bue ou mangée hier et à laquelle les autres n’ont pas touchée, c’est cette potion qu’un messager a déposée chez lui.
    — Dépêché par Lucà.
    — C’est ce qu’a dit sa servante, Votre Excellence.
    — Il faut le retrouver à tout prix, conclut Berenguer.

XI
E no imagín que jo’l vulla decebre Et n’imagine pas que je le voudrais tromper
    Après un copieux souper, Daniel avait été conduit dans une chambre dont la fenêtre donnait sur la partie occidentale du port. Après trois jours à bord, la chambre et le lit lui semblaient assez grands pour accueillir six personnes ! Avec plaisir, il se glissa entre les draps de lin et s’endormit aussitôt. Le tintement des cloches l’arracha au sommeil. Le vent faisait vibrer les volets et, quand il les ouvrit, ce fut pour constater que la pluie tombait sur la ville. C’en était fini de la chaleur et du soleil de la veille. En frissonnant, il fit sa toilette et se vêtit, puis il sortit de la pièce pour déjeuner.
    À peine avait-il fini de remplir son assiette que Maimó arrivait, l’air affairé.
    — Bonjour, mon ami, dit-il avec chaleur, je vois que vous n’êtes pas un lève-tôt.
    Daniel n’eut pas le temps de réagir à une telle remarque.
    — Mais nul doute que ce voyage vous aura épuisé, reprit Maimó. Quand vous vous serez restauré, je suggère que nous nous rendions sans tarder chez maîtresse Perla. Comme moi, elle se lève à l’aube la plupart du temps. Mais puisque c’est sabbat, un jour idéal pour les visites amicales, je pense que la nôtre devrait être de courte durée. Je vous présenterai, puis nous irons à la synagogue. La maison de maîtresse Perla se trouve plus ou moins sur notre chemin.
    Daniel en déduisit qu’il ne devait poser aucune question à maîtresse Perla. Il acquiesça.
    La pluie avait cessé quand ils se mirent en route. Ils débouchèrent sur la place et le soleil creva les nuages pour bientôt sécher les pavés. Maimó tourna à gauche au lieu de prendre la rue que Daniel avait précédemment empruntée.
    — Perla vit ici, dit-il en pressant le pas. C’est une rue agréable, autrement plus paisible que l’autre partie du Call.
    Ils s’arrêtèrent devant une demeure toute semblable aux autres. La porte d’entrée était

Weitere Kostenlose Bücher