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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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pour voir ce qui se passait. Les voiles étaient baissées et l’équipage somnolait ou bavardait en paix. Le navire se balançait doucement sur une mer d’huile. Il n’y avait pas le moindre souffle de vent. Derrière eux, à l’horizon, se dressait l’île de Majorque.
    En deux jours, ils n’avaient parcouru que vingt ou trente milles nautiques.
    — Combien de temps cela va-t-il encore durer ? demanda Daniel à une mouette qui voletait non loin de lui.
    À sa grande surprise, ce fut un marin qui lui répondit.
    — Je crois que c’est terminé. Je sens le vent se lever.
     
    Anna, la servante de maître Narcís, secouait la tête.
    — Je ne vois pas ce que je pourrais vous dire de plus. Il faisait nuit noire. La lune ne s’était pas encore levée quand le garçon a sonné au portail.
    — Que portait-il ?
    — Comme vêtements ? C’était bizarre. Je me suis demandé s’il ne les avait pas volés.
    — Volé ses habits ? demanda patiemment Isaac.
    — Il avait une pèlerine à capuchon. La nuit était fraîche, mais il ne faisait pas froid, et sa pèlerine avait l’air épaisse, douillette, coûteuse en un mot. On ne s’attend pas à trouver ça sur le dos d’un vagabond. J’ai eu du mal à voir à quoi il ressemblait à cause du capuchon.
    — Était-il grand ?
    — Grand ? Pour un garçon, oui, il était grand.
    — Pourrait-il s’agir d’un homme ?
    — Un homme ? Peut-être bien. Sauf que sa voix ne ressemblait pas à celle d’un homme. Elle était trop fluette pour ça, mais trop grave pour un gamin. J’ai cru un instant que c’était une femme de grande taille, mais non, ce n’est pas possible.
    — Reconnaîtrais-tu cette voix si tu l’entendais à nouveau ?
    — C’est possible, hésita-t-elle. Je ne crois pas qu’il était de la ville. Peut-être de la campagne, oui. Il parlait bizarrement, pas comme les gens d’ici.
     
    Le portier qui avait reçu le paquet destiné à maître Mordecai fut abasourdi à l’idée de devoir décrire la personne qui le lui avait remis.
    — À quoi il ressemblait ? C’est que j’en sais rien. On aurait dit un jeune garçon. Tout le monde a dit que c’en était un. Il faisait noir et il pleuvait, maître Isaac. Avec sa pèlerine et son capuchon baissé pour se protéger de la pluie, on ne voyait pas à quoi il ressemblait.
    — Était-il grand ?
    — Grand ? Je n’ai pas remarqué. Pas autant que moi, en tout cas. Il était d’une taille ordinaire.
    — Ordinaire pour un garçon ? Ou pour un homme ? Ou même une femme ?
    — Vous venez de dire que c’était un jeune garçon ! protesta le portier. J’en sais rien, moi. Ce n’était qu’un messager. J’ai pris le paquet, il m’a dit qu’on l’avait déjà récompensé et moi, j’ai refermé la porte. Il ne faisait pas un temps très agréable, vous savez.
    Il s’arrêta un instant et reprit d’un air triomphal.
    — Oui, je sais que c’était un messager. Il avait un de ces paniers… grand, étroit, comme ceux où on met des choses qu’on ne veut pas perdre. Si c’en était pas un, pourquoi il porterait ça ?
    — Merci, lui dit Isaac. Et quel genre de voix avait-il ?
    C’était trop demander.
    — La même que tout le monde. D’ailleurs, il n’a pas dit grand-chose.
     
    Le gardien chargé de la porte du Call fut encore moins disert.
    — Samedi soir. Personne n’a quitté le Call samedi soir. Il pleuvait.
    — Personne ? insista Isaac. Tu n’as pas ouvert la porte, ne fut-ce qu’une fois ?
    — Si, mais ça ne compte pas. C’était à un gamin.
    — Qui était-ce ?
    — J’en sais rien. Il m’a donné une pièce et il est parti en courant. J’ai pas vu à quoi il ressemblait. Il faisait un sale temps.
    — Quand est-il sorti ?
    — Sorti ?
    — Veux-tu dire qu’il vit ici ? Ou a-t-il franchi le mur ?
    — Bien sûr que non qu’il a pas franchi le mur, grommela le garde. Mais j’ai pas vu d’étranger partir. Un peu plus tard, j’ai ouvert la porte pour un petit groupe, peut-être qu’il était avec eux.
    — De qui s’agissait-il ?
    — Des hommes qui disaient avoir affaire en ville…
    — Tu les connaissais ?
    — Naturellement que je les connaissais. Maître Astruch…
    — Merci, dit Isaac qui rentra chercher Yusuf.
     
    Yusuf écoutait attentivement ce qu’Isaac avait à lui dire.
    — Ce garçon ne serait pas de la ville ? demanda-t-il.
    — Il semble que non. Anna pense qu’il vient de la

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