Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
Vom Netzwerk:
s’ouvrit brusquement, mais qu’arrive-t-il ?
    — Il faut vous sauver. Sans perdre un instant. Passez par la fenêtre de derrière et grimpez sur le toit. De là, sautez sur le toit du voisin et empruntez l’échelle posée contre le mur. Suivez ensuite le rempart, il vous mènera jusqu’à la rivière. Je le sais, je suis souvent passée par là étant enfant.
    — Mais pourquoi devrais-je m’enfuir ? dit-il alors que la couleur quittait son visage. Qu’ai-je fait ? Aurais-je offensé votre père ?
    — Oh, Lucà, comment pouvez-vous poser une telle question ? Seriez-vous la seule personne de cette ville qui ne sache ce que l’on dit de vous ?
    — Mais personne n’y croit, Regina. Vous-même n’y croyez pas, n’est-il pas vrai ?
    — Peu importe ce que je pense. C’est l’opinion publique qui compte.
    Des coups de poing frappés contre la porte d’entrée plongèrent la jeune fille dans une véritable frénésie.
    — Ils sont là, Lucà. Partez. Papa ne pourra leur dire où vous vous cachez puisqu’il l’ignore, et je ne leur dirai rien non plus.
    Elle le prit par les épaules et voulut le pousser vers la fenêtre.
    — M’enfuir ? dit-il d’une voix blanche. Une fois encore ? Je n’en peux plus. Je n’ai fait de mal à personne, Regina, je vous le jure sur mon âme. Je leur dirai la vérité et prierai pour qu’ils m’écoutent.
    — Non, c’est moi qui leur dirai la vérité dès que vous serez hors de danger. Je les entends qui parlent à papa. Ils seront bientôt là.
    Elle courut jusqu’au minuscule palier et referma la porte derrière elle. Lucà écouta un instant ses pas dans l’escalier, puis il rassembla ses quelques effets et se dirigea vers la fenêtre.
     
    — Non, dit Regina, il n’est pas à la maison. Je le sais, j’étais justement en train de le chercher. Je le croyais dans la cour, mais elle est vide. Je suis donc montée dans sa chambre, mais il a dû partir très tôt ce matin, alors que je me trouvais au marché. Sinon il est peut-être dans l’atelier.
    Elle se tenait au pied de l’escalier et défiait ces hommes de belle carrure de l’en déloger.
    — Non, maîtresse Regina, dit patiemment le sergent. Il n’est pas avec votre père, nous avons vérifié.
    — Alors c’est qu’il est sorti, s’obstina-t-elle.
    — Vous vous trompez, maîtresse Regina, dit une voix derrière elle. Je n’étais pas parti. Qui sont ces gentilshommes ?
    Et Lucà sortit de l’ombre, passa devant Regina et entra dans la salle commune.
     
    Yusuf revint après le coucher du soleil. Il avait froid et faim, de sorte qu’il s’installa à la table du souper et exposa le résultat de ses recherches entre deux bouchées.
    — Je ne suis pas certain que ce messager existe, seigneur. Personne ne le connaît dans les endroits où l’on s’attend à trouver ce genre de personnage, avide de gagner un sou ou deux en faisant des commissions ou en portant des messages. Nul ne l’attend sur le parvis de la cathédrale, au marché, près de la rivière ou sur le pont, non loin de la taverne de Rodrigue.
    — Connaissent-ils Lucà ? demanda Isaac.
    — Oui, mais il n’a jamais engagé de messager. Il se rend toujours en personne chez ses patients. De plus, un garçon portant une pèlerine à capuchon semblable à celle que l’on décrit ne pourrait passer inaperçu. Ceux qui traînent dans les rues ne s’habillent jamais ainsi.
    — Donc il n’a rien d’un mendiant ou d’un vagabond.
    — Ce n’est même pas un apprenti, renchérit Yusuf, ou un serviteur de second ordre.
    — Il est probable que c’est un homme qui a délibérément choisi ce déguisement. Je ne vois pas beaucoup d’autres possibilités.
    — Ou une femme.
    — Pourquoi dis-tu ça ?
    — J’ai parlé à un enfant qui avait pris la pluie et qui cherchait un abri. Il m’a raconté qu’il était en train de rentrer chez lui quand il s’était avancé sous l’arche du pont nord et avait bousculé une personne portant une épaisse pèlerine. Il ne l’a pas vraiment vue, mais il a senti l’étoffe. L’autre l’a frappé, a juré et l’a menacé d’un couteau en précisant qu’il lui trancherait la gorge s’il ne filait pas. Bien sûr, il a eu très peur, mais plus tard, il s’est demandé si ce n’était pas une femme plutôt qu’un garçon.
    — Qu’est-ce qui justifie cette idée ?
    — Il n’en sait rien lui-même, c’était juste une

Weitere Kostenlose Bücher