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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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pattes et plonge dans l’eau.
    — Qu’est-ce que c’était, seigneur ? fit Yusuf, nerveux.
    — Une créature qui chasse dans la nuit, répondit Romeu. Je crois que nous l’avons entendue attraper sa proie, avec silence et efficacité.
    — Je le crains, oui, dit Isaac. Yusuf, as-tu encore ta torche et de quoi la rallumer ?
    — Oui, seigneur.
    — Alors hâte-toi de l’embraser.
    La flamme jaillit et le monde alentour exista à nouveau.
    — Vois-tu quelque chose sur la rive ? demanda le médecin.
    — Il faut encore se rapprocher, la cabane est dans l’ombre des arbres.
    Yusuf marchait en tête aux côtés d’Isaac et Romeu les suivait, guettant le moindre danger.
    — Voilà le chemin de la cabane, fit Yusuf en levant sa torche. Il devrait s’y trouver s’il ne s’est pas sauvé.
    Il se pencha et regarda à l’intérieur de la misérable construction.
    — Il n’y a personne là-dedans.
    — Romeu, prenez la torche et éclairez la rivière, ordonna Isaac.
    Le menuisier fut le premier à le voir. Il était allongé sur un banc de graviers, forme noire ballottée par les flots.
    — Ici, mon garçon, dit Romeu. Brandis ta torche. Je vais aller le chercher.
    Il s’avança prudemment dans l’eau froide et, quand il revint un instant plus tard, il portait dans les bras un jeune garçon.
    — C’est lui, seigneur, dit Yusuf.
    — Est-il mort ? demanda Isaac.
    — Sa tête saigne beaucoup. On dirait qu’il a été grièvement blessé avant de tomber dans l’eau. Comment peut-il être encore en vie ?
    — Le sang ne s’écoule plus dès l’instant de la mort, Yusuf. S’il saigne encore et qu’il ne s’est pas noyé…
    — Je l’entends respirer faiblement, l’interrompit Romeu. Je crois que nous devrions le ramener chez moi. La nuit est fraîche.
    — Bien, dit Isaac. Hâtons-nous.
     
    Le garçon était allongé sur une couverture posée sur la table de cuisine. Regina ajouta trois bougies à celle qui éclairait déjà la pièce. Raquel se plaça au bout de la table alors que son père prenait entre ses mains la tête ensanglantée.
    — La peau est déchirée et le crâne semble enfoncé sous la violence du coup. Heureusement, il n’a pas été frappé à la tempe, mais il est difficile de dire s’il survivra. Peux-tu me le décrire, Raquel ?
    — Le cuir chevelu saigne encore, dit-elle, et il est très pâle. Il est trempé et il doit avoir très faim, mais je crains que le pauvre ne sente rien en cet instant. Il faut le panser, ensuite je pourrais lui ôter ses vêtements et l’enrouler dans la couverture.
    — J’ai trouvé des draps déchirés, cela pourra servir de bandages, dit Regina en les tendant à Raquel.
    Dès que le pansement fut terminé, on le débarrassa de ses haillons, puis Regina le vêtit d’une longue chemise qui avait appartenu à un apprenti de son père, et que ce dernier aurait dû renvoyer à la famille après la mort du jeune homme.
    — Nous ne pouvons le laisser ici, dit Raquel. Y a-t-il un lit ou une couche où il pourrait se reposer en toute tranquillité ?
    — Il y a la petite chambre de la servante, juste derrière celle-ci. Ou celle de Lucà, où logeaient auparavant les apprentis. Ce serait mieux, je crois.
    Le garçon fut donc transporté dans la chambre de Lucà.
    — On ne peut plus rien pour lui hormis le veiller et prier pour sa guérison, dit Isaac d’un air sombre. Épargnez-lui le bruit et la lumière vive. S’il est résistant, ce que je crois, il vivra peut-être. Son témoignage pourrait alors être très important.
    Les cloches qui sonnaient minuit interrompirent leur conversation.
    — Romeu, avez-vous encore un serviteur ? demanda-t-il une fois le silence revenu.
    — Hélas, non, répondit le menuisier. On avait bien une servante, mais elle a été emportée par les fièvres comme ma pauvre femme et mon apprenti. Quand Regina était très malade, une voisine venait m’aider.
    — Pour l’heure, c’est parfait. Il est de la plus grande importance que personne n’apprenne l’existence de ce garçon. Je suis désolé de vous imposer ça, maîtresse Regina, mais mes visites s’expliqueront désormais ainsi : vous avez subi une crise nerveuse en apprenant l’arrestation de maître Lucà. Raquel s’occupera de notre blessé, si vous voulez bien l’aider, et Yusuf viendra de temps à autre apporter les nouvelles et vous assister si besoin est. Quand Romeu quittera sa maison, elle devra être fermée

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