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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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Excellence, je ne sais même pas qui sont ces hommes ni où vous les avez trouvés.
    Après qu’il eut éclairé le chevalier sur ce point, Maion réitéra sa question.
    — Un fityan... Mais oui, bien sûr, je me souviens, c’est Philippe, l’un des cousins du caïd Pierre. Tués en plein palais malgré la sécurité que vous aviez mise en place !
    — Oui, et il y avait ceci près du garde.
    Maion posa devant le chevalier le morceau de vélin. Une fois que celui-ci eut fini sa lecture, il demanda :
    — À quoi penses-tu maintenant ?
    — À ce guerrier solitaire face à cent mille hommes.
    — Ce texte ne t’évoque rien ?
    Bartolomeo ne répondit pas immédiatement. Ses pensées retournaient loin en arrière lorsqu’il était allé jusqu’à Ispahan, aux confins de la Perse, avec Hugues de Tarse. Alors Judith était encore vivante et il aurait donné sa vie pour son frère d’armes.
    Maion, sentant son hésitation, insista :
    — Parle !
    — Ce message m’en rappelle un autre...
    — Continue, lui intima Maion que les réticences de d’Avellino exaspéraient.
    — J’ai fait serment de ne rien dire.
    — Ma patience a des limites, d’Avellino, gronda l’émir. Et que valent tes serments si le sort du royaume est en jeu ? Je t’écoute !
    Il n’y avait plus moyen d’esquiver.
    — C’est un morceau d’un poème ismaélien, lâcha d’Avellino.
    — Ismaélien ? répéta Maion à qui ce nom ne disait rien.
    — C’est le nom que leur donnent les musulmans, notre savant géographe Al-Idrisi pourrait vous le confirmer. Nous autres chrétiens les appelons les Assassins.
    — Je verrai Al-Idrisi plus tard. Poursuis. Qui sont-ils ?
    — Des ennemis de la terre entière. Leur chef est un habile politique et un homme de guerre.
    — Tu sembles bien les connaître, s’étonna l’émir. Et il y aurait des « Assassins » chez nous ?
    — Certains des califes de Sicile croyaient jadis en cette religion, et il n’est pas impossible qu’ils aient conservé ce qu’ils appellent une « île », ici même à Palerme.
    — Une île ? Que veux-tu dire par là ?
    — Les musulmans les considèrent comme des hérétiques et ils doivent se cacher. Les îles sont des groupes de croyants qui pratiquent leur religion, dissimulés à l’intérieur des villes. Il y a des îles à Alep, au Caire et dans de nombreuses cités aux mains des Latins d’Orient ou des musulmans. Parfois quelque vizir, comme au Caire, fait arrêter ou tuer tous les membres d’une île. Mais cette vermine réapparaît un peu plus loin. Les îles sont comme des vers dans un fruit sain.
    — Ce que tu me dis n’évoque pas un peuple avec une armée forte, mais plutôt une guerre d’embuscades.
    — C’est encore autre chose. Même si leur chef possède de nombreux fortins, il ne règne sur les pays qui l’entourent que par l’assassinat. Comme le dit le message, il suffit d’un seul guerrier pour menacer un royaume. Un fïdâ’î – cela veut dire « celui qui se dévoue » – est envoyé avec ordre de tuer un souverain, calife ou vizir, un régime s’effondre. Le plus souvent le fidâ’î qui a tué est mis à mort ou lapidé par la populace, mais sa vie lui importe peu, il ne croit qu’au Paradis que lui a promis son chef.
    — Qui est cet homme ?
    — Il vit dans une forteresse imprenable nommée Alamut et les croisés l’appellent le Vieux de la Montagne.
    — Et tu essaies de me dire que ces gens-là nous menacent ?
    — Je n’ai pas dit cela.
    L’émir semblait très remué. Ces histoires d’îles au sein de Palerme lui paraissaient impossibles et pourtant... Tant de choses impensables se réalisaient ! Il enverrait dès que possible des hommes se renseigner sur ces ismaéliens.
    — Que veux-tu dire alors ? Et comment connais-tu tout cela si bien ?
    — Pas si bien que cela, Excellence, j’ai seulement vu de quoi ils étaient capables. Et j’ai eu, à ce sujet, de longues discussions avec Al-Idrisi qui a recensé les récits de nombreux voyageurs et de croisés revenus d’Orient. Il comptait les mentionner dans son grand livre du roi Roger.
    — Que me caches-tu, d’Avellino ? Où as-tu vu ces fîdâ’î ?
    — Oh, je ne les ai pas vus ! Ils sont invisibles. J’ai accompagné Hugues de Tarse vers la Perse et Ispahan lors d’une mission que lui avait confiée Roger II.
    — Hugues de Tarse... Encore lui.
    — Il est le seul à tout savoir sur les Assassins

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