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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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coussins, au milieu duquel étaient dressées quatre jeunes femmes qui ramenèrent, avec de petits cris et des gloussements, leurs voiles sur le bas de leurs visages. Plus amusées qu’effrayées, elles le fixaient avec effronterie.
    — Ça ira, fit-il au marchand qui relâcha la toile. Quatre filles ! murmura-t-il en s’essuyant le front autant à cause de la chaleur qu’à cause de la vision de ces houris aux regards trop directs. Je n’en ai eu qu’une et je n’ai vraiment respiré que le jour où elle s’est mariée.
    Puis plus fort :
    — Laissez passer !
    — Qu’Allah vous bénisse, sire officier, le remercia le marchand en s’inclinant.
    — Et qu’il soit avec toi... avec toutes ces femelles à surveiller.
    Il apostropha ses gens d’armes :
    — Je ne veux aucun incident, vous m’entendez ! Ne m’obligez pas à vous fouetter ou à vous jeter sur les bancs des galères. Faites-moi avancer tout ce monde-là ! Hé toi, là, viens ici.
    Le soldat, un jeune et solide gaillard dont le sergent avait remarqué l’attitude plus réservée que celle de ses compagnons, le rejoignit aussitôt, le saluant avec respect.
    — C’est toi qui commandes maintenant. Je veux que tout ce monde entre et vite. Tu as entendu les trompes ? Le roi Guillaume vient d’arriver et je n’ai pas envie que notre capitaine voie un tel désordre à notre porte.
    — Et les armes ?
    Un tas de coutelas, d’arcs, de fourches et de haches s’amoncelaient sur le sol derrière eux.
    — La consigne est la consigne, tu ôtes celles des musulmans, mais en douceur.
    Au loin retentit de nouveau l’appel puissant des trompes. Le roi arrivait. Les cloches de l’église Saint
    — Jean-Baptiste et celles de l’église San Michele de IndulcIIs se mirent en branle, relayées par toutes celles de la cité normande. Hugues rabattit sa capuche sur ses cheveux noirs et fit signe à Tancrède de l’imiter.
    — Nous allons essayer d’entrer. Vous passerez devant moi. Nous ne nous connaissons pas. Vous entendez ?
    Bien que surpris par cette nouvelle consigne, Tancrède opina.
    — Si l’on vous demande où vous allez, dites que vous êtes un ami du duc Ruggero Sinibaldo di Quisquina e delle Rose qui vous a convié pour la fête donnée en l’honneur du retour de Guillaume I er . Vous avez compris ?
    — Le duc Ruggero Sinibaldo di Quisquina e delle Rose, répéta Tancrède.
    — Si quelque événement nous sépare, trouvez l’église de Georges d’Antioche, je vous y attendrai.
    — Mais...
    — Allez !
    19
    Le sergent responsable de la prison royale s’était entretenu longuement avec le maître capitaine du palais avant de le conduire par les couloirs humides vers l’un des cachots.
    Il ouvrit la porte, s’écartant pour laisser passer l’officier, puis il le précéda, levant haut sa torche. Tout était resté tel qu’il l’avait découvert quelques instants auparavant. Simon écarta du pied des tas de paille souillée d’urine et d’excréments et s’approcha. Sur une des parois pendaient des chaînes aux anneaux de chevilles ouverts. Une civière vide était posée contre un mur, une lance sur le sol. Le soupirail garni de barreaux était intact et une toile d’araignée en occultait un angle. La bouche noire d’une trappe par où montait un fort bruit d’eau s’ouvrait en plein milieu du cachot, sous ce qui avait été la paillasse.
    — Redis-moi ton histoire, ordonna Simon qui ne cessait de scruter coins et recoins, y cherchant en vain quelques indices sur ce qui s’était passé.
    Il ramassa la lance, la pointe en était brunie.
    — Les gardes vérifient toujours que l’homme est mort avant d’emmener le corps sur la civière, n’est-ce pas ?
    — Oui, maître capitaine. Ils doivent planter la lance dans le torse ou la cuisse afin de vérifier que les prisonniers ne feignent pas la mort pour s’évader.
    — Va, je t’écoute.
    Le sergent obtempéra.
    — Le garde qui surveille le corridor a vu le geôlier entrer dans la cellule. Comme celui-ci lui avait annoncé qu’un des prisonniers était mourant et qu’il l’appellerait pour évacuer le corps, il n’y a guère prêté attention. À la ronde suivante, la porte était close et il m’a avoué n’avoir pas non plus regardé par le guichet, pensant que le gardien avait fait appel à un autre. Ce n’est qu’au matin, au moment de la relève, quand j’ai demandé où était le geôlier et quand personne n’a su me

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