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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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poursuivit Hugues, ils sont nombreux, que ce soient les Loritello ou les de Lecce. Et si nous étions coupables, le sire d’Anaor et moi, dites-moi : pourquoi avons-nous suivi la Légion au lieu de nous enfuir ?
    — Je n’ai pas encore la réponse à cette question. C’est sans doute à cause de cela, messire, que nous continuons à jouer cette partie. Qu’allez-vous faire, maintenant ?
    — Étudier les registres que j’ai demandés qu’on porte dans mes appartements, ils me donneront peut-être la réponse que j’attends...
    — Réfléchissez vite, messire, et n’oubliez pas que vous n’avez pas le droit de quitter la Galca.
    — Je n’oublie pas que nous jouons une rude partie d’eschets et que nous ne sommes pas encore arrivés à la phase du akhir ad-dusut , le final.
    — Pourtant, j’ai le sentiment que la mise à mort ne saurait tarder, prédit l’émir.
    54
    Incapable de dormir, Eleonor avait marché de long en large dans sa chambre avant de s’assoupir, épuisée, dans un siège placé devant la fenêtre. Elle ne sut jamais ce qui l’avait réveillée mais quand elle souleva les paupières, il faisait nuit noire et une lueur dansante brillait à travers les feuillages. Elle crut d’abord qu’elle rêvait puis comprit que quelqu’un revenait vers le palais avec une lanterne. Intriguée, elle se dressa et attendit. Elle ne vit pas les traits de celui qui entrait dans la bâtisse, mais peu après retentissait dans le couloir un pas qui ressemblait à celui de d’Avellino.
    Le silence retomba. Pourquoi le chevalier serait-il allé dans le jardin à cette heure ? Pour contempler la statue de Judith alors que son portrait était dans une chambre voisine de la sienne ? À la fois pour penser à autre chose qu’à Hugues et pour en savoir plus sur son hôte, Eleonor décida d’aller voir de quoi il retournait.
    Elle attendit longtemps afin d’être sûre que tout le monde dormait, glissa son poignard dans les plis de sa ceinture, fit signe au chien de rester tranquille et sortit, masquant de sa paume la flamme de sa lampe à huile.
    Pas de bruit, le couloir était désert et aucune lumière ne filtrait sous la porte du chevalier noir. Elle se dirigea vers l’escalier qu’elle descendit lentement, s’arrêtant à chaque marche. Un instant plus tard, elle était dans l’antichambre et ouvrait l’une des portes menant au jardin. Même si tout semblait paisible, elle sentait les battements affolés de son cœur dans sa poitrine.
    De nuit, le jardin lui parut immense et aussi impénétrable qu’une forêt. Tout était noir et plus lugubre encore que dans la journée. Elle faillit rebrousser chemin puis se remit en marche, les chaussons de tissu atténuant le bruit de ses pas sur le sable de l’allée. La végétation se referma sur elle. Seul le souffle frais du greco, cette brise du nord-est qui remplace le vent de terre, troublait le silence.
    Après avoir longé les bassins, elle arriva enfin devant la statue de Judith. À la lueur de la lampe, la sculpture avait des allures d’idole païenne. De celles dont on a oublié le culte mais dont on pressent qu’il était effrayant.
    Un froissement dans les buissons la fit se jeter au milieu du lierre. Elle se recroquevilla, masquant sa lampe du mieux qu’elle le pouvait. Le cri d’un oiseau de nuit retentit, puis plus rien. Pensant à tous les dangers qu’elle avait traversés pour arriver jusqu’en Sicile, elle s’en voulut de cette peur irraisonnée, ridicule, et allait se redresser quand un souffle glacé fit vaciller la flamme. Elle se tourna, le lierre masquait la bouche noire d’un tunnel.
    « Voilà donc où allait le chevalier », songea-t-elle, excitée par sa découverte. Elle écarta le feuillage et avança. Elle n’avait pas fait trois pas que le sentiment d’angoisse revint.
    Elle se trouvait à l’orée d’une grotte si profonde qu’elle n’en distinguait pas le bout. Au loin dansait une lueur ténue, irréelle. Elle leva son lumignon et se figea.
    Ils étaient là, à la guetter, debout dans la pénombre. Des silhouettes inquiétantes et muettes. Elle esquissa un mouvement de fuite, puis se dit que cela ne servirait à rien. Ils la rattraperaient. Elle attendit, mais rien ne se passa. Ils n’avaient pas bougé.
    Intriguée, elle avança d’un pas, puis d’un autre... et poussa un hurlement de terreur absolue.

 
    JUDITH

 
    55
    — Notre seule chance est la passion de Maion pour les eschets,

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