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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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si intolérable qu’il s’était mordu le poing pour ne pas hurler. Combien de temps était-il resté ainsi, la raison vacillante, le corps agité de tremblements ? C’était le son des trompes qui l’avait ramené à lui. Ils le cherchaient.
    Partout aux fenêtres du palais s’allumaient des lumières. La grande battue était commencée. Il avait saisi son coutel et l’avait glissé entre ses dents pour se hisser à nouveau vers le conduit d’aération.
    53
    Maion n’arrivait pas à dormir et quand Gaetano vint le prévenir qu’Hugues de Tarse, le sire d’Anaor et son beau-frère l’attendaient, il se leva aussitôt.
    — Dis-leur que j’arrive ! s’écria-t-il en enfilant les mules et le burnous que le page lui avait tendus.
    Quelques secondes plus tard, il rejoignait les trois hommes dans son bureau. Hugues, sans perdre de temps, lui exposa les faits. Simon lui demanda l’autorisation de fouiller le palais.
    — Je ne crois pas que notre évadé essayera de fuir, ajouta Hugues. Je crois plutôt qu’il va se venger. Le roi est-il en sûreté ?
    — Il n’y a pas de lieu mieux gardé que ses appartements, assura l’émir des émirs. Et bientôt, à moins qu’il ne change ses projets, il partira chasser avec ses barons.
    Son regard se fixa sur son beau-frère.
    — Va, va, et trouve-moi cet homme ! ordonna-t-il. Gaetano, viens prendre ceci (l’émir avait griffonné deux messages qu’il tendit au page) et porte-les au roi et à la reine !
    Une fois Gaetano et le maître capitaine sortis, l’émir fit signe à Hugues de reprendre son récit où il l’avait interrompu. La sonnerie lugubre des trompes retentissait déjà dans tout le palais.
    — Et la couronne ?
    Rien ne servait de rappeler à Maion qu’il ne lui avait confié l’enquête que quelques heures auparavant, songea Hugues. Il ne serait satisfait qu’une fois le kamelaukion retrouvé et les assassins enchaînés.
    — Il nous faut d’abord démêler l’écheveau dont vous m’avez gratifié, déclara Hugues. Dès le début, j’ai pensé que l’affaire était plus complexe qu’elle ne le paraissait. D’un côté, nous avions un évadé de la prison royale. De l’autre, trois meurtres commis la même nuit, l’un près de la salle d’audience, l’autre à la prison et enfin le dernier, près du harem. Sur l’un de ces cadavres seulement, nous avons trouvé un message. Deux jours plus tard, trois hommes de la Légion sont tués, on vole la couronne et on trouve le même message.
    — Je sais tout cela, s’impatienta Maion.
    — Il est pourtant nécessaire de récapituler les faits, sire émir. Imaginez ce fugitif qui, après avoir tué son geôlier, se glisse dans les qanats. Il y erre sans doute un moment avant de ressortir dans le palais. Maintenant, imaginez le même homme tuer le garde de la salle d’audience, lacérer le mantel puis, de sa plus belle plume, rédiger le message que nous avons lu, vous et moi.
    — Non, réagit l’émir. Non. Cela ne va pas.
    — C’est ce que je pense. Il paraît peu probable qu’un homme épuisé par la captivité, risquant d’un instant à l’autre d’être repris, tue ce garde, trouve de quoi écrire et s’acharne sur le manteau. Nous sommes donc devant une invraisemblable coïncidence : cette nuit-là, deux hommes, que rien ne reliait, ont frappé !
    En bon orateur, Hugues laissa le temps à ses interlocuteurs d’assimiler cette idée.
    — Nous avons donc d’un côté un fugitif et de l’autre un homme qui se réclame de la secte des Assassins. Mais revenons à notre évadé.
    — Sauriez-vous enfin son nom ?
    — Grâce au sire d’Anaor, à qui Théodora s’est confiée avant de se suicider, nous avons appris qu’il se nomme Gamaliel.
    — Théodora, la Byzantine ? Suicidée ? s’écria l’émir à qui tous les événements de cette sombre affaire n’avaient pas encore été relatés.
    — Oui, elle s’est jetée du balcon dans la grande salle. Je vous conterai bientôt son rôle.
    — Théodora, répéta Maion que cette nouvelle avait ébranlé. Continuez, continuez.
    — Tancrède, exposez à l’émir ce que vous avez trouvé dans la cellule de Gamaliel.
    — Il y avait, dissimulés par la paillasse, des traits gravés sur le bas du mur, expliqua le jeune homme, je les ai comptés. Même si on imagine que notre homme n’a pas scrupuleusement noté chaque jour, cela faisait au moins six mois qu’il était prisonnier.
    — Six

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