Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
Vom Netzwerk:
sang, le silence se fit.
    Un lévrier à la robe couleur de miel entra dans la pièce, puis des pages qui s’écartèrent pour laisser passer la reine.
    Un mantel de velours pourpre retenu par un fer-mail byzantin dissimulait la chainse de toile blanche qu’elle portait au lit. Ses cheveux d’un noir profond étaient retenus en un chignon sévère, accentuant l’air de grâce hautaine de son visage. Son regard effleura l’assistance, s’arrêta sur Tancrède et Hugues, puis se tourna vers Maion qui s’inclina très bas.
    — Ma reine !
    — On vous assassine, m’a-t-on dit ?
    — Grâce aux sires d’Anaor et de Tarse, ici présents, la bête est morte, ma reine, répondit l’émir en désignant le cadavre.
    La reine Marguerite n’accorda aucune attention à la dépouille de Gamaliel. Elle s’était approchée de Tancrède qui s’inclina à son tour. Elle l’examina lentement, passant de sa figure aux traits réguliers à ses yeux verts qu’ombraient de longs cils avant de jeter un regard appréciateur sur sa haute stature et sa taille mince.
    — On m’avait dit que vous étiez beau, sire d’Anaor, lança-t-elle, on m’a menti !
    Encore sous le choc de ce qui venait de se passer, Tancrède ne dit mot.
    — Vous êtes mieux que cela, poursuivit-elle. Et vaillant aussi, si j’en crois mon cher Maion. Mettriez-vous votre épée au service de mon roi... et au mien ?
    — À votre service, ma reine, répondit-il en s’inclinant à nouveau.
    Marguerite s’était déjà détournée, et à présent regardait Hugues qui achevait d’enfiler sa chainse.
    — Je me demandais quel homme vous étiez, sire de Tarse. Ancien compagnon d’armes du duc de Pouilles et de Georges d’Antioche, apprécié de mon beau-père RogerII... Serez-vous le fidèle vassal de mon époux Guillaume ?
    S’inclinant devant la reine malgré la douleur qu’il ressentait au côté, Hugues, pour réponse, cita Sénèque :
    — La prospérité demande la fidélité, l’adversité l’exige , ma reine.
    Un mince sourire flotta sur les lèvres de la reine dont le philosophe romain était l’auteur préféré. Elle s’adressa à l’émir :
    — Quand le roi sera au Parco Nuovo, venez me voir, mon ami. Nous avons à parler tous deux.
    Elle ressortit comme elle était entrée, suivie de ses gens et de son lévrier à la robe couleur de miel.
    — Voilà les présentations faites, messires, déclara l’émir des émirs. La reine semble vous trouver plus à son goût que votre demi-frère, sire d’Anaor. Il faut avouer qu’il est fort laid et presque contrefait.
    Il s’approcha du cadavre de Gamaliel qu’il poussa du bout de sa babouche. Une tache rouge allait s’élargissant sur le dallage.
    — Le cadavre d’un ennemi sent toujours bon , fit-il en paraphrasant Vitellius.
    — C’est singulier de penser que nous ne saurons peut-être jamais son nom, remarqua Hugues, qui ne pouvait s’empêcher d’éprouver de la sympathie pour Gamaliel.
    — Qu’importe ! fit l’émir en haussant les épaules. Puisqu’il est mort.
    57
    L’aube allait pointer et, dans la cour intérieure, l’agitation était à son comble. Les hennissements des destriers couvraient le brouhaha des voix et les aboiements des chiens. Le roi Guillaume partait à la chasse.
    Pleins d’ardeur, chevaliers et seigneurs se plaçaient derrière lui, bannières et gonfanons rangés derrière l’étendard aux lions pourpre et or du royaume de Sicile. Des groupes se formaient, on s’apostrophait joyeusement. Les veneurs, munis des cors et des couteaux à dépecer, les braies recouvertes de houseaux de cuir, montaient en selle sur leurs solides roussins. À quelques pas de là, des valets retenaient les longes d’une meute de chiens.
    Immobile et droit sur sa selle, reconnaissable de loin à sa longue cape de samit vermeil que surmontaient ses cheveux d’un roux flamboyant, le roi leva la main.
    Les sonneries des trompes des hérauts retentirent, la troupe s’ébranla. À l’arrière venaient les dames, celles qui savaient chevaucher sur des palefrois, les autres, comme la petite Rochésie, dans des voitures bâchées. L’homme qui avait attendu Hugues et Tancrède aux écuries se glissa avec eux parmi les cavaliers qui fermaient le convoi.
    Ils passèrent les portes sous les vivats des gens de la Galca qui acclamaient le roi. Puis les destriers prirent le galop dans les rues du Qasr de Palerme. Trois cavaliers quittèrent le cortège,

Weitere Kostenlose Bücher