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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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ralentissant l’allure jusqu’à s’arrêter sur une placette voisine.
    — Personne n’est à nos trousses, remarqua Hugues de Tarse.
    — Nous sommes presque arrivés, messire, la maison de mon maître est proche.
    Hugues hésitait à donner le signal du départ. Sentant son regard sur lui, Tancrède déclara :
    — Je sais ce que nous risquons. Mais même si Maion lance la Légion à notre poursuite, je ne regretterai jamais de vous avoir accompagné. Allons ! Nous sommes attendus.
    Hugues lui étreignit l’épaule, un pâle sourire sur les lèvres. Il avait perdu beaucoup de sang et la blessure infligée par Gamaliel le faisait terriblement souffrir.
    — Merci.
    Ils repartirent. Et à quelques toises de là, leur guide sauta de cheval pour frapper à une porte.
    — Je vais garder vos montures, fit-il.
    58
    Au palais, Gaetano, qui était venu les chercher, s’aperçut que leur harnois avait disparu de leur chambre. Il fila aux écuries, puis, constatant que les « buveurs de vent » n’étaient plus dans leurs stalles, il courut annoncer la disparition de ses invités à son maître. Furieux, l’émir des émirs convoqua aussitôt le maître capitaine.
    — Trouve-les ! Tu entends ? Et ramène-les-moi !
    Maion était blanc de colère. Il sortait d’un entretien avec la reine, et il avait bien senti que le jeune d’Anaor et son maître ne lui déplaisaient pas, ce qui l’avait profondément agacé, car il était fort jaloux d’elle et craignait plus que tout de perdre la complicité qui les liait. Apprendre de plus qu’Hugues et Tancrède avaient osé enfreindre ses ordres le mettait en rage.
    — Les palefreniers disent qu’ils sont partis avec la chasse du roi, déclara Simon qui s’était renseigné.
    — Trouve-les ! Ou par Dieu tout-puissant, même si tu es mon beau-frère, tu pourriras dans une geôle ! Et prends la Légion avec toi !
    59
    Quand Eleonor rouvrit les yeux, sa lampe s’était éteinte, et seule une lueur diffuse éclairait le fond de la caverne. Un frisson la prit au souvenir de ce qu’elle avait vu, elle ferma les paupières, comprimant sa poitrine de ses bras, essayant de recouvrer un calme qui ne venait pas.
    Des cadavres, debout, appuyés contre les parois de la grotte, dans des postures grotesques. Des cadavres comme jamais de sa vie elle n’en avait vu. Deux hommes et une femme, la peau noirâtre et parcheminée, leurs mains aux ongles démesurés sortant des manches de leurs habits neufs. Des têtes hideuses aux orbites vides.
    Rassemblant son courage, elle se redressa et, prenant soin de rester au milieu de l’allée, les yeux fixés sur la lueur, avança jusqu’au fond de la grotte.
    Un mort gisait en travers du chemin et son crâne avait roulé sur le sol. De longs poils de barbe entouraient le puits noir de sa bouche, une mousse grise dévorait ses restes. Eleonor étouffa un cri.
    Et puis soudain, elle la vit.
    Judith.
    Vêtue comme une reine d’une longue robe de satin doré, une écharpe pourpre autour de son cou noirâtre, des perles dans sa chevelure couleur de cendre, elle était recroquevillée sur un fauteuil, ses mains desséchées sagement croisées sur ses genoux. À ses pieds, dans une corbeille doublée de tissu, étaient posées des offrandes : colliers, bracelets, pierres précieuses, monnaies d’or, statuette d’ivoire, casque orné de pierreries...
    Eleonor n’arrivait pas à détourner son regard du visage convulsé ni de cette bouche tordue par la douleur qui semblait rire atrocement. Elle était si bouleversée qu’elle n’entendit pas les pas derrière elle.
    — Ainsi, vous êtes venue jusqu’ici, tonna la voix de d’Avellino.
    Le chevalier l’agrippa par le bras et l’entraîna jusqu’à l’une des parois d’où pendait une chaîne.
    — Que faites-vous ? Lâchez-moi ! s’écria-t-elle en se débattant.
    Le chevalier la frappa d’un coup sec entre les deux yeux. Le corps de la jeune femme s’affaissa. D’Avellino glissa l’une de ses chevilles dans l’anneau de fer qu’il referma et dont il empocha la clé.
    Quand Eleonor revint à elle, une sourde douleur lui taraudant le crâne, Bartolomeo était toujours là, debout devant la dépouille de sa sœur qu’il regardait fixement.
    Enfin, il se tourna vers la jeune Normande.
    — Le jour va bientôt se lever, mais je vous laisse de la lumière, le mausolée de ma famille est plus sombre qu’une bouche d’enfer.
    — Votre famille ? balbutia

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