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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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Eleonor.
    — Oui, mon père, ma mère, mon oncle et, vous l’avez reconnue, ma belle Judith. Quant à celui qui est tombé en travers du chemin, c’était un vieux serviteur, mais il n’a pas eu les mêmes soins que les autres,
    — Que voulez-vous dire ? Et que leur avez-vous fait pour qu’ils restent ainsi ?
    — C’est vrai que vous n’avez jamais dû voir de momies. C’est une coutume dans notre famille. On arrache les entrailles du mort, on le laisse sécher sur une claie pendant toute une année, puis on le trempe dans un mélange de chaux vive, de vinaigre et d’herbes aromatiques. Une fois sec, on le revêt de ses plus beaux atours afin que la famille puisse lui rendre visite. Pour ma sœur, cela a été plus compliqué... Mais vous voyez, elle est là. Toujours aussi belle.
    Se pouvait-il, songea la jeune femme avec un hoquet d’horreur, qu’il ne voie pas cette monstruosité ? Qu’il contemple encore le visage de celle qu’elle était seize ans auparavant ? Était-il devenu fou ?
    — Comment est-elle morte ? souffla Eleonor.
    — Hugues de Tarse l’a tuée.
    — Ce n’est pas possible... Hugues... Non, vous mentez. Pas Hugues !
    Il avait tourné les talons. Elle tira sur sa chaîne.
    — Où allez-vous ? cria-t-elle. Vous n’allez pas me laisser ici ? Je vous en prie ! Ne faites pas cela !
    Mais le chevalier était déjà parti et il n’y avait plus autour d’elle que les silhouettes difformes des momies et le visage terrifiant de Judith.
    Eleonor ferma les yeux, essayant de maîtriser la terreur qui montait en elle.

 
    LE DERNIER DUEL

 
    60
    Leur guide avait à peine introduit Hugues et Tancrède dans la cour intérieure de la maison du Chypriote qu’un vieil homme en burnous rayé les mena vers la salle où attendait son maître. L’antre du marchand était sombre et surchargé de tissus qui ne voyaient jamais la lumière. Au milieu de ce fatras, Ibrahim était tapi, les yeux mi-clos, semblable à une araignée au centre de sa toile. Pourtant, quand il aperçut Hugues de Tarse, il se fit aider par son serviteur et se leva, non sans difficultés, pour s’incliner devant lui.
    — Assieds-toi ! ordonna celui-ci, ayant peine à reconnaître dans cet homme bouffi le garçon maigre et affamé qu’il avait sauvé jadis.
    — J’ai changé, messire, constata le marchand de tissus, mais pas vous.
    — Allons droit au but, Ibrahim, qu’as-tu à m’apprendre ?
    Ibrahim aurait bien voulu s’expliquer avant de parler de la damoiselle de Fierville, mais aucune formulation ne lui paraissait satisfaisante.
    — Par Allah ! fit-il. Je suis si content de vous revoir, messire. Cela fait si longtemps !
    — Je suis content, moi aussi, Ibrahim. Mais parle, je t’en conjure ! Où est Eleonor de Fierville ?
    Le Chypriote hésita à nouveau, puis il aperçut la tache de sang qui s’élargissait sur la chainse d’Hugues.
    — Mais vous êtes blessé ! s’exclama-t-il.
    — Oublie cela, tu as écrit toi-même que le temps pressait, alors, va, je t’écoute.
    Ibrahim n’hésita plus.
    — Elle est dans le palais de d’Avellino.
    — Tu en es sûr ?
    — Les gamins qui me renseignent ne l’ont pas tant repérée elle que son chien, une bête aussi haute qu’un poulain, m’ont-ils dit, mais avec un corps et une tête de loup.
    — Sais-tu qui habite le palais ?
    — Peu de monde en vérité, messire. Un valet, dame El vire, Marco et d’Avellino.
    — Aucun garde ?
    — Non, aucun. Dès que j’ai su que la demoiselle y était, j’ai envoyé un homme à moi, Raoul, un Esclavon, pour surveiller l’endroit. Il est solide et, le cas échéant, pourra vous prêter main-forte.
    — Il est toujours là-bas ?
    — Oui. Il a escaladé le haut mur et s’est mis en poste. D’après lui, la demoiselle est logée au premier étage, près de la chambre de d’Avellino. Le valet, Elvire et Marco dans les communs avec le vieux serviteur de la jeune femme. Mais il y a eu du remue-ménage cette nuit, et Raoul m’a dit qu’il n’était pas impossible que le chevalier quitte son palais au matin. C’est pourquoi je vous ai dit que le temps pressait.
    — Tu sembles bien au fait de tout ce qui concerne d’Avellino, Ibrahim, remarqua Hugues. L’aurais-tu revu après mon départ ?
    — C’est lui, pour mon malheur, qui est venu me voir, messire. Je suis...
    Le Chypriote hésita.
    — ... Je suis en affaires avec lui.
    — Quand je l’ai connu, il ne

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